Explosion dans l’usine d’Aluminium, le rêve de Diallo et les objectifs de « Buba ». Les histoires du travailleur mort et des 5 blessés à Bolzano

Bocar Diallo n’y est pas parvenu. Le travailleur de 31 ans admis à l’hôpital Borgo Trento de Vérone est décédé des suites d’un “épisode pulmonaire aigu”. Il avait des brûlures sur 57% du corps. Il faisait partie de l’équipe de six travailleurs qui, vendredi, à minuit et demi, ont été touchés par l’explosion de l’usine d’aluminium. La situation de trois autres collègues reste critique : Sokol Hyseini, 33 ans, également à Vérone, et Aboubacar Djette, 25, à Murnau. Artán Vila, le chef d’équipe, 48 ans, est pourtant hors de danger : la nouvelle vient de l’hôpital Niguarda de Milan. Le pronostic pour les trois reste cependant réservé.

L’explosion et l’incendie dans l’usine d’aluminium de Bolzano

Pour comprendre ce qui s’est passé lors de cette maudite nuit de jeudi à vendredi, via Toni Ebner, il faudra du temps. La police scientifique a déjà réalisé les premières enquêtes, mais la nomination d’un super expert semble évidente. L’hypothèse la plus accréditée, à l’heure actuelle, est celle de un défaut lors de la phase de coulée : l’aluminium fondu entrerait en contact avec de l’eau, et ainsi il serait généré l’explosion qui a détruit l’entrepôt. Il a frappé les six ouvriers en service à ce moment-là, qui n’ont pas pu s’en sortir.

Le témoignage du témoin : “J’ai entendu le rugissement mais je suis resté indemne”

«J’ai entendu l’explosion – raconte Hoxha Jetmir, le conducteur du chariot élévateur qui a donné l’alarme et qui est resté indemne -, puis je n’ai plus rien vu. Je me suis enfui, mes collègues courant derrière moi, frappés par une rivière de lave.”

Le rêve d’une nouvelle vie

Celui qui n’y est pas parvenu, c’est Diallo. Sénégalais, il était réfugié politique. Il a quitté son pays en 2011, rêvant d’une nouvelle vie en Europe, où vivent également deux de ses oncles (l’un à Vicence, l’autre à Paris). Il avait traversé le désert, et en 2014, depuis la Libye, il atteint la Sicile à bord d’un bateau. Il était arrivé dans le Haut-Adige, d’abord à l’ancienne caserne Gorio à Bolzano, puis à la Casa Aaron de Bagni di Sulfo, puis au centre pour migrants de Malles. Depuis mars, il vivait à la ferme Zeiler : il avait déménagé à Bolzano pour se rapprocher de son lieu de travail, chez Aluminium.

Il s’est marié il y a un an et il rêvait d’amener sa femme en Italie, une fois la stabilisation de l’usine réalisée. Ce qui semblait désormais imminent. Karin Cirimbelli, de SOS Bozen, qui gère l’établissement, le connaissait bien. «C’était un garçon joyeux. Très gros, mais ici, à la ferme Zeiler, c’était comme s’il n’était pas là, comme c’était calme et ordonné. Sa vie était faite de travail, de foyer et de prière. Le seul divertissement qu’il s’autorisait était la salle de sport : il s’est inscrit à celle de la Via Pacinotti. Cirimbelli ne peut pas se reposer.

«La dernière fois que nous avons parlé, il m’a “réprimandé” en disant que je n’avais jamais de temps pour lui. Je lui ai dit que pour moi, il faisait partie de ceux qui avaient réussi. Il parlait parfaitement italien, il avait un travail, l’asile politique. Il n’avait pas besoin de moi. » Outre son épouse, Bocar laisse derrière lui un frère qui vit à Merano. Et maintenant, soutenu par la communauté sénégalaise de Bolzano, il veut ramener son corps au Sénégalpour le dernier adieu.

Aboubacar Djette

Les conditions restent très graves Aboubacar Djette, «Buba» pour les amis. Egalement sénégalais, il a fréquenté l’école de Bolzano. En 2019, il a commencé à travailler : un an chez Röchling, puis à l’Aciérie et enfin à l’Aluminium où, il y a six mois, il s’est stabilisé. Et il s’est encore marié il y a six mois, au Sénégal, où vivent également ses parents. A Naples, cependant, il a un frère, tandis que à Bolzano, il a trouvé une deuxième famille au Fcd Arberia, où il joue comme attaquant. Samedi, Murnau a appelé l’employeur: “Buba” a parlé avec lui pendant quelques minutes et lui a parlé de l’explosion. Puis il a été de nouveau mis sous sédatif.

Le contremaître adjoint

Les conditions de vie de Sokol Hyseini, citoyen albanais et contremaître adjoint d’Aluminium, sont également très graves. Sa famille l’a rejoint à l’hôpital de Vérone. Il semble cependant bien réagir au traitement.: il a des brûlures sur 40% de son corps, mais ses organes internes n’ont pas été compromis et il a subi les premières opérations de reconstruction. Mais cela prendra des mois.
Et il a également été transféré à Vérone hier Mor-Diarra Mboup39 ans, Sénégalais : il est hors de danger, mais les médecins ont voulu le transférer dans un centre spécialisé qui puisse prendre en charge les graves brûlures qu’il a subies aux pieds. Il a une fille qui vit avec sa mère à Bologne, et travaille chez Aluminium depuis trois mois. Jusqu’à présent, il était resté à San Maurizio, d’abord en soins intensifs puis en dermatologie, avec son collègue Oussama Ben Yahya, tunisien de 27 ans, arrivé à Bolzano il y a trois ans. A côté de lui se trouve son frère et collègue : il est sous le choc. Hier, des nouvelles positives sont arrivées de Milan concernant Artan Vila, 48 ans, albanais et “ouvrier clé”, selon les mots de Michele Masella, directeur de l’usine où il travaille depuis 40 ans. Il présente des brûlures au deuxième et troisième degrés sur 50 % de son corps, mais ses jours ne sont plus en danger.

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