Gamin, religion et hiérarchie

Dans un numéro de la chronique publiée le lundi de Pâques de cette année, qui tombait le 1er avril, j’ai évoqué les poissons qui se jouent ce jour-là en parlant d’un article de Gamin du 2 avril 1892 dans lequel ce scélérat parle des farces faites la ville en occasion. Cependant, je ne pouvais pas dire si ces poissons étaient réels ou simplement faux. fausses nouvelles inventé par le Grand Vilain pour dénigrer l’autorité de la ville et surtout Paita dont le retour au plus haut siège de la ville était imminent. Et comme on n’est jamais complètement méchant, Ubaldo écrit aussi que le poisson d’avril a été inventé par Jésus-Christ avec l’histoire de la multiplication des poissons.

Je reviens sur ce sujet car un lecteur m’a demandé des éclaircissements à ce sujet. Mazzini a dédié un sonnet du recueil A au miracle Passion do Signoe, le septième des trente qui composent l’anthologie dans laquelle il imagine un bon curé expliquant l’Évangile à deux de ses fidèles. Dans ce poème qui ne porte comme titre que le numéro ordinal, Mazzini semble avoir oublié la déclaration faite deux ans plus tôt. Au-delà de l’intonation satirique avec laquelle le bad boy veut amener le mystère religieux à une dimension terrestre pour mieux le faire comprendre, la seule exagération consiste à dire que les pains sont devenus fugassapeut-être parce que la focaccia à la place du pain était le luxe précieux que s’autorisaient parfois ses concitoyens.

Au contraire, il me semble qu’il y a quelque chose de plus dans l’article, que la véracité du miracle est remise en question. Cela nous oblige à réfléchir sur l’attitude de Gamin à l’égard de la religion, mais pour y parvenir, nous devons avoir lu l’intégralité de Gamin, et pas seulement une partie de sa production. Lors du Noël précédent, Ubaldo stigmatise ses concitoyens amateurs de plaisir pour qui cette fête n’était qu’une occasion de manger toutes les bonnes choses de Dieu, oubliant que Jésus était venu au monde dans une pauvre crèche. Plus féroce encore est sa polémique contre la hiérarchie ecclésiastique, qui lui fut évidemment très difficile.

Dans la ville, on discutait de la possibilité de construire un crématorium, ce à quoi l’Église catholique s’opposait absolument à l’époque. Sur la crémation, Gamin formule une critique féroce : rappelant Arnaldo da Brescia, Savonarola et Giordano Bruno, il conclut que « la crème n’a jamais été indigeste » pour les prêtres. Bref, il me semble que la nôtre respectait la religiosité surtout lorsqu’elle est solidaire des plus faibles mais s’opposait à la hiérarchie qui voulait enfermer ce sentiment dans ses structures. Dans l’image, les passages des articles cités avec l’indication où les lire.

PS : les articles cités sont facilement accessibles sur le site de la Bibliothèque numérique.

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