Neviere comme « réfrigérateur », à Marsala en 1850 un avis de neige

Neviere comme « réfrigérateur », à Marsala en 1850 un avis de neige
Neviere comme « réfrigérateur », à Marsala en 1850 un avis de neige

Antonino Sammartano de Marsala, traverse les périodes historiques cruciales de notre ville et de la Sicile, rappelant dans ce cas l’utilisation de la neviere :

L’homme a toujours eu besoin de se rafraîchir, notamment pendant la saison estivale, à travers la consommation d’aliments et de boissons froides. Aujourd’hui, la technologie permet de produire de la glace artificielle dans chaque foyer, avec des réfrigérateurs, des congélateurs, etc., mais cela n’a pas toujours été le cas. Dans L’homme du passé, pour avoir des boissons fraîches et de la nourriture pendant les mois d’été, il utilisait ce que la nature mettait à sa disposition, c’est-à-dire la neige. L’homme a essayé par tous les moyens d’utiliser cet élément précieux même lorsque la nature ne le lui fournissait pas, c’est-à-dire pendant la saison estivale. La neige était collectée et stockée dans des endroits frais, tels que : des souterrains, des grottes, des caves et des fosses, ou dans des bâtiments spéciaux, appelés Neviere. Ils ont pris différentes formes et typologies, en fonction des besoins locaux.

L’utilisation de la neige en Sicile a été introduite en 1546 par les Espagnols, et précisément par Luigi Valenziano. Il fit creuser des fosses dans les montagnes, dans lesquelles la neige était stockée puis transportée en ville et vendue dans des magasins spéciaux. La neige était évidemment réservée à l’usage exclusif des Nobles et des Bourgeois, qui la consommaient en sorbets ou en boissons glacées. Il s’agissait de délices réservés à quelques privilégiés en raison de leur difficile disponibilité. Les champs de glace les plus nombreux se trouvaient sur les Madonie, l’Etna et les Nébrodes, où il était plus facile de maintenir la température basse.

La production de glace a commencé au mois de mars avec la collecte de la neige, qui était placée dans la neviera, un trou de 2 à 3 mètres de profondeur creusé en forme d’entonnoir et dont les parois étaient recouvertes de feuilles et de branches. À l’intérieur de la maison de neige, la neige était battue jusqu’à ce qu’elle se transforme en couches de glace séparées par des couches de paille. Avec le revêtement final d’une couche de terre, l’isolation nécessaire a été garantie à la glacière, de sorte que la glace soit préservée jusqu’à l’été suivant.

Une fois solidifiée, la neige était découpée en blocs pesant jusqu’à 50 kilos et transportée par des entrepreneurs vers les municipalités pour être vendue au détail. Pour éviter que le produit ne fonde pendant le transport, la glace était enveloppée dans des sacs de chanvre contenant de la paille propre. Il était chargé sur des ânes ou des charrettes et livré pour la vente au détail. Dans les centres urbains, les citoyens pouvaient l’acheter dans des magasins particuliers gérés par des « entrepreneurs », ceux qui avaient remporté le contrat de vente au détail. Le contrat a été attribué dans le cadre d’un appel d’offres public lancé par la municipalité. L’avis énumérait une série de conditions que le gagnant du contrat devait respecter.

Pour mieux réglementer le trafic commercial de la neige, des lois ont été adoptées pour réglementer l’offre et la vente. La taxe sur la neige fut donc instaurée, un seul entrepreneur avait le droit exclusif de vendre la neige, mais il était obligé de la fournir à la ville quelles que soient les conditions climatiques. L’utilisation de la neige a disparu dans la ville vers la fin du XIXe siècle, avec l’implantation des fabriques de glace. Contrairement à de nombreuses régions de l’est et du nord de la Sicile, le territoire de Marsala et ses environs ne présente pas de reliefs d’une certaine hauteur où la neige s’accumule durant l’hiver. Marsala, Mazara, Castelvetrano ont donc été obligées de s’approvisionner en ce produit dans les zones intérieures de l’île. Mais malgré cette lacune naturelle, la neige ne manquait presque jamais en ville. On ne connaît pas précisément l’année à laquelle la neige a commencé à être vendue pendant la période estivale. Cependant, nous savons avec certitude que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce produit était utilisé à Marsala. Un magasin où l’on vendait de la neige se trouvait à Vicolo della Neve, à quelques pas de la Piazza della Loggia, une ruelle qui existe encore aujourd’hui.

Je publie ci-dessous un avis de la commune de Marsala de l’année 1850

Interdiction de neige

Extrait de la séance décuronienne

Le Maire de la Commune de Marsala informe que le 21 avril dans la salle de la Chancellerie Municipale à 15h00 aura lieu la première sous-enchère préparatoire pour l’attribution provisoire du contrat de déneigement pour la saison à venir. avec les conditions suivantes.

1) Que le prix de la neige reste fixé à cinq grains siciliens pour chaque rouleau de douze onces.

2) Que la durée du contrat reste de deux ans, à compter du 1er mai 1850, et jusqu’au 31 octobre 1850 ; et du 1er mai 1851 au 31 octobre 1851 pour la deuxième année.

3) Que la neige doit être commercialisable, vendable et d’excellente qualité, et là où elle est mal conditionnée, boueuse, elle sera alors vendue avec une minorité par le Maire.

4) Que l’entrepreneur soit tenu de s’assurer qu’il n’y ait pas de pénurie de neige dans les délais établis ci-dessus, que ce soit en raison de causes imprévues ou d’une consommation excessive du public.

5) Que s’il n’y a pas de neige pendant quatre heures, l’entrepreneur ne subira aucune pénalité, mais après ce temps, il sera soumis à la pénalité de 2,90 D.ri pour chaque heure suivante de manque, et si le manque continue pendant douze heures continues, celui qui demeure dans la Municipalité a le droit de pourvoir ailleurs au détriment et aux frais de l’entrepreneur, tandis que le manque de neige pendant les heures de repas et les principales fêtes de la Municipalité demeure absolument interdit.

6) Que l’entrepreneur est tenu de maintenir le magasin ouvert toute la journée et le soir jusqu’à 16 heures pendant la durée du contrat.

7) Que le contractant devra fournir une garantie appropriée à l’autorité qui préside la vente aux enchères publique.

8) Que l’offrant et le garant doivent également s’engager au moyen de

9) Que le soumissionnaire et le garant doivent déclarer leur domicile à Marsala pour tous les effets juridiques découlant du contrat.

10) Que tous les coûts des documents de marché, y compris le papier timbré, soient à la charge de l’entrepreneur.

11) Que les offres doivent être signées par l’entrepreneur, et par le garant, ou par son mandataire légitime, avec une procuration spéciale.

12) Que la sentence ne soit jamais considérée comme définitive à moins d’être approuvée par l’intendant.

13) Qu’il reste interdit à toute personne, quel que soit son rang et sa condition, d’ouvrir un magasin de vente de neige ou de l’introduire dans la zone, en attendant la privatisation accordée par le Gouvernement Royal, Arrêté Ministériel du 30 mars dernier n. 1928 ; sous peine d’amende, et règlements de police, en sus des dommages que pourrait subir l’entrepreneur.

14) Que tout extraction de neige de la municipalité sans le consentement de l’entrepreneur demeure interdite si la quantité n’excède pas dix rouleaux.

15) Que la Municipalité en cas d’infraction devra donner fort à l’entrepreneur…

16) Que l’entrepreneur sera également garanti par le brevet susmentionné.

17) Que l’entrepreneur et le garant doivent se conformer à tous égards aux lois en vigueur sur les enchères.

18) Que toutes les questions découlant du contrat doivent être jugées exclusivement par l’Autorité du Contentieux Administratif.

19) Que la publication des avis se fasse dans cette Commune, et dans celle de Trapani, Castelvetrano, Salemi et Partanna par les voies officielles adressées aux Maires.

Toute personne souhaitant offrir devra se présenter dans ledit local au jour et à l’heure indiqués ci-dessus.

Fait aujourd’hui à Marsala, le 11 avril de l’année 1850

Maire

  1. Voir Genna

Chancelier

G.Angileri

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