Speculoos-3 b, une planète semblable à la Terre

Speculoos-3 b, une planète semblable à la Terre
Speculoos-3 b, une planète semblable à la Terre

Vue d’artiste de l’exoplanète Speculoos-3 b en orbite autour de son étoile. La planète est aussi grande que la Terre, tandis que son étoile est légèrement plus grande que Jupiter, mais beaucoup plus massive. Crédits : Lionel Garcia.

Il est bon de le dire d’emblée : ce n’est pas une planète propice à la vie. Bien que rocheuse et de taille similaire à la Terre, la planète découverte par le projet Speculoos ne possède pas les caractéristiques adéquates pour accueillir la vie. Mais il s’agit tout de même d’une découverte importante dans la recherche de planètes potentiellement habitables, car elle a pleinement atteint l’objectif du projet : trouver des planètes semblables à la Terre autour d’étoiles naines ultra-froides.

Vous vous souvenez peut-être du système planétaire Trappist-1, le premier découvert autour d’une étoile du même type, et qui exagérait vraiment en termes de richesse – avec ses sept planètes telluriques. Le projet Speculoos – littéralement Search for Planets Eclipsing Ultra-cool Stars, et oui, le nom fait penser aux biscuits à la cannelle – porté par l’astronome Michel Gillon de l’Université de Liège, est son héritier le plus direct. Le projet est en effet né en 2017 dans le but de rechercher des exoplanètes autour des étoiles naines ultrafroides les plus proches en utilisant le télescope trappiste comme prototype.

L’étoile en question est située à 55 années-lumière de la Terre, a des dimensions similaires à celles de Jupiter, est deux fois moins chaude que le Soleil, dix fois moins massive et cent fois moins lumineuse. Cependant, elle vivra environ cent fois plus longtemps, à tel point que l’on pense que les étoiles comme celle-ci sont les dernières à briller lorsque l’univers devient froid et sombre. Il ne s’agit pas d’une catégorie particulière d’étoiles, bien au contraire, elles sont assez communes, mais il est difficile de les observer car elles sont – justement – ​​peu brillantes et donc peu visibles. Et on sait peu de choses sur leurs planètes non plus, même si on pense qu’elles représentent une fraction importante de la population planétaire de la Voie lactée.

Pour avoir de bonnes chances de détecter un transit de planètes autour d’étoiles naines ultrafroides, il faut les observer une à une, pendant des semaines entières. Ce qui nécessite un réseau dédié de télescopes robotiques professionnels. C’est pour cette raison que des astronomes de l’Université de Liège ont lancé le projet Speculoos (qui a débuté au niveau d’un prototype avec Trappist), géré conjointement par les universités de Liège, Cambridge, Birmingham, Berne, Mit et Eth Zürich. Les quatre télescopes robotiques d’un mètre de diamètre du réseau sud du projet Speculoos sont situés à Cerro Paranal, au Chili, à plus de 2 500 mètres d’altitude, et observent le ciel dans les longueurs d’onde du proche infrarouge. Leur première planète découverte, dont il est question dans un article publié aujourd’hui par Astronomie naturelleil s’appelle Spéculoos 3-b.

“Elle a pratiquement la même taille que notre planète”, explique l’astronome Michel Gillon, premier auteur de l’article et leader du projet. «Une année, c’est-à-dire une orbite autour de l’étoile, dure environ 17 heures. Pourtant, les jours et les nuits semblent ne jamais finir. En fait, nous pensons que la planète tourne autour de l’étoile de manière synchrone, c’est-à-dire toujours face à elle du même côté – le côté ouvert, tout comme la Lune le fait pour la Terre. Le côté nuit, cependant, reste coincé dans une obscurité sans fin. »

L’étoile Speculoos-3 est bien plus froide que le Soleil : sa température moyenne est d’environ 2 600 degrés. En raison de son orbite hyper courte, la planète reçoit chaque seconde près de seize fois plus d’énergie de son étoile que la Terre n’en reçoit du Soleil, et est donc littéralement bombardée par un rayonnement de haute énergie. Il est peu probable – estiment les chercheurs – qu’une atmosphère puisse se développer autour de la planète dans des conditions similaires. Tout comme il est peu probable qu’il soit capable de développer et de maintenir une quelconque forme de vie. Cependant, elle reste une planète intéressante à étudier également avec le télescope spatial Webb, pensent les auteurs, qui pourrait voir sa minéralogie et profiter de l’absence d’atmosphère pour étudier son étoile plus en profondeur. Pour les candidats plus prometteurs à vie, il faudra cependant attendre les prochaines découvertes.

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