«Un amour maudit comme Bonnie et Clyde. Nous nous inspirons de Robbie Williams et Nicole Kidman”

«C’est un duo». Annalisa utilise exactement ce mot. Un terme qui a disparu du jargon du disque, une définition hors du battage médiatique, dépassée par l’« exploit » international ou la « collaboration » plus froide. Aujourd’hui est sortie « Storie brevi », une chanson de Tananai et Annalisa. Ils forment le couple royal de la pop italienne, 67 disques de platine à eux deux, elle vient du hit de Sanremo “Sincerely” et lui de “Veleno”, un hit radio de ces derniers mois. La chanson est l’histoire du début d’une relation bouleversante, d’une passion loin des cœurs en plastique et des délits de fuite. Annalisa poursuit : « C’est un vrai duo chanté, une vraie chanson ou pas, n’en déplaise à tous puisque nous les avons fait aussi, ces collaborations classiques avec des espaces divisés en deux ».

Vu l’ambiance rétro de la pièce, on pourrait dire Mina et Celentano…
R : « Au début, je n’y pensais pas… Dès que nous avons dévoilé quelques secondes sur les réseaux sociaux, les gens ont commencé à faire la comparaison. Si nous aspirions à former un duo, c’était vraiment ça.”
T : « Parfait. Je suis fan du romantique Celentano et Mina est géniale.”
R : « Quand j’ai entendu la chanson pour la première fois, j’ai pensé à « Somethin’ Stupid » dans la version de Robbie Williams et Nicole Kidman, ou à Nick Cave et Kylie Minogue et à bien d’autres histoires dans lesquelles nous nous sommes insérés à notre manière. En dehors de la musique, les références sont des amours maudits et des complicités obscènes comme Bonnie et Clyde ou Lupin et Margot.”
T : « Dans la réalisation je me suis inspiré de la French touch, notamment des Daft Punk, mais aussi du rock des Strokes. Ils m’ont semblé être des univers adaptés à la voix d’Annalisa, puissante, raffinée et élégante.”

On ne parle pas de sable, de costumes, de mojitos… Il n’y a pas de rythme latino… Vous courez pour l’anti-accroche ?
T : « Puisque nous sommes dans le processus, j’espère qu’on le fera quand même (rires)… Ce que j’aime dans cette chanson, c’est qu’elle n’est pas seulement estivale, je l’écouterais aussi en novembre. Il aurait été dommage de s’unir pour faire quelque chose de limité. Ce n’est pas bien de penser à la musique pour le hit ou pour Sanremo : je veux faire de belles chansons.”
R: «C’est à partir de là que tout commence, on ne peut pas y penser en fonction du mois au cours duquel on les publie».

Pop sans renoncer à l’engagement. Tananai, vous et Ghali avez été les seuls à exprimer votre solidarité avec le rappeur iranien Toomaj Salehi condamné à mort par le régime pour sa musique…
T : « Ce n’est pas obligatoire mais pour ceux qui ont un public je trouve nécessaire et juste de se sentir aussi un peu responsable et d’exprimer sa vision du monde. Je le fais en essayant de ne jamais devenir un professeur ou un juge immaculé. »

Annalisa sera cependant la marraine de Pride…
R : « Si je me sens touché par un sujet, ma conscience s’active et je m’expose. Je crois que cela peut aussi être fait avec la musique pop, car la vitesse des chansons pop apporte d’importantes pilules de sensibilisation. »

Les premiers mots : «On dirait qu’on est en août 96», Annalisa avait 11 ans…
R : « Cela évoque une sensation, une atmosphère. J’étais petit mais je me souviens des ambiances musicales du milieu des années 90 comme Vento d’estate de Gazzè et Fabi… Mon esprit est revenu à cette période, cela me rappelle des moments de détente.”

Tananai a rampé en 1996…
T : « Oui, j’avais un an et je ne me souviens de rien. Mais j’aime l’idée de détente. Autrefois, avec les pièces d’été, j’avais l’impression d’aller au bordel, ici c’est la légèreté.”

« Tout le monde est à la mer, pas nous » se disent-ils… Vos vacances idéales ?
R: «La mer reste idéale, mais je n’ai qu’une attente pour les prochaines vacances : ne rien faire, puis vient le lieu».
T : « Je préfère la mer à la montagne, mais mieux encore est un festival, qu’il s’agisse de musique électronique ou comme le Sziget à Budapest où je me souviens encore d’une performance des Foo Fighters. Ce sont des situations où, en plus de la musique, on apprend à connaître des gens de différents endroits. »

« Les autres sont toutes des nouvelles » : vos étés sentimentaux ?
R: «Je suis soumis, je n’ai jamais réussi à avoir des histoires courtes».
T: «Je suis aussi soumise… C’est vrai que lorsque nous parlons de relations estivales, nous pensons au plaisir et à la luxure, mais elles restent dans notre mémoire précisément à cause de la légèreté et de la détente que procure le moment présent».

L’insouciance et la détente semblent étrangères à la musique pop d’aujourd’hui qui vit dans l’urgence et toujours sous pression…
R : « Tout est plus compliqué et plus rapide, mais le secret est de penser à long terme. Je ne pense pas à la prochaine chanson, mais aux deux prochaines années. Et nous devons trouver un équilibre entre être toujours là et disparaître, ce qui était autrefois nécessaire.”
T : « Ce n’est pas facile de trouver l’équilibre, mais je pense que je dois seulement répondre à moi-même et à mes fans, pas à la logique des charts ».

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