Fêtes de Ravenne – Basilique Saint-Vital : L’épouse mariale

Fêtes de Ravenne – Basilique Saint-Vital : L’épouse mariale
Fêtes de Ravenne – Basilique Saint-Vital : L’épouse mariale

Parmi les aspects les plus stimulants de la musique ancienne figure le travail de redécouverte et de renaissance de nombreux auteurs qui reprennent vie comme par magie. Derrière l’enchantement il y a toujours un travail de recherche, une activité qui marque le chemin de Épouse marialeensemble britannique dédié à la polyphonie avec un intérêt particulier pour les auteurs laissés de côté par l’histoire, ainsi que pour les œuvres contemporaines inédites.

Dans les notes brillantes du programme, le directeur de l’ensemble Rory McCleery présente Vicente Lusitano, à qui le concert est dédié, en l’insérant dans un tableau synthétique mais exhaustif de la polyphonie en Italie dans la première moitié du XVIe siècle. Lusitanien n’était pas seulement l’un des auteurs les plus brillants de l’époque, mais il fut très probablement le premier musicien noir de l’histoire à être publié. D’où le titre du concert : Hommage à Vicente Lusitano, premier compositeur noir du XVIe siècle. Selon toute vraisemblance, la mère était africaine, le père certainement portugais et avec des moyens, s’il est vrai que Vicente se trouve en Italie entre Padoue, Viterbe et enfin Rome où il travaille auprès de l’ambassadeur du Portugal auprès du Saint-Siège. Sa date de naissance n’est pas connue et, quant à sa mort, elle est placée à une date postérieure à 1561. Cela le place devant les grands polyphonistes italiens ou de l’école italienne comme Giovanni Pierluigi da Palestrina, Tomas Luis de Victoria et Carlo Gesualdo de Venosa. C’est pourquoi la variété des solutions et des innovations que l’on peut constater dès la première pièce du programme, le motet, est étonnante. Salut moi, Domine, riche en chromatismes et dissonances audacieuses. Également Reine Coeliavec un cantus firmus soutenu par les sopranos, cela semble expérimental, tandis que le motet Aspice Domine Il a une forme fluide et circulaire, très suggestive. En hommage à Josquin Desprez, une parodie de Inviolé à 8 heures conclut le programme de manière enchanteresse. Les exemples de musiciens qui furent ses contemporains sont très intéressants, témoignant de la richesse d’invention et de la liberté de composition de l’époque. Ghiselin Danckerts, Néerlandaise en Italie après les années 1530, apparaît avec un Laetamini dans Domino, magnifique pour les ouvertures continues de nouveaux thèmes qui se transforment en vagues sonores. Mais aussi Nicola Vicentino, de l’école vénitienne, adversaire du Lusitanien dans une dispute sur les canons de la composition polyphonique, apparaît avec sa lecture, surprenante par la variété des solutions, de Heu moi Domine, qui se termine par une note suspendue très impressionnante. Giovanni Pierluigi de Palestrina (Reine Coeli à 8 ans) et Tomas Luis de Victoria (Ave Maria à 8), avec leur perfection cristalline ils risquent, en comparaison, de paraître un peu trop alignés. Ce qui n’arrive pas à Dom Pedro de Castro, portugais de naissance et d’éducation, avec son Miserere mihi Domine, insolite et isolé. Un programme bien construit basé sur des choix variés et significatifs issus de la profusion d’idées de l’époque.

Le Marian Consort, composé de huit musiciens, a un son clair en termes de timbre et d’intentions interprétatives. Les voix, individuellement de qualité, se mélangent de manière compacte. La clarté de la lecture, qui rend compte de manière exemplaire des structures compositionnelles, accentue les couleurs et la fluidité du récit sans pédantisme, avec un grand naturel. Cela rend plus vivant que jamais un programme concis mais significatif de la période. La suggestion est augmentée par l’espace de la basilique de San Vitale, qui ajoute une bonne acoustique à l’étonnante beauté. C’est pour cette raison que le réalisateur Rory McCleery, dans un bref salut initial, a rendu hommage aux lieux, espérant que la joie qu’ils ont ressentie en travaillant à Ravenne sera restituée au public à travers le concert.

Le public a répondu à l’invitation par des applaudissements enthousiastes et de nombreux appels récompensés par un rappel d’Estevao Lopes Morago, Jésus Rédempteurr.

La critique fait référence au concert du 1er juin 2024.

Daniela Goldoni

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