Semaine sociale. Mgr Trévise (évêque de Trieste) : « Trouver les bonnes raisons de se remettre au jeu de la construction de la ville et de l’Église »

Un « pays frontalier » dans lequel « la communauté civile et la communauté chrétienne » sont « continuellement confrontées à la différence, à l’altérité ». C’est ainsi que le prélat présente la capitale julienne qui accueillera du 3 au 7 juillet les travaux de la 50e Semaine sociale des catholiques en Italie. « Nous attendons de Mattarella et du Pape qu’ils nous donnent quelques suggestions, quelques indications, pour nous donner des raisons de relancer la participation active de tous », espère l’évêque. Qui parle de la relation avec les autres communautés religieuses, de l’accueil mais aussi de la difficulté d’intégration des migrants venus de la route des Balkans et de la douleur et de la violence du siècle dernier. Ici – affirme-t-il – « il y a eu un nouvel apprentissage pour construire une coexistence de paix, de respect mutuel ». C’est “l’expérience Trieste” qui sera proposée aux participants

(Photo Siciliani-Gennari/SIR)

« Nous devons vivre les journées de la Semaine Sociale comme un souffle pour une mission encore plus grande qui doit nous considérer tous comme davantage de protagonistes ». C’est l’invitation de Mgr. Enrico Tréviseévêque de Trieste, à l’approche de la 50e Semaine sociale des catholiques d’Italie qui se tiendra dans la capitale julienne du 3 au 7 juillet.

Votre Excellence, il ne reste que quelques jours avant le début de la 50e Semaine sociale. Dans quel esprit vivez-vous l’attente ? Comment la communauté ecclésiale de Trieste s’est-elle préparée à accueillir et à participer à l’événement ?
Nous vivons ces jours avec une grande joie pour un grand cadeau immérité. S’il n’y avait pas eu la Semaine sociale catholique, nous n’aurions pas eu la visite du Pape. Et nous sommes très heureux de la prochaine rencontre avec le Saint-Père. Spontanément, ces derniers jours, j’ai reçu des lettres, des dessins et des messages de personnes âgées dans des maisons de retraite plutôt que d’enfants dans des écoles et des oratoires. Un très beau fait qui nous rappelle de bien se préparer pour le rencontrer. En ce qui concerne la 50ème Semaine Sociale, avant même de connaître la venue du Pape, nous avions déjà enregistré beaucoup d’attention et de curiosité. Beaucoup de gens ne savaient pas de quoi il s’agissait, même les institutions prêtes à collaborer. Et pour une semaine sociale qui sera sur le thème de la participation autant que de la démocratie, il faut reconnaître que

Dès le début, il y a eu une grande participation, une responsabilité partagée.

Dans quelques jours, Trieste accueillera le Président de la République, qui ouvrira les travaux de la 50e Semaine sociale, et le Pape François, qui les conclura. Qu’attendez-vous de cette double et significative présence ?
Les travaux de la Semaine Sociale seront consacrés à la démocratie et à la participation, des questions très pertinentes qui nous voient tous, tant comme citoyens que comme catholiques, tant sur le plan de la citoyenneté que sur le plan de la foi chrétienne, en difficulté.

Nous sommes conscients que les indices de participation tant aux élections qu’aux activités ecclésiales sont souvent négatifs, il y a une diminution de l’assiduité, des activités et de la participation.

C’est pourquoi nous espérons que le Président de la République, tout au long de l’adaptation de la Semaine jusqu’à sa conclusion avec le Pape, nous aidera à

trouver les bonnes raisons qui nous poussent à nous remettre dans le jeu de la construction de la ville, de la construction de l’Église.

Il ne s’agit pas seulement de se livrer à des analyses ou à des plaintes sociologiques, mais il faut trouver de bonnes raisons et aussi de bonnes pratiques – à Trieste il y aura des “Villages de bonnes pratiques” et 18 “Dialogues de bonnes pratiques” – Pour

relancer la participation active de tous. Nous attendons de Mattarella et du Pape qu’ils nous donnent des suggestions, des indications, pour nous motiver dans ce sens.

Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous allez leur dire ?
On ne s’attend pas à ce qu’il ait à dire quoi que ce soit au président de la République. Ce sera peut-être l’occasion de quelques mots informels, d’une salutation. Mais au Pape, j’adresserai simplement mes remerciements à la fin de la célébration eucharistique de dimanche. D’autre part, la Semaine sociale est un événement de l’Église italienne et, en tant que communauté diocésaine, nous sommes heureux de collaborer ; c’est nous qui hébergeons et nous voulons nous assurer que tout le monde est à l’aise.

Y a-t-il quelque chose de spécifique à Trieste que vous pensez pouvoir offrir comme contribution à cette 50ème Semaine Sociale ?
Bien sûr, tant comme communauté civile que comme communauté chrétienne. Des domaines qui en réalité sont étroitement liés, même s’ils présentent évidemment des caractéristiques très différentes.

Trieste est une terre frontalière et donc, en tant que communauté civile mais aussi en tant que communauté chrétienne, nous nous trouvons en confrontation constante avec la différence, l’altérité.

Et ce, pas seulement de l’autre côté de la frontière. Depuis toujours, étant une ville balnéaire dotée d’un grand port, des gens sont arrivés ici qui se sont ensuite installés et ont vécu ensemble. Au niveau ecclésial, la caractéristique est celle d’une Église catholique qui est pourtant constitutivement de langue italienne et slovène. Une communauté qui expérimente déjà la diversité en elle-même, mais dans la confession de la foi unique au Seigneur Jésus. Il y a ensuite une relation avec les communautés chrétiennes historiquement stabilisées ici – les orthodoxes grecques, les orthodoxes serbes, les protestantes – et avec les communautés chrétiennes. Le juif, le musulman. Nous sommes une communauté chrétienne qui a appris depuis longtemps à interagir dans la différence mais aussi dans le respect et l’estime mutuelle avec les autres communautés religieuses. Et il en va de même pour le civil :

Après, malheureusement, les souffrances survenues au siècle dernier à cause des deux guerres mondiales et aussi à cause des épreuves et de la violence endurées de part et d’autre, il y a eu un nouvel apprentissage pour construire une coexistence de paix, de respect mutuel. Un apprentissage, car on n’a jamais appris pleinement.

Et pour cette raison, nous ne sommes pas des enseignants, nous pouvons enseigner. Mais nous faisons partie de cette école, donc Trieste a certainement quelque chose qui lui est propre à indiquer ; non pas avec l’ambition de devoir enseigner comme si nous étions les maîtres et les autres apprentis, mais plutôt comme quelqu’un qui essaie.

Le dimanche 7 juillet, avant la messe sur la Piazza Unità d’Italia, le Pape rencontrera brièvement quelques groupes distincts : des représentants œcuméniques, des représentants du monde universitaire et un groupe de migrants et de personnes handicapées. Selon vous, quel message viendra de ce moment ?

Le souhait est simplement que le Pape puisse rencontrer et saluer quelques personnes qui expriment l’identité de Trieste.

J’ai mentionné les différentes communautés religieuses. Ensuite, étant une terre frontalière et étant à la frontière, il y aura des groupes de migrants. Souvent, nous pensons aux migrants comme s’il s’agissait d’un bloc monolithique, en réalité il y a ceux qui, bien qu’ils viennent de la route des Balkans, sont déjà stabilisés et pour eux l’intégration est déjà réalisée, tandis que d’autres viennent peut-être d’arriver. Il y a une migration continue, on pourrait presque dire un goutte-à-goutte quotidien. Ici, nous n’avons pas l’arrivée simultanée de bateaux transportant des centaines de personnes, mais plutôt des migrants arrivant de la route des Balkans tous les jours de l’année. Et le Pape saluera aussi ces personnes, avec leur désir de vie et d’espérance, venues de terres qui les ont forcées à fuir et qui ont aussi été confrontées à la violence, non seulement celle de leur patrie, mais parfois aussi celle du voyage. Face à ces personnes, Trieste se trouve en première ligne, dans une dimension tantôt accueillante, tantôt en difficulté d’intégration à cause de la méfiance, des peurs et de la fatigue des gens. Il nous reste toujours beaucoup de travail à accomplir pour apporter notre contribution en tant que communauté chrétienne à cette dimension.

Qu’espérez-vous que la 50ème Semaine Sociale puisse apporter à la communauté ecclésiale et civile de Trieste ?
Ce sera bien de pouvoir vivre une expérience d’Église, d’Église synodale dans laquelle nous nous écoutons, participons et grandissons ensemble. Je pense que cela devrait être le plus bel héritage : une belle expérience de l’Église qui est plus grande que nous, qui sommes toujours un peu tentés de nous auto-référentiels, de nous replier un peu sur nos idées ou sur les choses que nous faisons déjà. J’espère que ces jours nous laisseront ce grand cadeau, ce grand résultat.

J’espère que les gens – ceux qui participeront aux places thématiques, ceux qui sont bénévoles, ceux qui se sont préparés par la prière ou par leur participation à des événements que nous avons organisés au niveau diocésain plutôt que dans les différentes communautés – développeront le désir de être plus protagonistes, plus actifs, plus impliqués, tant dans la vie civile qu’ecclésiale.

Et puis, en ce qui concerne les nombreuses bonnes pratiques qui seront exposées et présentées, qui sait, peut-être que quelqu’un aura l’idée d’essayer d’en mettre en œuvre certaines à Trieste, en donnant vie à des initiatives qui ne peuvent se réaliser que parce que quelqu’un de plus s’implique en tant que tel. un protagoniste.

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