«Trêve immédiate au Moyen-Orient. Sur l’UE, Forza Italia est différent de ses alliés”

«Trêve immédiate au Moyen-Orient. Sur l’UE, Forza Italia est différent de ses alliés”
«Trêve immédiate au Moyen-Orient. Sur l’UE, Forza Italia est différent de ses alliés”

«Tout ce qui va dans le sens de la paix est bien…». Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani l’a répété à plusieurs reprises lors de son entretien avec Avenir. Cela s’applique au conflit au Moyen-Orient, mais aussi à celui en Ukraine. Pendant que nous discutons, des nouvelles arrivent de nouvelles tensions entre le Hamas et Israël au sujet d’une éventuelle trêve. Et l’interview, dans laquelle le vice-premier ministre et leader de Forza Italia évoque la guerre et la paix, mais aussi les élections européennes, les scénarios post-électoraux et les questions internes, comme le conflit avec le pouvoir judiciaire sur la séparation des carrières, part précisément du nouvelles négociations au Moyen-Orient.

Monsieur le Ministre, si finalement Israël et le Hamas parvenaient à s’entendre sur Une forme de trêve pourrait-elle tenir cette fois-ci, à votre avis ?

Nous espérons que des pas seront faits vers la paix, tout acte qui va dans ce sens est bon. Le cessez-le-feu est la chose la plus importante. C’est précisément à ces heures-là que l’effort de négociation de l’administration Biden, du président lui-même et de son secrétaire d’État Anthony Blinken, qui est d’ailleurs un grand ami de l’Italie, a doublé. Je crois qu’à ce stade, il est inutile que nous discutions de détails : Israël et le Hamas doivent accepter les conditions, pour passer d’une phase de guerre ouverte à celle de négociations pour la reconstruction. Nous devons reconstruire Gaza, aider sa population qui a subi de dures violences. Et nous devons reconstruire une voie politique pour ramener les Palestiniens et les Israéliens face à l’objectif d’avoir deux États.

Entre-temps, l’Italie travaille avec la communauté internationale pour améliorer les conditions de vie de la population civile, avec l’opération Food for Gaza, lancée depuis Nepi.

C’est exact. Je viens de terminer d’assister aux opérations de chargement de matériel (nourriture, kits de santé, matériel d’hygiène, tentes hôpitaux) prêts à partir par avion, via Brindisi, ou par mer depuis Gioia Tauro, pour arriver à Gaza par les couloirs humanitaires. Un projet italien auquel participent la FAO, le PAM, la Croix-Rouge, le Croissant-Rouge.

L’Iran contribue-t-il toujours aux tensions dans la région ?

Cette crise à Gaza, avec le rôle qu’ont joué les Houthis, soutenus par l’Iran, en mer Rouge, confirme que Téhéran est un protagoniste dans la région. Une puissance qui préfère souvent le recours à la force militaire pour déstabiliser plutôt que la collaboration politique. Nous voulons continuer à traiter avec l’Iran, en avertissant toutefois que – sur des dossiers stratégiques comme celui du nucléaire – la communauté internationale ressent une urgence que Téhéran semble à son tour vouloir continuellement remettre en question.

Se déplacerbureaux en Ukraine. Même si un risque d’escalade se profile, en cas de frappe de cibles sur le territoire russe, une hypothèse de paix est-elle encore viable, via un cessez-le-feu avec une table diplomatique de négociations entre Kiev et Moscou ?

Nous devons éviter toute erreur qui pourrait rendre la crise incontrôlable. C’est pour cette raison que l’Italie a demandé à l’Ukraine d’utiliser sur son territoire les instruments militaires que nous avons mis à disposition pour la défense d’une nation attaquée et envahie. Mais en parallèle, nous devons continuer à apporter un soutien politique et militaire à Kiev.

Avec quelle perspective ?

Notre objectif est d’arriver à une impasse, dans laquelle la Russie de Poutine elle-même comprendra qu’il vaut mieux entamer une phase de négociation, une négociation pour mettre fin au terrible massacre de cette guerre barbare, sauvage et anti-européenne.

Il y a aussi le front nord-africain, dont l’instabilité reste loin d’être rassurante.

La stabilisation de la Libye reste un objectif stratégique du gouvernement italien. Et le « Plan Mattei » commence à entrer en action, non pas pour retirer des ressources aux pays africains, mais pour développer leurs économies, les aider à se stabiliser socialement et à lutter contre des phénomènes dangereux comme le changement climatique.

LEDans ce scénario, dans quelques jours, des centaines de millions de citoyens européens se rendront aux urnes pour élire le nouveau Parlement. Que leur dit-il ?

J’invite tout le monde à aller voter. L’Europe fait partie de notre identité, nous sommes Italiens et Européens : l’un des premiers pro-européens fut Dante Alighieri. L’Europe est le seul continent où il n’y a pas de peine de mort, elle est le berceau de notre identité, de notre civilisation, elle est née de racines chrétiennes et de la culture romaine.

Les Frères d’Italie et de la Ligue le pensent-ils aussi ? Vous venez de défendre le président Mattarella contre l’attaque des membres de la Ligue du Nord qui réclamaient sa démission, simplement parce qu’il avait parlé de “souveraineté européenne”.

J’ai exprimé ma solidarité avec le chef de l’Etat. Il semble totalement inapproprié que quiconque demande sa démission, surtout le 2 juin, jour de la Fête de la République. Mais j’exprime aussi mon soutien aux idées du président : nous sommes Italiens et nous sommes Européens. L’Europe est notre identité et notre histoire. Nous sommes européens par essence, mais cela ne signifie pas que nous devons renoncer à notre identité italienne. Je pense comme Mattarella.

Au lieu de cela, la Ligue estime que la souveraineté italienne est primordiale.

Laissez-moi vous dire quelque chose. Par rapport aux autres mouvements politiques, nous sommes différents : nous sommes pro-européens, et en fait nous faisons partie de la famille du Parti populaire européen, qui a donné vie à l’Europe avec De Gasperi, Adenauer, Schuman. Nous sommes culturellement différents de la Ligue.

Mais gouvernez ensemble.

Oui. Et depuis des années, pas seulement dans cette législature. Au centre-droit, nous sommes des alliés fidèles au gouvernement national, dans les régions et dans les communes, mais par rapport à l’Europe, nous avons une vision différente, à tel point que nous appartenons à des familles politiques différentes.

Des différences qui existent cependant aussi concrètement. Sur les stations balnéaires par exemple, Fdi n’est pas favorable à l’application de la directive Bolkenstein, qui est un acte européen, et demande de soulever un conflit d’attribution par rapport à la récente décision du Conseil d’Etat en la matière.

Chez Fi, nous sommes pro-européens et croyons au respect des normes européennes. Nous verrons si le conflit d’attribution sera réellement soulevé. Selon moi, la voie la plus utile à emprunter reste celle de la négociation avec Bruxelles.

Revenons aux élections. Comme objectif pour Forza Italia, vous vous êtes fixé 10 %. Et pour la présidence de la Commission, pensez-vous toujours qu’un rappel d’Ursula von der Leyen est possible ?

Le Parti populaire européen continuera à jouer un rôle central dans l’identification du prochain président de la Commission. Lors de la dernière législature, il a désigné Weber, dont le nom est apparu lors de l’affrontement avec Timmermans, puis il a opté pour von der Leyen, qui cette fois a été désigné directement comme spitzenkandidat. Nous verrons, après le vote, si son nom passera l’examen du Conseil et du Parlement. La seule chose qui est certaine, c’est que le PPE sera décisif.

Mario Draghi considère-t-il l’hypothèse comme possible ou farfelue ?

L’ancien gouverneur de la BCE est une excellente personne. Mais il n’est le candidat de personne. Weber a également déclaré qu’il n’était pas le candidat du PPE.

Et elle? Il y a ceux qui font circuler son nom.

Je suis flatté que quelqu’un se souvienne de moi, évidemment conscient de mon passé de président du Parlement européen et de vice-président de la Commission. Mais s’ils me le demandaient, je refuserais. Je crois qu’il est de mon devoir de rester là où je suis, en continuant à mettre au service du pays et du gouvernement dont je fais partie une expérience en relations internationales acquise au cours de trente années de présence dans les institutions européennes.

Passons aux choses dans notre maison. L’opposition vous accuse d’avoir écrit – avec le poste de premier ministre, la séparation des carrières des magistrats et des autonomies – de terribles réformes, résultat d’un triple troc entre les forces majoritaires. Comment réagit-il ?

Il n’y a pas de troc, il y a des objectifs politiques qui ont été indiqués de manière claire et transparente aux électeurs italiens qui ont voté pour nos partis. La séparation des carrières des magistrats est une étape du processus de réorganisation de la justice, et certainement pas une action subversive comme certains le décrivent. Et celles pour accéder au poste de Premier ministre sont des propositions qui doivent être discutées, dans le but d’avoir des gouvernements plus stables, et non de comprimer les libertés démocratiques.

Pourtant, la séparation des carrières risque d’ouvrir une phase de conflit sans précédent entre l’exécutif et le judiciaire ordinaire. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?

Soyons très clairs : la réforme révise une particularité italienne qui n’a pas d’analogue dans les démocraties européennes. Le juge qui juge et le magistrat qui représente le ministère public doivent faire partie d’organisations distinctes. Il s’agit d’une réforme visant à rendre la justice plus efficace.

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