L’exploitation est le moteur avec lequel elle procède

On nous raconte une histoire qui devrait rassurer ceux qui se soucient du sort des travailleurs. On avance que l’agriculture industrielle, afin de maintenir des prix bas pour les consommateurs, “est obligée d’économiser sur les ressources utilisées pour le travail”. En d’autres termes, ils veulent nous convaincre que payer 2 ou 3 euros de l’heure à un travailleur clandestin pour cueillir des fruits ou des légumes ou effectuer des travaux aux champs est justifié par la nécessité de rendre les produits alimentaires disponibles à des prix accessibles à tous.

Rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité. Selon l’indice des prix à la consommation des familles d’ouvriers et d’employés, il était de 100 pour 2015, en 2020 il était proche de 105, en avril 2021 il dépassait déjà 105, en janvier 2022 (avant la guerre en Ukraine) il était proche de 110 et d’octobre 2022, il s’est établi à environ 120 jusqu’en avril 2024. De 2000 à 2024 (avril), ces prix ont augmenté de 58,9 %. La preuve réside dans les données les plus récentes relatives à l’évolution de la consommation alimentaire.

En 2023, les dépenses pour tous les secteurs alimentaires augmenteront. En particulier, les dépenses en œufs (+14,1%), pour les secteurs du lait et dérivés (+11,7%) et des dérivés céréaliers (+11,7%) sont en croissance. Les augmentations des dépenses en viande ont également été importantes (+6,7%). Plus généralement, les dépenses consacrées à la consommation alimentaire intérieure ont augmenté de 8,1% par rapport à 2022 mais le volume des produits alimentaires achetés a diminué. Vous payez plus pour acheter moins.

L’agriculture industrielle a une finalité banale et visible : stabiliser ou augmenter les profits tirés du capital investi dans les activités agricoles et ce, puisqu’elle est fragilisée par sa dépendance à l’égard d’approvisionnements en amont dont elle ne contrôle pas les prix (énergie, semences, machines, logistique). .. ), utilise un mécanisme évident, celui de la réduction du coût du travail. Jusqu’à l’esclavage.

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En cela, le gangmastering n’est qu’un corollaire, c’est la structure productive de ces entreprises qui – vantée comme compétitive, moderne et “très italienne” – trouve dans l’exploitation du travail le moyen le plus simple de garantir des niveaux de profit stables, pour ensuite confisquer la part plus importante que le financement public de l’agriculture, tant européenne qu’italienne. En aucun cas le pouvoir de marché du commerce de détail à grande échelle ne peut justifier ces pratiques.

S’il y a des prix bas payés à l’entrée des entreprises agricoles, ceux-ci profitent à la grande distribution et à l’industrie agroalimentaire, dite « made in Italy », et certainement pas au consommateur. Mais il existe également un autre mécanisme d’exploitation, ou plutôt d’auto-exploitation. Les petites ou moyennes entreprises agricoles, qui vivent du travail de l’agriculteur, qui ne reçoivent que quelques centimes d’aide publique à l’agriculture (« quelques hectares, un peu d’aide ») et qui produisent essentiellement pour le marché intérieur, doivent concurrencer sur le même espace de marché que les grandes entreprises agricoles, celles qui reçoivent de l’argent provenant de fonds publics. Concurrence déloyale entre différents systèmes économiques, avec des logiques différentes.

Les prix payés aux entreprises qui emploient des salariés ne rémunèrent pas le travail de l’agriculteur qui travaille directement et seul sur son entreprise. S’il veut conserver son emploi, il doit s’exploiter autant que son énergie le lui permet, peut-être en demandant l’aide d’un membre de sa famille. Et les données le confirment.

Le nombre de travailleurs agricoles indépendants (agriculteurs directs) a diminué à deux chiffres au cours des dernières décennies, mais le nombre total de jours de travail par an sur leur exploitation n’a diminué que de quelques points de pourcentage. De nombreuses exploitations paysannes disparaissent (2 sur 3 au cours des 38 dernières années), ceux qui restent parmi ceux qui survivent travaillent beaucoup plus qu’auparavant. Et c’est la situation d’environ 900 000 petites entreprises agricoles.

*Association rurale italienne

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