« Comme Moïse, nous pouvons nous aussi monter dans la présence du Seigneur pour converser avec Lui » – Exaudi

À Son Excellence Révérende
Mgr Constantino Barrera
Évêque de Sonsonate
et à tous les dévots de Jésus de Nazareth

Chers frères et sœurs,

Je vous remercie de m’avoir permis de participer à la commémoration de l’arrivée de l’image de Jésus de Nazareth sur ces terres, en 1604, et de m’avoir donné l’opportunité de me joindre à votre célébration en ce vendredi saint solennel.

Il est significatif de voir comment le Seigneur utilise notre pauvre langage pour nous transmettre le message divin. Aujourd’hui encore, nous attendons, comme nos ancêtres l’ont fait il y a plus de 400 ans, de voir apparaître l’image de Jésus de Nazareth. Mais que voulons-nous voir ? Une belle statue ? Une œuvre d’art précieuse ? L’agitation des gens ? Rien de tout cela, comme chaque année, si nous regardons par la porte de notre maison, c’est pour voir Jésus venir, nous souvenant, d’une certaine manière, de l’attitude du peuple d’Israël, lorsque, chacun à l’entrée de sa tente, suivi de le regard de Moïse qui se dirigeait vers la Gloire de Dieu (cf. Ex 33, 8).

Comme Moïse, nous pouvons nous aussi monter dans la présence du Seigneur pour converser avec Lui, « face à face, comme un homme parle avec un ami » (voir 11). Nous pouvons le faire dans la prière, si nous imitons sa foi. Dans cette prière, Moïse a demandé au Seigneur quelque chose que nous recherchons aussi : « qu’il lui montre son chemin » (cf. Ex 33, 13). Dieu lui a promis : « ou je marcherai avec toi et je te donnerai du repos » (v. 14), et avec cette confiance, le prophète traversa le désert. Cependant, comme Dieu était si grand, Moïse n’a pas eu l’occasion de voir son visage (voir v. 20) et face aux épreuves de la vie, sa confiance a souvent faibli. Nous pouvons cependant contempler le visage divin et sentir ses pas marcher à nos côtés. C’est la promesse que Dieu nous fait lorsque le Nazaréen dévie ses pas pour entrer dans notre quartier, traverser notre rue et s’arrêter à la porte de nos maisons. Son regard d’amour dépouillé nous scrute et nous interroge, comme il le fait avec saint Pierre, en nous disant : « est-ce que tu m’aimes ? (voir Luc 22, 61 ; John 21, 15-17).

Frères, malgré notre indignité, notre ingratitude constante, répondons-lui toujours avec générosité : « Seigneur, tu sais que je t’aime ». Car, en répondant ainsi, nous reproduisons dans notre vie l’attitude des Israélites, qui restaient « prosternés », chacun à l’entrée de leur tente, lorsque la Gloire de Dieu descendait sur eux (voir 10). Dans cette attitude d’adoration, montrons-nous dociles aux mouvements de son Esprit qui, comme la nuée de feu, guide nos pas dans ce désert (cf. Ex 40, 37).

Comme il serait triste si chaque année, en ce Vendredi Saint, nos cœurs restaient simplement « à regarder du balcon » une scène curieuse, sans nous prosterner devant le passage de Jésus, sans entendre, comme Pierre, son invitation à le suivre (voir John 21, 19). Quel dommage si nous ne comprenions pas que c’est en nous accrochant à sa Croix que nous sommes capables de marcher avec Lui, et si nous ne nous apercevions pas que c’est Lui qui porte ce joug pour que nous puissions trouver notre repos.

Frères, aujourd’hui le Seigneur, comme chaque année, comme à chaque instant, vient à notre rencontre, suivons-le, le portant sur nos épaules, le consolant dans la blessure ouverte de nos frères souffrants. Demandons-lui de nous montrer comment nous devons « glorifier Dieu » par notre vie, en faisant de notre service une louange, dans notre travail quotidien, dans notre famille, dans notre engagement à créer une société plus fraternelle, en substance, dans le témoignage de bien que nous pouvons tous donner, quelle que soit la vocation à laquelle nous avons été appelés (cf. John 21, 19).

Que Jésus de Nazareth du Calvaire vous bénisse et que sa Mère Douloureuse vous garde. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.

Fraternellement,

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 22 mars 2024, Vendredi des Douleurs.

Francesco

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L’Osservatore Romano, Année CLXIV n. 72, jeudi 28 mars 2024, p. dix.

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