Macron courtise les modérés, le pacte Le Pen-gaulliste tient

La campagne électorale pour le renouvellement de l’Assemblée nationale française débute officiellement ce soir à minuit. Une campagne éclair : treize jours et on saura si le pari de Macron de dissoudre le Parlement après la défaite aux élections européennes se transformera en boomerang pour lui et en révolution pour le pays. Hier, le délai de dépôt des candidatures pour les 577 circonscriptions a expiré, ce qui donne déjà naissance à un paysage politique complètement secoué par un séisme. Les partis ont disparu, trois blocs vont s’affronter, avec quelques failles dans les alliances déclarées.

LA DROITE

A droite, le Rassemblement National dirigé par le Premier ministre Jordan Bardella profite du pacte historique avec l’aile dure des néo-gaullistes dirigée par le président des Républicains Eric Ciotti. Environ soixante-dix candidats avec un seul drapeau néo-gaulliste et un rassemblement national. Ciotti est le plus célèbre, il portera la cause commune de l’extrême droite et de la droite néo-gaulliste dans son fief, à Nice. Pourtant, aucun des députés sortants ni les grands noms du parti ne l’ont suivi. Les Républicains « loyalistes » devront attendre la décision de justice (attendue en fin de semaine) pour savoir à qui appartiennent désormais les droits d’auteur du logo. Entre-temps, les néo-gaullistes non-gaullistes du Rassemblement national ont présenté des candidatures indépendantes, même si des pactes de non-belligérance avec le camp présidentiel se profilent dans plusieurs circonscriptions. Tout cela se déroule dans un climat de tension croissante. Hier, le député néo-gaulliste sortant (non aligné sur le RN) Jean-Jacques Gautier, qui comparaît dans les Vosges, a rapporté avoir reçu des menaces de mort signées par un autoproclamé “commando RN du département” : “Renoncez ou nous vous tuera”. La ministre de la Culture Rachida Dati, ancienne ministre de Sarkozy, a exprimé sa solidarité immédiate.

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LA GAUCHE

A gauche, l’alliance du nouveau Front Populaire devra lutter pour maintenir ensemble des composantes allant de l’ex-président Hollande – le candidat le plus célèbre et ancien parrain politique de Macron, qui prend le terrain dans sa Corrèze – jusqu’aux anti- Le capitaliste Philippe Poutou est surnommé « le porte-parole du Hamas ». Le parti la France Insoumise, qui est également le plus fort de la coalition avec 277 candidats, est le plus visé. Son leader Jean-Luc Mélenchon, tribun de la gauche radicale, accusé de cultiver des idées antiparlementaires, du passé de Poutine et de pratiques autoritaires, a tenté hier de rassurer alliés et électeurs en affirmant pour la énième fois en direct à la télévision que « si vous ne Je ne veux pas être Premier ministre, je ne le serai pas. » Les critiques sont désormais ouvertes même au sein de son parti. Hier Adrien Quatennens – soutenu par Mélenchon – a retiré sa candidature et a été condamné en 2022 pour violences conjugales. Toutefois, les candidatures de trois opposants internes au leader ont été confirmées. «Je ne serai jamais le problème du Front populaire – a déclaré hier Mélenchon – mais j’aimerais savoir quand cessera ce tir ciblé contre moi. Me diffamer et défendre des politiciens professionnels ne sert que les intérêts de nos adversaires. »

LES MACRONIENS

Campagne également en cours pour le camp présidentiel, où la coalition semble toujours affectée par la décision de dissolution du Parlement prise par Macron dans le plus grand secret, avec un dédain particulier du Premier ministre Attal qui aurait préféré la démission à cette campagne éclair entachée par des sondages qui n’indiquent pas un renversement de la situation par rapport aux situations européennes. Les manœuvres ont immédiatement commencé pour tenter de gagner des voix dans les zones modérées de droite et de gauche, désormais réduites à quasiment zéro. A gauche, la ligne est d’attirer les « sociaux-démocrates » qui peinent à voter pour une coalition dans laquelle existe une frange radicale forte et large. Hier, la position de l’ancien ministre des Transports de Macron, Clément Beaune, issu de la gauche et non confirmé au gouvernement car désaccord sur la loi sur l’immigration, est apparue significative. Beaune reste candidat à Paris pour le parti Renaissance macronienne mais a annoncé que s’il était élu, il pourrait siéger dans un groupe indépendant. «J’ai des points communs avec les écologistes et les socialistes, mais s’ils sont alliés à la France Insoumise, c’est un problème – a-t-il déclaré hier – Maintenant, nous ne pouvons pas être alliés, mais nous pourrions travailler ensemble demain. Je pense, comme beaucoup, que dans le nouveau Parlement, nous devrons nous organiser d’une nouvelle manière et que nous aurons besoin de coalitions de sociaux-démocrates, de modérés, de républicains et de laïcs qui rejettent l’extrémisme. »

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