TORTURE SÉVÈRE – La deuxième chance

TORTURE SÉVÈRE – La deuxième chance
TORTURE SÉVÈRE – La deuxième chance

Severe Torture est récemment revenu sur scène avec « Torn from the Jaws of Death », quatorze ans après leur dernier album complet, « » Slaughter ». Un retour quelque peu inattendu, qui confirme leur attachement incontesté à la cause du death metal.
Le nouveau chapitre d’enregistrement du quintette néerlandais, dont les débuts remontent à 1997, représente non seulement un retour bienvenu pour les fans de longue date, mais aussi une démonstration d’une harmonie renouvelée au sein du groupe.
Dans cette collection de nouvelles chansons, le groupe parvient à garder intacte la brutalité et la technique qui les ont toujours distingués, tout en introduisant de nouvelles idées qui donnent de la fraîcheur à leur son classique.
Le résultat est un album qui dépasse les attentes, relançant Severe Torture dans une dernière partie de leur carrière qui semble à ce stade très prometteuse. On en parle avec le guitariste Thijs van Laarhoven.

CONTENT DE TE REVOIR! QUATORZE ANS SONT PASSÉS DEPUIS VOTRE DERNIER RECORD. QUE S’EST-IL ARRIVÉ AU COURS DE LA DERNIÈRE DÉCENNIE CONCERNANT LA SORTIE DE L’EP « FISTING THE SOCKETS » ET LE TRAVAIL SUR VOTRE RETOUR, TITRE « TORN FROM THE JAWS OF DEATH » ?
– Merci pour l’accueil chaleureux ! Après avoir sorti « Slaughtered » en 2010, nous avons fait plusieurs concerts et avons recommencé à écrire pour le prochain album. Cependant, au fil du temps, nous avons réalisé que nous n’étions tout simplement pas satisfaits de ce que nous faisions.
Après avoir joué au Maryland Deathfest en 2016, nous avons décidé que ce serait une bonne idée de ne plus réserver de concerts et de prendre tous du recul par rapport au groupe et au processus d’écriture. Une année s’est écoulée ainsi puis notre batteur d’origine, Seth, a décidé de quitter définitivement le groupe. Après un moment d’incertitude, nous avons décidé d’essayer avec un nouveau batteur et en 2018 nous avons trouvé Damien en remplacement. Nous avons commencé à jouer ensemble et à composer et nous avons vite senti que nous étions à nouveau sur la bonne voie.
Après quelques concerts supplémentaires, nous avons sorti l’EP « Fisting the Sockets » en 2022 et avons ensuite commencé à enregistrer notre dernier album, « « Torn from the Jaws of Death », qui est en préparation (l’interview a été réalisée en mai, avant la sortie de l’album, ndlr).

CHAQUE NOUVEL ALBUM EST UN PROJET DIFFÉRENT QUI FAIT UNE HISTOIRE EN SON PROPRE, MA QUESTION EST DONC : EN QUOI LA RÉALISATION DE « TORN… » ÉTAIT-ELLE DIFFÉRENTE DU PACKAGING DU PRÉCÉDENT, « SLAUGHTERED », AU-DELÀ DU TIMING ET DU CHANGEMENT DE BATTEUR ? Y A-T-IL DES DIFFÉRENCES SIGNIFICATIVES DANS VOTRE APPROCHE DU PROCESSUS D’ÉCRITURE CETTE FOIS ?
– A vrai dire, la composition des chansons n’a pas beaucoup changé par rapport au passé : tout commence toujours par un riff puis augmente en cohérence avec d’autres riffs, jusqu’à se retrouver avec une nouvelle chanson.
Côté enregistrement, nous avons eu beaucoup de chance avec notre nouveau batteur Damien, qui possède un studio près de chez lui. Pour « Slaughtered » et tous nos albums précédents, nous sommes allés dans un studio coûteux et avons dû tout enregistrer avec un producteur extérieur. Pour cet album et l’EP, nous avons tout enregistré nous-mêmes et avons engagé quelqu’un juste pour le mixer et le masteriser. Cette situation nous a donné plus de contrôle sur le résultat final et nous a permis d’économiser beaucoup d’argent.
Le processus a pris un peu plus de temps qu’auparavant, mais au moins nous n’avons pas eu à faire face à des délais embêtants.

CERTAINES DES NOUVELLES CHANSONS ONT DE CURIEUSES SUGGESTIONS DE BLACK METAL. IL Y A UNE BONNE VARIÉTÉ DE RIFFS ET DE SOLUTIONS DANS CET ALBUM. CELA SONNE VRAIMENT ASSEZ FRAIS, CE QUI EST UNE CHOSE ADMIRANT, CONSIDÉRANT QUE VOUS ÊTES UN GROUPE QUI EST EN ACTIVITÉ DEPUIS DE NOMBREUSES ANNÉES.
Il n’est pas très courant de voir des vétérans comme vous essayer de faire différentes choses si tard dans leur carrière. ÊTES-VOUS D’ACCORD?

– Merci, je suis content que vous ayez remarqué l’effort ! Les tons black metal n’étaient pas intentionnels ou du moins pas réfléchis, c’est arrivé comme ça. Certains d’entre nous écoutent beaucoup de black metal, donc cela peut avoir orienté certains détails dans cette direction. Je pense aussi que Patrick a apporté un peu d’influence centurienne dans certains de ses riffs cette fois-ci : il a joué dans ce groupe pendant de nombreuses années, donc je suppose que c’est arrivé très spontanément. Concernant la fraîcheur, je pense que c’est ce qui manquait lorsque nous avons commencé à écrire en 2011-2012 et pourquoi nous n’étions pas satisfaits de ce que nous composions à ce moment-là. Cette fois, nous étions tous sur la même longueur d’onde et en fait nous avons immédiatement ressenti une énergie différente dans les chansons que nous écrivions.

QUAND VOUS COMPOSEZ DE NOUVELLES PIÈCES, COMMENT ÉVALUEZ-VOUS LA QUALITÉ DE VOTRE MUSIQUE ? QUELS SONT VOS CRITÈRES POUR UNE BONNE CHANSON DE TORTURE ?
– Ben c’est bien simple, le résultat final doit plaire à chacun d’entre nous (rires, ndlr). Et pas seulement dès la première écoute, mais aussi des semaines ou des mois plus tard. Je sais que cela semble facile comme ça, mais ce n’est évidemment pas le cas. Nous jetons beaucoup de riffs : quand l’un de nous n’arrive pas à s’accorder avec un certain riff ou une certaine partie, nous ne l’utilisons pas. C’est peut-être aussi pour cela qu’il nous faut généralement du temps pour monter un album.

EN GÉNÉRAL, LES FANS DE DEATH METAL TENDENT À ÊTRE TRÈS CONSERVATEURS DANS LEUR GOÛT ET N’APPRÉCIENT PAS BEAUCOUP L’EXPÉRIMENTATION MUSICALE. COMMENT TROUVEZ-VOUS GÉNÉRALEMENT UN ÉQUILIBRE ENTRE VOUS SATISFAIRE EN TANT QUE MUSICIENS ET EN MÊME TEMPS RENCONTRER VOS FANS ?
– Nous faisons la musique que nous aimons jouer : généralement les fans sont assez compréhensifs avec nous dans ce sens (rires, ndlr). Il y a eu des changements au cours de toutes ces années, mais ceux qui nous écoutent sont toujours restés attachés à notre travail. Mais je comprends ce que tu veux dire : si je parle pour moi, j’ai un goût musical très large, qui va de Nick Cave à Swans, Queens of the Stone Age, Suffocation, Mayhem, en passant par bien d’autres choses. Sachez simplement que la plupart de ces trucs ne fonctionneront jamais dans la musique de Severe Torture. Je peux donner un indice ou insérer une référence dans un texte, mais je n’irai jamais plus loin que déformer ce que représente ce groupe.

QUELS ONT ÉTÉ VOS PRINCIPAUX DÉFIS DE COMPOSITION ET DE PRODUCTION AU DÉBUT ET COMMENT ONT-ILS ÉVOLUÉS AU FIL DU TEMPS ?
– Quand on a commencé, à la fin des années 90, on écrivait toutes les chansons ensemble dans la salle de répétition, avec un simple baladeur au centre de la salle pour les enregistrer pour ne pas oublier les idées intéressantes. Nous rassemblions généralement tous les riffs que nous avions et gardions ceux qui nous convenaient le mieux. En studio, nous avons alors réfléchi à peaufiner les chansons au maximum, pour les rendre dignes d’un album.
Mais aujourd’hui, la plupart des morceaux sont partiellement ou totalement préparés à la maison avant d’être acheminés vers la salle de répétition. Nous avons tous une vie bien remplie, nous ne pouvons donc plus répéter ensemble très souvent. Aujourd’hui, il nous est facile de composer séparément et de nous présenter des chansons complètes pour que les autres puissent les écouter. Aujourd’hui, nous répétons également dans le studio de Damien, afin de pouvoir enregistrer immédiatement chaque chanson ou idée avec une très bonne qualité.

Les choses ont beaucoup changé depuis l’époque du groupe, les plateformes de streaming ayant pratiquement détruit l’ancien modèle économique de vente de disques. COMMENT VOYEZ-VOUS L’ENJEU, EN TANT QUE VÉTÉRAN DU GENRE ?
– Eh bien, je viens des années 90, j’aime donc avoir un produit physique entre les mains et je repense toujours au bon vieux temps avec beaucoup d’affection. Lorsque nous avons sorti nos deux premiers albums, nous avons réussi à vendre un nombre inattendu d’exemplaires, ce qui s’est traduit par un budget pour tourner et enregistrer davantage de musique. Cela a complètement changé avec le streaming et le téléchargement.
Je vois certainement aussi les avantages du streaming musical… c’est juste dommage que l’artiste ne reçoive presque rien, même si le nombre d’auditeurs est assez élevé. Mais aujourd’hui, cela me dérange beaucoup plus d’aller à un concert et de voir constamment des gens filmer ou prendre des photos au lieu de regarder le spectacle.

REVENANT À LA TORTURE SÉVÈRE ET À VOTRE CARRIÈRE, QUE PENSEZ-VOUS DU DEATH METAL AUJOURD’HUI ?
– J’aime toujours jouer à ce genre, mais pour moi, l’âge d’or, c’était les années 90 et le début des années 2000. Il y a encore beaucoup de trucs sympas qui sortent, mais à mon avis, il y a plus d’innovation dans le black metal que dans le death metal de nos jours.

LA SCÈNE DEATH METAL NÉERLANDAISE PEUT ENCORE COMPTER SUR PLUSIEURS GROUPES D’OLD GUARD, TELS QUE YOU, SINISTER, ASPHYX OU PESTILENCE. CEPENDANT, IL SEMBLE QUE L’UNDERGROUND N’A PAS DONNÉ AUSSI DE NOUVEAUX GROUPES ÉMERGENTS CES DERNIÈRES ANNÉES.
PENSEZ-VOUS QUE LA HOLLANDE EST TOUJOURS L’UN DES CŒURS DU DEATH METAL EUROPÉEN ?

– Je pense que nous avons toujours une scène death metal respectable, mais en fait je ne pense pas que les choses soient comme elles l’étaient il y a vingt ans. C’est probablement parce que je vieillis et que je n’arrive pas à bien suivre ce qui se passe ici (rires, ndlr).

En pensant à votre répertoire, y a-t-il une chanson ou un album en particulier dont vous avez une très bonne mémoire ?
– La première chanson qui me vient à l’esprit est « Buried Hatchet », de l’album « Sworn Vengeance ». Avant de l’enregistrer, nous pensions que c’était juste une chanson “ok”, peut-être un peu trop old school midtempo pour nous, mais lorsque nous l’avons enregistré et que nous avons ajouté plus tard les chœurs de Jason de Misery Index et Che de Born From Pain, la chanson est devenue un classique instantané, à tel point qu’il n’a jamais été retiré de notre setlist depuis.

QUEL A ÉTÉ LE MEILLEUR CONCERT SEVERE TORTURE JAMAIS DONNE ET QU’EST-CE QUI LE REND SI MÉMORABLE ?
– C’est toujours une question difficile ! Je pourrais mentionner le Hellfest parce que c’est un très gros événement, mais d’un autre côté, j’aime davantage les petits concerts en club. Le concert a tendance à être plus intense et vous avez une meilleure connexion avec les fans. Je me souviens d’un concert à Athènes, en Grèce, en 2009. La salle était pleine à craquer, les gens montaient sur scène et nous étions vraiment excités ce soir-là. C’était un concert inoubliable !

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