Khan Younis dit que la vie des Palestiniens n’a pas d’importance

Khan Younis dit que la vie des Palestiniens n’a pas d’importance
Descriptive text here

Un bombardement israélien sur Rafah a tué dimanche seize enfants et six femmes. Dans les mêmes heures, une nouvelle fosse commune était découverte, à l’hôpital Nasser de Khan Younis, après le long siège israélien terminé le 7 avril : 283 corps dans des sacs en plastique, beaucoup ligotés, beaucoup tués à bout portant, probablement exécutés. . Femmes, enfants, personnes âgées.

Lorsque l’offensive prendra fin, les gens marcheront sur les cadavres à Gaza.

Ce n’est pas la première fois. Cela s’était déjà produit à l’hôpital Shifa. Les charniers glacent le sang, sédimentent l’horreur dans l’imaginaire global : c’est l’abus définitif. Ce n’est pas seulement la mort infligée, c’est son humiliation, l’outrage d’un oubli sans dignité. Le charnier de Bucha, en Ukraine, restera dans l’imaginaire européen grâce à l’engagement des dirigeants politiques qui l’ont visité. Ceux de Khan Younis et Shifa ne le sont pas. On ne les trouve pas dans les journaux, si on les trouve, on en doute : c’étaient des combattants, c’est une fausse vidéo, c’était peut-être le Hamas.

La sous-représentation des crimes de guerre commis par Israël – voire leur dissimulation – est l’une des mesures de cette offensive. Elle a des racines historiques, ici et ailleurs. La question israélo-palestinienne est depuis ses origines une confrontation foncière. Mais c’était, et c’est toujours, aussi une comparaison entre récits. Le récit de soi est à la fois source d’identité et voix de cette identité, a fortiori dans un contexte colonial où le déni de l’autre, du subordonné, est un élément structurel de dépossession et d’asservissement.

AU DÉBUT Au XXe siècle, lorsque le mouvement sioniste est arrivé en terre de Palestine, le peuple palestinien avait déjà un sentiment national et nationaliste fortement enraciné et une identité collective complexe (politique, culturelle, sociale). Avec le refus prolongé de l’autodétermination, le besoin de reconnaissance externe est passé par l’utilisation d’un langage universel et partagé, le vocabulaire du droit international.

Le colonialisme de peuplement, l’apartheid et aujourd’hui le génocide constituent la boîte à outils du monde universitaire pour décrire la nature de l’État israélien. Dans l’indifférence. Jusqu’à aujourd’hui : ce lexique est devenu si mondial qu’il résonne dans le hall de la Cour internationale de Justice.

Cela ne résonne pas dans le système médiatique occidental où la violence sémantique sert à justifier la violence concrète exercée dans les territoires palestiniens occupés. En Italie, il s’agit d’une dynamique claire : l’adoption sans réserve du récit israélien, en plus d’être dictée par une proximité avec les revendications de Tel Aviv, est fonction de l’adhésion à un modèle de citoyenneté inégale, de sécuritisme racialisé et de supériorité morale présumée.

Une bonne partie de la presse italienne reproduit ce modèle avec une attitude raciste et néocoloniale. La vie des Palestiniens n’a pas d’importance, tout comme celle des migrants ou des secondes générations importe moins.

Les effets sont visibles : l’utilisation de la langue israélienne même lorsqu’elle est en contradiction flagrante avec les préceptes du droit international, l’absence de ceux qui commettent des violences (avec des Palestiniens morts à la guerre, morts dans l’exode), la remise en question des témoignages palestiniens, l’éloignement du contexte historique.

MAIS SURTOUT, et c’est cela qui génère confusion et douleur, la dissimulation des crimes de guerre israéliens. Massacres d’enfants, raids ciblés contre des écoles, des églises et des mosquées, diffamation d’hôpitaux, attaques contre les couloirs de sécurité lors du passage des personnes déplacées, fermeture des postes frontières pour provoquer la famine, intelligence artificielle pour anesthésier le massacre, rien de tout cela n’est raconté dans sa réalité. mesure de la part des médias qui, à d’autres occasions, ont à juste titre exprimé leur indignation. Les images de prisonniers déshabillés, attachés, les yeux bandés, concentrés dans des stades ou sur des places, ne génèrent pas cela.

Une telle sous-représentation ne touche pas uniquement les Palestiniens. Cela nous incombe : c’est le précurseur de la criminalisation des dissidents, accusés d’antisémitisme dans le « meilleur » des cas, battus à coups de matraque dans le pire.

Cela nous fait penser que le même système médiatique qui évoque les années de plomb et les étoiles à cinq branches pour raconter le mouvement étudiant, confronté aux crimes de guerre en direct à la télévision et à la transformation de Gaza en un lieu impropre à la vie, bavarde encore sur existence ou non d’un “génocide plausible”.

Tags:

NEXT Israël – Le Hamas en guerre, l’actualité du jour en direct | New York, descente de police à l’université de Columbia : des dizaines de manifestants pro-Gaza arrêtés