Vérone – Arena : Le barbier de Séville

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Il pleut dans le jardin du Figaro : sans même attendre Tempête du deuxième acte, de grosses gouttes interrompirent le Symphonie quelques minutes après, le metteur en scène est entré en scène, obligeant les membres de l’orchestre à entrer dans la fosse, les danseurs sur scène et les spectateurs à se réfugier au plus vite à l’intérieur des arches de l’Arène. Heureusement, l’averse n’a pas duré longtemps : après une bonne demi-heure, le spectacle a repris sans plus d’interruptions et, malgré de nombreuses défections dues à l’heure tardive, il s’est achevé avec un grand succès auprès du public.

Si la météo n’a pas particulièrement influé sur le déroulement de la soirée, celle chronologique commence à se faire sentir : désormais dans sa sixième manche, cette Barbier de Sévilletout en restant l’une des installations les plus populaires duFestival d’opéra d’arènes’avère moins fluide, comme si la boîte à musique conçue par Hugo De Ana en 2007, il avait perdu son poste (même le feu d’artifice, revenu à l’Arena après l’absence de l’année dernière, s’est révélé moins crépitant bien que toujours apprécié du public). Cela se manifeste évidemment non pas dans les mouvements du Chœur, de la Danse et des figurants, tous très décontractés, mais dans les interactions entre solistes, où certains interprètes parviennent à émerger en construisant des personnages bien équilibrés tandis que d’autres se révèlent plus mécaniques. et moins personnel.

Il entre dans cette dernière catégorie Vasilisa Berjanskaïaqui, malgré sa familiarité avec le rôle déjà chanté avec plus de succès à Vérone et au-delà (Rome et Florence en 2020 et 2022), se révèle être une Rosine tout sauf crédible, plus attentive à exhiber l’extension considérable de son registre vocal et d’interagir de manière convaincante avec des collègues, notamment dans les récitatifs.

Discussion similaire pour René Barbera, faisant ses débuts à l’Arène, qui dessine un Comte prudent, beaucoup trop contenu même dans les moments où il est déguisé en soldat ivre ou en Don Alonso. L’engagement musical ne se dément cependant jamais, hormis une voix particulièrement sonore qui se développe clairement et lumineusement dans l’amphithéâtre, malgré une légère rigidité dans les fioritures de ” Ecco, rident in cielo ” et l’air du deuxième acte.

Celui qui se révèle le dominateur du rôle et de la scène, c’est Figaro. Mattia Olivieri, à son retour à l’Arena après dix ans d’absence. La profonde connaissance du rôle se fait sentir, il n’y a pas de pièce ou de récitatif qui ne soit interprété avec passion et, en même temps, avec retenue. Le baryton de Maranello réussit la tâche ardue de ne pas en faire trop même si son caractère le lui permet : la célèbre première cavatine est finement chantée, sans devenir un numéro de vaudeville où les notes sont remplacées par de vilains effets vocaux. De scène en scène, son énergie et sa voix ne faibliront jamais, parvenant à se démarquer de ses confrères même dans les numéros d’ensemble. En quatorze années de représentation de l’opéra à l’Arène, Olivieri est sans aucun doute le meilleur interprète du rôle-titre jamais chanté à Vérone.

Non seulement le protagoniste, mais aussi les autres voix masculines basses s’avèrent être le point fort de la production. Paolo Bordognaqui fait également ses débuts à l’Arena, présente son éprouvé Bartolo et conquiert le public non seulement grâce à ses incontestables talents d’acteur, avec lesquels il construit un personnage comique mais jamais caricatural : le baryton-basse milanais est vocalement généreux, pouvant compter sur une remarquable projection de sons et une excellente tenue des instruments à vent, parfaitement exposés aussi bien dans l’ardu “A un doctor of my fate” que dans la proximité du quintette, arrivant à la conclusion des pièces susmentionnées et de l’ensemble des travaux sans montrer de signes de ralentissement.

Déjà interprète du rôle en 2015, Roberto Tagliavini c’est un Basile à la fois sympathique et luciférien, arrogant pour prononcer ses phrases avec la force d’une voix solide dans les graves et dans les centres.

Les plus confirmés comme les plus expérimentés sont appréciés dans leurs interventions. Marianne : carte (Berta) e Nicolò Ceriani (Fiorello/Ambogio) que le débutant Domenico Apollonio (Officiel).

Dans le trou, Georges Petrou guider avec diligenceOrchestre des Arènes de Vérone sans trop tout gâcher, en optant pour des tempos jamais trop serrés même dans les morceaux d’ensemble, qui ne manquent que de dynamisme et d’un léger décalage avec la scène de l’Introduction (surtout le Chorale mâle pour ne pas apparaître en synchronisation dans la prise de cette pièce). Comme l’année dernière, la tentative d’interpréter “philologiquement” les récitatifs avec le pianoforte (joué par le même metteur en scène) et le violoncelle (Sara Airoldi) s’avère peu réussi en raison de l’acoustique de l’Arena qui rend les sons des instruments impliqués presque inaudibles. Par contre les interventions à la guitare sont excellentes (Cristiano Alassia) engagé non seulement dans la Sérénade mais aussi dans le Finale.

Malgré les sorties de plus en plus massives de l’Arena en raison de la météo et du calendrier, les applaudissements et les rires des spectateurs n’ont pas manqué. La partie stoïque du public qui a résisté jusqu’à la fin de l’opéra a décrété un triomphe inconditionnel pour les principaux interprètes et le metteur en scène.

La critique fait référence à la représentation du vendredi 21 juin 2024.

Martino Pinali

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