Le pari de Macron après la victoire de l’extrême droite (Pierre Haski)

Le pari de Macron après la victoire de l’extrême droite (Pierre Haski)
Le pari de Macron après la victoire de l’extrême droite (Pierre Haski)

D’où vient l’influence internationale d’un pays et de ses dirigeants ? De la force de son économie ? De sa puissance militaire ? Du prestige de son président ? De la stabilité de son système politique ? Le président français Emmanuel Macron aura bientôt une réponse à ces questions. Une fois l’Assemblée nationale, le Parlement, dissoute, après la victoire de l’extrême droite aux élections européennes, Macron devra en effet faire face à une série de rendez-vous internationaux importants.

Cela commence le 12 juin avec le G7, qui rassemble les principales économies occidentales en Italie, sous la présidence de Giorgia Meloni, fraîchement sortie d’un succès électoral incontestable. Une conférence internationale sur l’Ukraine se tiendra ce week-end en Suisse, à la suite de la visite du président Volodymyr Zelenskyj en France la semaine dernière. Puis ce sera au tour des échéances européennes, avec le choix de meilleurs emplois, les postes clés du gouvernement de l’Union, véritable test de l’influence des différents pays. Enfin, le 9 juillet, un sommet de l’OTAN se tiendra à Washington, aux États-Unis. A ce moment-là, Macron saura déjà s’il aura gagné son pari électoral ou s’il sera contraint de coexister avec un Parlement dirigé par une force qui lui est opposée.

Il va sans dire que les partenaires de la France ont été surpris par l’annonce de la dissolution du Parlement. Mais l’étonnement a vite fait place à la perplexité puis à l’anxiété, dans un contexte international plein de tensions. C’est une crise à laquelle personne ne s’attendait.

Soyons clairs, la majorité des partenaires européens considèrent le parti d’extrême droite Rassemblement national proche de la Russie, et sa conquête du pouvoir bouleverserait dangereusement l’équilibre européen, pour le plus grand plaisir de Vladimir Poutine.

Bien entendu, les garanties apportées par la cohabitation existent et le président conserve d’importantes prérogatives de domaine réservé, compétence exclusive du président de la république en matière de politique étrangère et de défense. Cependant, tout changement, même marginal, dans la politique française à l’égard de l’Ukraine sera perçu comme un affaiblissement de l’Europe, d’autant plus que Macron, ces derniers mois, a adopté une attitude agressive, allant jusqu’à évoquer la possibilité d’envoyer des formateurs français sur le sol ukrainien. Est-ce que cela sera encore possible avec un gouvernement d’extrême droite ? Sûrement pas.

Par ailleurs, la France pousse depuis longtemps l’Union à développer ses capacités de défense, et même dans ce cas, la cohabitation avec une partie hostile à l’OTAN aurait des conséquences importantes.

Comment Macron sera-t-il accueilli lors des prochains événements internationaux ? Les chefs d’État et de gouvernement se comportent comme dans un club : tout le monde se déclare amis même si en réalité parfois ils ne le sont pas du tout. Et surtout, quand un leader prend la parole, tout le monde sait à quel point cela compte, sur tous les fronts.

Macron risque de s’en rendre compte au moment de former la prochaine Commission européenne. Son groupe européen, Renew, est fragilisé, tout comme le rôle de la France en son sein. Cette crise risque d’avoir un effet sur l’attribution des tâches les plus importantes. Cette année, ceux qui seront décisifs seront plutôt le Premier ministre polonais Donald Tusk ou, signe des temps, la Première ministre italienne Giorgia Meloni.

Au G7, Macron sera en bonne compagnie : le Premier ministre britannique Rishi Sunak a également convoqué des élections anticipées pour le 4 juillet et participera certainement à son dernier sommet. Joe Biden, de son côté, vit l’incertitude du duel avec Donald Trump. Bref, Macron aura de quoi se consoler.

(Traduction par Andrea Sparacino)

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