GUERRE CIVILE – Unforgiven – Critiques de films et actualités

GUERRE CIVILE – Unforgiven – Critiques de films et actualités
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Je vais essayer d’aller droit au but. Plus qu’un film sur la valeur documentaire des images de guerre (je dirais plutôt le contraire), sur la nécessité de photographier l’horreur comme instrument d’un éventuel éveil d’une conscience collective (pas vraiment), sur la peur d’un free-for -tout ça Guerre civile un travail sur les conséquences extrêmes d’un débat public de plus en plus polarisé (et ce postulat serait acceptable, même selon le réalisateur lui-même, mais en anticipant que le film évite toute interprétation politique), le dernier film d’Alex Garland ne me semble même pas un réflexion trop voilée sur la réduction de l’image de l’Autre. Sur le résultat d’une expulsion continue du différent, sur sa stylisation et clonage ce qui aurait conduit les États-Unis à se diviser en deux dans une guerre civile dont on ne sait rien sinon qu’il y a deux factions l’une contre l’autre : après tout, qui a besoin de motivation pour une guerre si les participants eux-mêmes rejettent toute complexité (« quelqu’un veut nous tuer, et nous voulons le tuer ») ? Ce n’est pas nouveau si l’on pense que Garland est devenu obsédé par les clones, équilibrant sa carrière derrière la caméra autour du rapport entre copie et original : ce n’était pas le cas. Ex Machina un film sur la capacité d’une figure robotique rendue à notre image et ressemblance nous tromper en nous fournissant un faux miroir ? Ce n’était pas Annihilation un film sur le corps qui se rebelle contre lui-même (dans la tumeur, dans le sosie que chacun de nous porte avec lui), comme s’il avait sa propre autonomie ? Et encore une fois : ce n’était pas le cas Développeurs une série télévisée sur le caractère insaisissable d’une image-clone, celle d’une fille décédée, incapable de ressusciter comme la mémoire d’un père la maintenait en vie ? En y regardant de plus près, même les maltraités (soupir !) Hommes c’est un film sur la réduction à l’image de l’autre : celle d’un homme, un mâle, qui devient un simulacre de tous les hommes, et donc une image sombre, protéiforme, cancérigène, horrifiante, violente et maudite, capable d’auto- se régénérer d’une manière différente mais toujours menaçante devant les yeux d’une femme terrifiée ?

Ici aussi, dans Guerre civileles hommes semblent avoir disparu au profit d’une série de caractère plat, des personnages volontairement plats, de simples fonctions, une série d’attributs pour des yeux qui doivent définir instantanément qui ou quoi est devant eux, mais sans réellement les prendre en considération. Ils sont les protagonistes, et donc ils sont nos yeux, mais sommes-nous sûrs de vouloir vraiment regarder à travers ces yeux qui, au fond, ne voient que des icônes (des drapeaux et rien d’autre) sans aucune profondeur ? Choisissez votre paire de lunettes : celles d’une photojournaliste totalement insensibilisée aux images violentes, à tel point qu’elle demande à un homme armé de poser sous deux corps pendus, ou celles d’une petite fille qui l’a toujours mythifiée, mais toujours capable de la photographier. après l’avoir (involontairement ?) fait mourir (en tant qu’héroïne, de toute façon, elle sera remplaçable par son clone, un photojournaliste du même nom dont la jeune fille elle-même nous met en garde au début du film), dans un style progressif entrée dans le monde des images qui oublient leurs référents ? Nous sommes dans le monde miroir, messieurs. Ce monde miroir auquel Naomi Klein a consacré son dernier essai Double. Mon voyage dans le monde miroirce monde dans lequel « il y a toujours un récit et une réponse imitative » (encore une fois : « quelqu’un veut nous tuer, et nous voulons le tuer »), une Amérique « où la fiction est réalité, […] où vous n’êtes même pas capable de vous reconnaître. L’essai, sans surprise, part d’une histoire de doubles pour nous entraîner dans un monde où l’autre est diabolisé malgré tout, où tout se confond et tout est l’envers de soi, son négatif (pour s’en tenir à une belle séquence de film). Comme un militaire demandant « quel genre d’Américain êtes-vous ? » décider de la vie ou de la mort d’une personne; comme un journaliste qui ne voit pas dans le Président un homme qui meurt, tué de sang-froid, mais la possibilité d’une déclaration qui donne un sens à son parcours. Il n’y a pas d’idéologie mais seulement des symboles, des miroirs et des images vidées de sens. Esthétique d’une guerre où tout tourne autour des images de la mort, revendication d’une iconographie du réel, mais où, comme dans Fureur par David Ayer, les plans ont la forme de faisceaux laser de Guerres des étoiles. La guerre des clones, donc? Eh bien pourquoi pas?

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