SOUFRE – Descente vers une absence inexorable

SOUFRE – Descente vers une absence inexorable
SOUFRE – Descente vers une absence inexorable

vote
8.0

Dans « Geister (Ghosts) », l’un des épisodes les plus évocateurs du documentaire « Workingman’s Death » (2005) consacré au travail manuel au XXIe siècle, on voit d’interminables files de mineurs se dirigeant vers le cratère d’une solfatare indonésienne de origine volcanique, parmi des fumées suffocantes et des touristes en voyage prêts à prendre des photos souvenirs ou à acheter des souvenirs.
A l’instar de “Geister”, les dix-huit minutes de “Silence Of The Absolute Absence” qui clôturent en crescendo “Descending Into Inexorable Absence”, nous accompagnent dans une interminable et claustrophobe descente dans l’obscurité, exploitant toute l’ampleur de la disposition extrême, depuis la lente de la martialité de Bell Witch (mais éviscérée de sa composante gothique) jusqu’au post-hardcore de Converge, complétant idéalement les cinquante nuances de noir de la palette d’un armochromiste en deuil.
Le premier “Delusion Of Negation” a révélé Zolfo, basé à Bari, à un petit cercle de fans du genre sludge, grâce à un bloc de chansons construites pour être effectivement angoissantes et colériques ; maintenant, le nouvel album introduit un dynamisme sans précédent dans les morceaux qui, tout en conservant le rythme pachydermique nécessaire à celui qui décide de s’aventurer dans ces territoires sonores, changent fréquemment au fil du temps et fascinent l’auditeur, comme par exemple dans le premier ” Lament Of Light”, dans lequel le noir désespoir du premier Deathspell Omega reste comprimé entre deux murs infranchissables de guitares dignes de Funeralium.
Chaque chanson présente donc en son sein plusieurs sections qui s’inspirent du doom, du sludge et (bien que moins fréquemment) du black metal atmosphérique, réunies de manière organique, jouées avec une sécheresse typique du hardcore et avec une originalité surprenante dans les arrangements. .
À cet égard, il y a de nombreux moments où l’on remarque le soin avec lequel les volumes et les riffs sont conçus, et on a l’impression que la baguette du batteur sert à la fois à garder le temps et à diriger les musiciens, comme c’est le cas dans le numéro ” No Home for an Eternal Wayfarer » (qui commence par un doom funèbre puis augmente progressivement sa violence rythmique et explose dans le tambour final), ou dans « Admire The Mire », un orage électrique qui s’annonce d’abord à l’horizon puis frappe l’auditeur. .
Seul « Apoptosis » s’affranchit de l’emprise de cette complexité, le morceau le plus proche de l’esprit du début, où le chanteur Dave livre une performance dont Jacob Bannon serait fier. On ne sait pas si cette évolution est due à l’apport de Chris Fielding de Conan au mixeur, à des compagnons ayant les mêmes goûts musicaux fréquentés sur scène (Hate & Merda surtout), ou, plus probablement, à l’expérience croissante acquise par le groupe; en tout cas, « Descending Into Inexorable Absence » marque un net saut de qualité, se plaçant parmi les meilleures et récentes sorties italiennes du secteur.
Un avertissement s’impose : une écoute prolongée pourrait obscurcir davantage les nombreuses sombre dimanche cela nous fait vivre cet étrange printemps.

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