Les préraphaélites à Forlì jusqu’au 30 juin

Les préraphaélites à Forlì jusqu’au 30 juin
Les préraphaélites à Forlì jusqu’au 30 juin

Les cheveux roux de la jeune fille sont longs et bien coiffés et il y a aussi un long collier de perles qui tombe de son cou sur la robe avec un motif serpentin élaboré, peut-être inspiré du portrait d’Isabelle d’Este attribué à Giulio Romano.
La jeune fille ne regarde pas devant elle mais plutôt un miroir qu’elle tient dans sa main gauche et qui reflète sa beauté et nourrit sa vanité. Et en fait, l’œuvre s’appelle “Vanity”, peinte en 1907 par l’Anglais Frank Cadogan Cowper, qui dans cette peinture raffinée a voulu réunir des allusions à la Renaissance et à la peinture préraphaélite, rappelant qu’un soin excessif de soi peut conduire à la vanité sans limites.
Frank Cadogan Cowper aimait cette œuvre et s’en sépara avec difficulté puis la racheta, la payant grassement, puis la revendit une seconde fois avant de mourir.

La « Vanité » fait un bel effet à Forlì en cette période, dans le cadre splendide des Musées de San Domenico, où se déroule jusqu’au 30 juin l’exposition « Préraphaélite », consacrée au mouvement artistique du même nom né dans l’époque victorienne. L’Angleterre en 1848, en pleine révolution industrielle.
Dante Gabriel Rossetti, William Holman Hunt, John Everett Millais et d’autres jeunes artistes se sont réunis dans une Confrérie contestant la Royal Academy et son rigorisme formel, si lié au classicisme de Raphaël.
Tandis qu’en Angleterre le charbon des cheminées noircissait le ciel et les maisons, les Préraphaélites, aux couleurs vives et franches, recherchaient la fidélité à la nature, la vision pure de la réalité des choses. La Confrérie préraphaélite a ouvert la voie au symbolisme et à l’Art nouveau, en s’inspirant des grands maîtres italiens, notamment toscans, des XIVe et XVe siècles.
Et en effet, pour beaucoup d’entre eux, Florence était une destination obligée pour voir Cimabue, Giotto, Beato Angelico, Benozzo Gozzoli, Piero della Francesca et tous les autres, Botticelli surtout. Par la suite, avec des artistes de la deuxième génération comme Morris, Burne-Jones, Leighton et Watts, leur regard s’élargit à tout le XVIe siècle italien.
Le mythe de l’Italie et de la primauté de Florence a duré longtemps jusqu’à impliquer une troisième génération d’artistes, dans une période qui, de la fin du XIXe siècle, a embrassé les premières années du XXe siècle.
La peinture de la Confrérie préraphaélite était aussi une peinture féminine, des femmes artistes qui ont contribué au mouvement comme Elizabeth Siddal ou Evelyn De Morgan ou des femmes représentées dans leur sensualité énigmatique et leur beauté insaisissable, comme la jeune fille rousse de “Vanity”. ” dont nous avons parlé au début.
L’exposition est organisée par Liz Prettejohn, Cristina Acidini, Peter Trippi et Francesco Parisi sous la direction générale de Gianfranco Brunelli. Le beau catalogue est publié par Dario Cimorelli Editore. Le projet d’exposition est organisé par le Studio Lucchi & Biserni, qui ont créé un dispositif accrocheur avec un éclairage qui ne sacrifie le visiteur que dans certaines circonstances, créant des reflets gênants sur les œuvres exposées.
En ces dernières semaines de l’exposition, une initiative intéressante est de consacrer une partie des dimanches des 16, 23 et 30 juin à des visites guidées ouvertes à tous, sans réservation, jusqu’à épuisement des places et avec un supplément de 5 euros à celui de le billet. Le rendez-vous est fixé à 16h20, abordant les préraphaélites avec les mots d’Henry James : « un art de culture, de plaisir intellectuel, de raffinement esthétique, typique de ceux qui regardent le monde et la vie non pas directement, mais dans le réflexion ou dans le portrait orné qui surgit de la littérature, de la poésie, de l’histoire, de l’érudition”.

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