Crotone, le militant iranien reste en prison

CROTONE – Maysoon Majidi, le militant iranien de 28 ans arrêté en décembre dernier pour trafic de migrants, après avoir atterri avec 76 autres migrants à Crotone, est toujours en prison. La juge d’instruction Elisa Marchetto, estimant qu’il existe un danger d’évasion, a rejeté la demande de la défense, avancée par l’avocat Giancarlo Liberati, de remplacer la mesure de précaution plus grave par celle de domicile dans une maison mise à disposition par l’association Sabir.

En prison à Crotone, le militant iranien a perdu 13 kilos. Le procureur s’est opposé à la demande d’assignation à résidence car Maijidi avait signalé une tentative de rejoindre l’Allemagne. L’avocat a cependant expliqué, dans sa déclaration circonstanciée, que la raison pour laquelle elle était partie avec quatre autres personnes, dont un frère, à bord d’un annexe était pour rejoindre l’Allemagne mais pour obtenir plus facilement le statut de réfugié, ayant déjà formalisé le demande d’asile auprès du HCR, l’agence des Nations Unies qui aide ceux qui fuient les guerres et les persécutions. Une version confirmée par le co-suspect Akturk Ufik qui, lors d’un interrogatoire, a reconnu avoir été le “capitaine” du bateau et “exonéré” la femme en précisant qu’elle était une migrante comme les autres passagers et qu’elle n’avait jamais aidé à gérer la traversée. «Je l’ai rencontrée sur le bateau, elle avait l’intention d’aller en Allemagne, comme je voulais aussi y aller, nous avons décidé de faire le voyage avec elle et d’autres».

Maysoon Majidi

Les “indices sérieux, précis et concordants” déduits par les enquêteurs pour l’application de la mesure de précaution sont tirés uniquement des déclarations de deux migrants, qui affirmaient que la femme “était toujours au top avec le capitaine” et “nous donnait de quoi boisson”, et de deux vidéos contenues dans la mémoire de son téléphone portable, enregistrées juste avant son arrivée sur la côte italienne et tournées vers sa famille pour les rassurer sur sa situation et celle de son frère. Mais l’incident de preuve pour cristalliser les déclarations des témoins a été demandé et obtenu par le parquet de Crotone deux mois après le débarquement, alors que les migrants avaient déjà quitté l’Italie, destination de transit notoire dans l’odyssée de ceux qui fuient les massacres et entreprennent des voyages d’espoir. La destination finale des migrants se situe très souvent dans les pays d’Europe du Nord. L’incident de preuve a donc été annulé, ce qui rend les deux textes « introuvables ». Pourtant l’un d’entre eux avait été identifié par l’avocat Liberati car il était hébergé dans un centre pour migrants géré par l’Etat allemand, celui de Tegel, près de Berlin.

L’avocat a également proposé à l’audience de le contacter par appel vidéo sur WhatsApp mais, en l’absence d’avis favorable du procureur, le juge d’instruction n’a pu que déclarer l’affaire des preuves « close ». Pourtant, les deux témoins pourraient disculper la femme : ils ont déjà déclaré à l’avocat Liberati, après avoir appris l’arrestation de Majidi, que leurs déclarations avaient été déformées en raison d’une erreur de traduction. Par exemple, dans un cas, l’interprète ne parlait pas le dialecte « Soranî », le seul que connaît le témoin kurde irakien. Mais les doutes, soutient toujours la défense, auraient pu être dissipés en examinant une vidéo très populaire sur Instagram (environ 5 000 vues) qui filme les migrants alors qu’ils sont presque tous sur le pont. « En haut », il n’y avait donc pas seulement la femme et Akturk. Cependant, la demande d’interrogatoire a été acceptée et aura lieu vendredi prochain devant le procureur Multari dans la prison de Castrovillari, où le suspect est détenu depuis décembre dernier.

La femme affirme pouvoir fournir aux enquêteurs l’organigramme d’un gang transnational d’origine turque qui a organisé non seulement le voyage avec lequel elle est arrivée à Crotone mais bien d’autres. Les demandes répétées d’interrogatoire du défenseur ont jusqu’à présent été inexplicablement ignorées. Il n’est pas à exclure que les documents puissent être transmis à la DDA de Catanzaro, qui enquête sur la route égéenne, empruntée depuis des décennies par des trafiquants qui profitent du désespoir. En effet, l’avocat Liberati a demandé qu’un procureur de la DDA participe également à l’interrogatoire.

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