‘na infamous night :: Critiques d’OndaRock

Louange à Dieu, plus grande que la pluie qui tombe sur le tableau de bord
Et des essuie-glaces qui le balayeront
Louange à un dieu sans nom définitif ni image appropriée
Un dieu que j’aimerais s’il m’aimait

Après dix albums et un quart de siècle, Tommaso Zanello alias Piotta est toujours victime de son masque “Supercafone”, à comprendre comme le les coups mais aussi en tant que personnage dont parle la chanson. Depuis, il a grandi et changé à plusieurs reprises. Déjà dans “Tommaso” (2004), qui prenait prétexte du rap, il était méconnaissable pour ceux qui s’arrêtaient aux plus grands tubes grand public. Une carrière longue et complexe, parfois même un peu confuse et incohérente, mais néanmoins vivante, qui ne fait pas exactement de lui notre Nas mais pas le dernier des restes du kitsch. Egalement écrivain, Tommaso Zanello avait peut-être besoin d’une belle histoire à raconter pour trouver la bonne inspiration pour ce qui est le seul album de sa discographie qui, malgré sa diversité totale, puisse rivaliser avec son premier album sous-estimé. “‘na notte infame” est, en outre, son album le plus personnel et le plus douloureux, innervé d’images réfléchies et enveloppé d’une mélancolie mêlée de nostalgie et du deuil du décès de son frère Fabio, connu sous le nom de “Le Professeur”. et un auteur prolifique de textes liés au mysticisme et à la spiritualité.

Un texte de Fabio Zanello ouvre la setlist, une « Louange à Dieu » qui unit Rome et l’Immensité sur un rap émotionnel pour piano doux. Ce n’est pas seulement l’une des chansons les plus touchantes que la scène italienne ait réussi à offrir ces dernières années mais aussi la carte de visite idéale d’un projet qui, lorsqu’il reste centré sur son pivot émotionnel, étonne et enchante. Même lorsque l’histoire devient sociale, voire politique, dans “Serpico”, sur un boom bap de manuel et un refrain de stornello chanté par Zampaglione, et dans la pièce titre, avec les vétérans Asslati Frontali, une amertume règne dans l’âme.

Quand Serpico est mort, j’étais là, à l’extérieur de l’école
Sept coups de feu
Nous avions du plomb et de la boue et tout
Ce dont nous rêvions, c’était un autre monde, pas l’autre monde

Il semble que nous revenions au potentiel les coups avec “Je n’ai pas peur”, en fait une chanson dansante sur le mal-être, mais quand il attaque l’auto-tune dans “Professore”, le se concentrer il semble un peu perdu et il faut le retrouver avec la récitation de “l’Ode romaine”, sur un piano un peu trop téléphoné.
En fait, l’album peine à revenir au niveau des premières chansons, malgré le journal mélancolique de “Figli di un Tempo” et la tragédie finale de “Lella… e poi”, une critique d’une chanson romaine classique transformée en une chanson sur un féminicide : une fois la surprise initiale dissipée, l’ambiance gâchée par quelques refrains déplacés et inefficaces, “‘na notte infame” perd l’occasion de donner à l’auditeur un seul flux émotionnel.

Dans un monde de rappeurs qui racontent trop souvent un monde de contes de fées criminels à usage social, ce dixième album studio de Piotta sonne pourtant comme une heureuse exception. L’incontournable pochette avec également le prénom, sous le pseudo habituel, est là pour souligner la dualité d’un musicien qui est bien plus qu’un vieux single d’été de la fin du millénaire.

Je n’ai jamais su qui j’étais
Je me suis toujours demandé qui j’étais
“Qui suis je?” c’est la question que j’oublie de me poser à chaque fois
Et ce que je disais parfois à celui-ci et à celui-là
Qui je suis est peut-être un jeu de miroirs
Où celui que tu vois n’est jamais toi mais seulement le reflet

17/04/2024

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