Giro d’Italia 2024, Georg Steinhauser remporte la 17ème étape

Si un accordage musical normal est basé sur la fréquence de 440 hertz (sur laquelle le La est fixé), celui sur 432 hertz (imperceptiblement mais sensiblement plus bas) est l’accord de la paix intérieure. Utilisé par de nombreux musiciens dans le passé, son usage a été attribué notamment à Pink Floyd, sur la musique de laquelle tout peut être dit sauf qu’elle induit souvent une sérénité à l’écoute. (Essayez de le réfuter !).

En regardant le cyclisme supersonique de ces dernières années (où les 440 hertz sont largement dépassés, disons-le !), trouvant parfois le Grenadiers INEOS à la tête du groupe est une véritable plongée dans 432 hertztout comme du cri primordial on tombe dans le mineur-majeur diabolique de Respire, respire l’airau début de Le côté obscur de la Lune. Tout devient soudain plus sourd, plus ténu, plus liquide, moins d’arêtes vives, moins d’âpreté, plus de régularité, une tension plus faible, moins de vertiges, moins d’envie de faire et plus d’envie de contempler, contempler en contemplant l’évasion qui se dirige entre temps vers l’arrivée.

Et le faire du vélo à 432 hertz par INEOS, une marque qui était déjà un énorme bouleversement lorsqu’à la fin du train-planeur se trouvait Froome qui partait et accomplissait ses actes de bravoure ; mais si au rythme oisif et onirique de l’équipe de Dave Brailsford succède la somnolence du rien fait, l’arcadie évoquée jusqu’ici pourrait prendre un triple changement de voyelle chez les suiveurs les plus impatients, Je ne dis pas comment, je ne dis pas où.

Mais nous sommes censés rester calmes et profiter de ce qui vient d’une balade dans laquelle Tadej Pogacar il risque de gagner même s’il ne le veut pas, hier il l’a fait à Monte Pana, aujourd’hui il s’est approché de Col Brocon, pratiquement par inertie, sans trop forcer. Ceux qui sont des rivaux directs du Slovène sont battus chaque jour par lui. De Sade ce qui n’est rien d’autre ; les autres, ou ceux qui tentent de s’enfuir, savent très bien que les vides laissés dans ce Tour d’Italie du Amical pour les dictateurs venus de Komenda sont très rares et très étroits. Pour y accéder, il faut du savoir-faire, beaucoup de savoir-faire, mais aussi de multiples formes de chance.

Georg Steinhauser, la victoire du fils et petit-fils de l’art

Cette chance que Georg Steinhauser il s’est construit avec ténacité et confiance, en essayant sérieusement déjà dimanche à Livigno (mais l’histoire s’y est terminée par une troisième place), puis avec un entêtement admirable aujourd’hui, en entrant dans la première vraie échappée de la journée, celle qui s’est estompée juste après la mi-temps étape, puis sans lâcher un mètre une fois reparti, et décidant quand même de repartir une deuxième fois, avec d’autres qui n’avaient alors pas la force de résister jusqu’à l’arrivée d’une journée de pluie inoubliable et merveilleuse pour lui, a conclu par ses premiers succès professionnels, à 22 ans, avec une carrière qui entre aujourd’hui dans une nouvelle dimension.

Lui, grimpeur de Lungognone, est le fils d’un artiste, son père est Tobias, actif entre le milieu des années 90 et le milieu des années 2000 ; par conséquent son oncle (par alliance) est Jan Ullrich, qui a épousé Sarah, la sœur de Steinhauser senior, lors de son premier mariage. Avec cette combinaison, Georg égale aujourd’hui au moins le score du Giro (Jan a remporté le contre-la-montre de Pontedera en 2006, lors de sa deuxième et dernière participation à la course rose). Quant au coureur qu’il deviendra, nous aurons le temps et l’occasion de le découvrir.

Au sujet des jeunes, une pensée pour Giulio Pellizzariqui après la grande émotion d’avoir été battu par Tadej hier (avec tout ce qui en a résulté et sur lequel nous n’avons pas besoin de nous attarder), a aujourd’hui repris courage sur ses épaules et s’est enfui, étant le premier à traverser le Cima Coppi du Giro, une autre petite grande satisfaction de ces trois semaines que le Marchois de vingt ans n’oubliera jamais : celles de la première course rose, de l’amitié née sur la route avec Pogacar, du Cima Coppide la chemise bleue qu’il portera (à la place de Tadej lui-même, titulaire de la fonction), de nombreux petits moments qui resteront gravés dans son âme.

Giro d’Italia 2024, la chronique de la dix-septième étape

Antonio Tiberi remporte le sprint pour la troisième place à Passo Brocon © Bahrain-Victorious – SprintCycling

C’est l’histoire de la dix-septième étape du Tour d’Italie 2024, les 159 km Selva di Val Gardena-Passo Brocon, et c’est l’histoire d’une étape où l’évasion a trouvé la joie, échappant un jour à l’emprise pogacarienne sur la course rose. Le départ s’est fait immédiatement en montée avec le col de Sella, qui est devenu un élément incontournable du parcours. Cima Coppi après l’annulation du Stelvio d’abord puis de son petit frère Umbrail, il a privilégié un rythme immédiatement élevé, avec de nombreux coureurs tentant de s’échapper d’un peloton qui a d’abord perdu tous les sprinteurs, qui se sont immédiatement réfugiés dans le petit groupe.

Pour voir une des attaques « matinales » gagner un minimum de place, il aura fallu attendre le GP de 9 km, remporté par Giulio Pellizzari (Groupe VF-Bardiani CSF-Faizanè) sur Nairo Quintana (Movistar), Julien Alaphilippe (Soudal Quick-Step) et Amanuel Ghebreigzabhier (Lidl-Trek) : suite à l’élan du sprint l’Erythréen descend encore plus loin et est rejoint par les trois autres, d’abord le Français, puis les deux grimpeurs ; une fois la descente terminée, d’autres hommes revinrent sur la légère pente en direction de Predazzo, c’est-à-dire Georg Steinhauser (EF Education-EasyPost) et Marco Frigo (Free Palestine), donc également Damien Caruso (Bahrain-Victorious) et Davide Ballerini (Astana Qazaqstan), qui ont eu le temps de remporter l’arrivée en trombe à Predazzo ; enfin – le col de Rolle venait juste de commencer et il restait aussi 110 km à parcourir Nicolas Conci (Alpecin-Deceuninck) et Attila Valter (Visma-Lease a Bike).

A ce moment-là, les dix aux commandes avaient 1’45” d’avance sur le groupe maillot rose, l’action représentait près de la moitié des équipes présentes dans la course, mais rien: tout le monde n’a pas aimé. D’abord Tudor, puis DSM- Firmenich PostNL, qui aspirait à lancer Michael Storer et respectivement en fuite Romain Bardet (tous deux actifs depuis Sella), ont travaillé pour arranger les choses.

Et ils y sont parvenus : après que Pellizzari ait également conquis Rolle, le groupe maillot rose – se disloquant quelque peu dans la longue descente – a remis les meneurs dans le collimateur, atteignant -61,5, alors qu’il venait d’approcher le Passo della Gobbera, la troisième montée Gpm du jour. Kevin Vermaerke et son capitaine Bardet se sont immédiatement lancés dans la contre-attaque ; Tadej Pogacar (UAE Emirates) a été le premier à fermer, puis 15 à 20 autres hommes sont revenus et nous étions de retour à la case départ.

La première échappée est annulée, la deuxième démarre : la bonne

Et puis Ghebreigzabhier fut racheté, repris par Steinhauser; après le GP -59 (remporté par l’Africain), le duo a gagné une marge minimale, de l’ordre de quelques dizaines de secondes. Il était 50″ quand, au col de Brocon (premier col, côté de l’hôtel du même nom), Marco Frigo repartait lui aussi à -43. Le groupe ne réagit pas et en un instant Amanuel-Georg put se targuer de deux des minutes entières dessus, avec de l’italien entrecoupé à mi-chemin.

Jusqu’à ce que DSM recommence à pousser ; à -40 Frigo a été rattrapé, les leaders étaient à moins d’une minute, mais ici la propulsion de l’équipe néerlandaise a été bloquée, l’équipe a commencé à tirer Grenadiers INEOS et la course – comme presque toujours lorsque les Britanniques mènent – est redevenue droguée. A 2,5 km du sommet de Brocon (-34 de l’arrivée) Steinhauser séparait Ghebreigzabhier ; et au GP -32 il l’a précédé de près d’une demi-minute, tandis que le groupe maillot rose (encore à deux minutes) était précédé de quelques secondes par Christian Scaroni (Astana) et encore Frigo.

Ce dernier a voulu jouer encore un peu le rôle de l’intercalé, tenant dans cette position jusqu’à la moitié de la montée finale vers Brocon (de l’autre côté). Alors que le groupe maillot rose récupérait le joueur de 24 ans de Bassano, Steinhauser il avait pris 3′ d’avance, pratiquement une police d’assurance sur la victoire.

Malgré tout, quelques bagarres éclatent encore entre les grands noms. Le rythme de Thymen Arensman (INEOS), bien que régulier, fait mal Ben O’Connor (Decathlon AG2R La Monde), qui a perdu le contact à 3 km ; comme la situation s’était un peu échauffée, Tadej a jugé préférable de faire un autre barbecue et s’est éloigné à 2500 mètres : trop tard pour rattraper le courageux Georg, mais encore à temps pour s’éloigner un peu plus de tous ses adversaires.

Le classement évolue peu mais il s’agrandit inexorablement

Donc c’était ça: Steinhauser a gagné – sous les acclamations comme d’habitude du bel Urbano Cairo, qui sortait du dôme de la voiture du directeur de course, derrière le coureur – et Pogacar a terminé deuxième, à 1’24”. A 1’42”, le petit groupe avec Antonio Tibéri (Bahreïn-Victorious), Geraint Thomas (INEOS), Dani Martínez (BORA-Hansgrohe), Einer Rubio (Movistar) et Romain Bardet. Pas d’énormes écarts, même pour ceux qui ont payé plus cher, comme Lorenzo Fortunato (Astana Qazaqstan), 11ème à 2’22”, O’Connor (2’23” de Steinhauser, 59″ de Pogi) ou Filippo Zana (Jayco AlUla), qui termine à 2’27” et est le seul parmi les dix premiers à avoir perdu une place au classement, au profit de Rubio.

Au classement général, l’écart entre le maillot rose et les autres s’élargit chaque jour : aujourd’hui, le poids de Martínez en deuxième position s’élève à 7’42”, 8’04” pour Thomas, 9’47” pour O’Connor, 10’29” celui de Tiberi, toujours cinquième. Zana paie 13’52” et est neuvième ; l’affluence italienne continue dans les années 20 : si Domenico Pozzovivo (Groupe VF) perd six places et se retrouve vingtième. Giovanni Aleotti (BORA) chute à la 25ème place, on note l’entrée de Damien Caruso à la 19ème place ; plus tard, nous avons toujours Fortunato 11, Davide Piganzali (Polti Kometa) 13ème e Luca Covili (Groupe VF), qui se hisse à la 15ème position ; juste en dehors des années 20, c’est aussi pressant Nicolas Concile 21.

Demain sera la seule pause dans la série d’étapes de montagne de cette troisième semaine Tour d’Italie 2024: la dix-huitième étape sera la Fiera di Primiero-Padova, 178 km presque entièrement plats. Le problème ne sera certainement pas l’altitude : au pire, la pluie.

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