Assassinat de Saman Abbas, les juges : « Elle n’a pas été tuée pour avoir dit non au mariage forcé. Cela aurait pu être la mère.”

Assassinat de Saman Abbas, les juges : « Elle n’a pas été tuée pour avoir dit non au mariage forcé. Cela aurait pu être la mère.”
Assassinat de Saman Abbas, les juges : « Elle n’a pas été tuée pour avoir dit non au mariage forcé. Cela aurait pu être la mère.”

DeAdriano Arati

Les raisons de la sentence de la Cour d’Assises de Reggio Emilia qui a condamné à la réclusion à perpétuité le père et la mère de la jeune fille de 18 ans tuée il y a trois ans à Novellara, ainsi que son oncle de 16 ans : “Ils craignaient qu’elle ne s’échappe”

« Saman ? On ne peut pas exclure que ce soit sa mère qui l’ait tuée.” Les juges ne cachent pas la possibilité d’une implication directe de la mère de Saman Abbas, sur le meurtre de l’habitant de Novellara di Reggio Emilia, âgé de 18 ans, tué dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2021 au pays Bassa. Exactement trois ans plus tard, la Cour d’Assises de Reggio Emilia a déposé les motifs de la sentence qui a conduit en décembre dernier à la réclusion à perpétuité du père et de la mère de la jeune fille d’origine pakistanaise, Abbas Shabbar et Shaheen Nazia, et de son oncle Danish Hasnain à 16 ans de prison.

Le motif

Les 600 pages de motifs rédigés par la Cour, présidée par Cristina Beretti et avec Michela Caputo comme rédactrice, révèlent de nombreux détails encore flous. Pour les juges, le mobile du crime n’était pas le refus du mariage arrangé avec un jeune homme résidant au Pakistan, comme cela semblait depuis longtemps, autant que la peur d’une nouvelle évasion, pratiquement certaine, de Saman, après celle qui s’était déjà produite auparavant. Pour éviter un nouvel acte de désobéissance, expliquent les juges, les parents ont choisi d’assassiner leur fille, et l’auteur du crime pourrait être la mère. Autant d’aspects mis en lumière par les investigations et notamment par l’écoute des longs appels téléphoniques entre proches. La relation de la jeune fille de 18 ans avec son petit ami Saqib et son désir de quitter la maison avaient effrayé la famille. Et le voyage imminent au Pakistan qu’avaient prévu les deux jeunes gens, partant le lendemain matin, poussait les adultes au meurtre si leur fille n’acceptait pas de changer ses plans. Le tout d’accord avec l’oncle, prêt à intervenir si la jeune fille n’était pas convaincue. Ses parents lui ont signalé qu’ils quittaient la maison, juste avant minuit, avec une sonnerie au téléphone, pour le garder alerte.

Enregistrements vidéo

Le dialogue avec Saman n’a pas abouti, lit-on dans les motifs de la condamnation, et pour écarter toute possibilité d’évasion et autres actes d'”indiscipline”, Abbas Shabbar et Shaheen Nazia ont préféré tuer leur fille. «S’il y a une chose que l’enquête et la dialectique procédurale – les seules à le faire – nous ont permis d’éclaircir, c’est que Saman Abbas elle n’a pas été tuée pour s’être opposée à un mariage arrangé/forcé”, précise la Cour. Un aspect qui, poursuivent cependant les juges, “n’enlève rien ni n’ajoute quoi que ce soit à la gravité du fait, mais qui correspond à une vérité que la Cour est tenue de mettre en évidence”. La détermination des parents à arrêter leur fille, quelle que soit la solution, est claire : les prévenus, lit-on dans les motifs, ils “ont littéralement accompagné leur fille jusqu’à la mort”. Par ailleurs, autre aspect qui ressort avec force, la Cour d’Assises n’exclut pas que ce soit la mère qui ait physiquement tué le jeune de 18 ans, concrétisant une décision prise par les deux époux lors de la confrontation avec leur oncle, le danois Hasnain. L’hypothèse est rendue crédible par les enregistrements vidéo contenus dans les caméras de sécurité installées dans la ferme Novellara, systèmes qui ont enregistré ce qui furent probablement les derniers moments de la vie de Saman. Les juges soulignent cette « certitude décourageante » et expliquent : «On peut dire que l’intention commune des accusés de commettre le meurtre de leur propre fille a été établie de manière circonstancielle, la présence des deux sur les lieux du crime et la contribution avérée apportée à la réalisation de l’événement”. Et les vidéos dans lesquelles la mère arrête son mari d’un geste sec et marche dans l’obscurité de la route avec sa fille nous laissent croire qu’elle, Shaheen Nazia, a voulu en assumer directement la responsabilité. Ce qui a été vu “à ce moment-là qui ne permet pas d’exclure qu’elle ait été l’exécuteur matériel” tandis que le mari « se montre tourmenté, en assumant des attitudes qui rendent compte du drame de ce qui se passe, mais qu’il reste à observer, sans rien faire. » Une inertie qui réaffirme pour les juges « sa pleine adhésion psychologique au fait ».

Le rôle du frère

Même le frère de Saman n’échappe pas aux paroles dures de la cour d’assises, non inscrit au registre des suspects par le tribunal pour mineurs de Bologne. Ceci est clarifié par les lignes dans lesquelles on explique pourquoi l’enfant s’est vu refuser l’indemnisation qu’il avait demandée et on souligne en effet que lui aussi n’est pas exonéré de responsabilité. La Cour de révision, souligne la Cour d’assises, «a effectivement mis en évidence combien les récits d’Ali Haider, qui ont vu l’alternance de contradictions et de révélations progressives, révéler la tension interne entre la défense des deux parents, aimés de lui, et le désir de racheter ses péchés envers sa sœur, consistant à avoir alimenté la dernière et décisive querelle entre les trois”. Pour la Cour, il existe de nombreux « éléments indiquant son implication » et ses responsabilités directes dans les événements qui ont conduit au meurtre de sa sœur. »


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30 avril 2024 (modifié le 30 avril 2024 | 20h04)

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