“Je ne sais pas si je peux continuer.” Se retire désormais de Roland Garros

Je reste ici. L’homme est sale, blessé, boiteux, mais enfouis dans son visage déformé par la fatigue, se trouvent les yeux scintillants d’un enfant planté au centre de son parc d’attractions. Je ne pars pas, dit Novak Djokovic avec des gestes aux Parisiens en liesse après le deuxième exploit consécutif de sa quiétude heureuse, les jeunes (Musetti, 22 ans, Cerundolo, 25 ans) le transpercent de flèches et Achille ne meurt jamais, bien au contraire : il se donne 9 heures et 8′ de combats dans la boue en l’espace de 72 heures tandis que Jannik Sinner, qui revient aujourd’hui sur le terrain contre le Bulgare Dimitrov en quarts de finale de Roland Garros, commence à se demander avec quels arguments il pourra persuader le roi qui refuse de devenir grand d’abdiquer .

La dispute avec sa femme

Ils appellent ça du tennis. Mais la psychanalyse de plein air n’est pas qu’un sport Djoker partage avec nous tous le lundi où il semble à nouveau sur le point de s’effondrer (Sinner est assuré de devenir n.1 le 10 juin, dans ce cas) et réussit plutôt le miracle d’avancer un peu plus la nuit. Là où était Musetti, un Argentin avec une lignée totalement inadaptée à cette histoire de couloirs de vie et de mort depuis le début – il s’agit de cela et de rien d’autre, eros et thanatos – et donc parfait pour le rôle de la victime, l’agneau de la Pampa à sacrifier aux dieux pour garantir la survie des meilleurs, au moins pour un autre tour, à condition que le physique d’un vieux de 37 ans permette au Serbe encore un exploit surhumain : à en juger par la grimace de sa femme Jelena dans les tribunes, sur laquelle Djokovic, au comble de la frustration, est venu s’en prendre (la dispute conjugale diffusée dans le monde entier, une pièce inédite), peut-être pas.

Le scénario a déjà été vu. Novak annexe le premier set puis a un déclin aggravé par un problème musculaire à la jambe droite (“Une gêne devenue douleur”), il appelle le médecin, secoue la tête, joue sous analgésiques (“Mais je ne sais pas si Je pourrai continuer – prévient-il -, je ferai quelques tests…”), accuse le terrain (“J’ai demandé qu’il soit balayé plus souvent : ils m’ont dit non”), tandis que Cerundolo avance deux sets contre un. Mais ce n’est pas fini, ce n’est jamais fini avec Djoker qui se remet d’un break au quatrième, retrouve un peu de mobilité et d’étirement, annule une occasion mortelle de mener son adversaire à 5-5, se traîne au cinquième, s’accroche au mémoire de lui-même et aux énergies qui semblaient perdues.

La polémique sur les champs

Il s’était déjà plaint du défenseur central à Paris lors de la lutte avec Musetti, il revient à la charge : «Bon travail les gars, les champs ne sont pas du tout glissants…» il se moque de l’arbitre de chaise qui s’est relevé d’une chute audacieuse qui le laisse couvert de saleté et furieux, peut-être à court de force mais pas de sarcasme tranchant. Que peut-il se passer, encore une fois, dans ce match surréaliste et très dense ?

Que Djokovic gagne, bien sûr, 6-3 dans le cinquième set en tête d’un match pour peu qu’une fuite intercontinentale vers l’Est, 4,39′, il grappille la 370e Victoire en chelem (dépassement de Federer bloqué à 369 : un record pour sa collection personnelle) et célèbre par un discours en français bâclé (il ne peut pas avoir tous les talents) la 428ème semaine (non consécutive) qu’il a entamée comme numéro un du classement.

Il y a des champions qui refusent la défaite. Mais Djokovic est au-delà de ça, il rejette la notion d’âge qui s’impose, il n’envisage pas de passation volontaire. Il faudra le faire tomber (le Norvégien Ruud tentera demain en quarts de finale) ou le convaincre que le tennis est entre de bonnes mains même sans lui. Est-ce une coïncidence si Jannik Sinner se tourmente de plus en plus souvent les doigts ?

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