le parallèle avec le nazisme et l’avertissement à l’Occident accusé de « détruire la paix sur la planète »

DE NOTRE CORRESPONDANT À KIEV
KIEV — Ils ont choisi le Parc de la Victoiresur cette Colline des Arcs qui invitait autrefois les visiteurs à baisser la tête devant le pouvoir de Moscou. Où les triomphes russes ont toujours été célébrés, contre Napoléon et contre le fascisme nazi. Où l’on passe sous un Arc de Triomphe à la parisienne et entre les quinze colonnes de Poutine, qui symbolisent les fronts historiques de l’Armée rouge. Et où à partir de ce 1er mai les trophées de l’Otan conquis en Ukraine sont affichés en souvenir permanent pendant un mois.

Une quarantaine de véhicules blindés, drones et lance-roquettes, ainsi que des armes légères, des cartes militaires, des documents militaires ukrainiens. Un char américain Abrams M1 crevé, un britannique Bradley éventré, un Leopard 1 allemand et un Marder endommagés, un Amx-10RC français brûlé. À notre connaissance, pas de véhicules de fabrication italienne. Les enfants grimpent (et j’espère que les véhicules ont été nettoyés de l’amiante et des particules d’uranium appauvri), les adultes s’offrent un selfie. On ne sait pas qui, comment et où il les a récupérés, mais ces carcasses sont ce dont Poutine a besoin pour un aperçu du grand défilé du 9 mai, celui qui célébrera la victoire de la Seconde Guerre mondiale sur la Place Rouge.

Le spectacle est une imitation de ce qui se déroule également depuis deux ans sur les places, dans les rues et au Musée de la guerre de Kiev : le butin des chars russes détruits, les jeeps carbonisées, jusqu’aux bottes et uniformes ensanglantés des soldats ennemis. Le Kremlin lance deux messages de propagande avec cette installation de guerre.

Il y a l’habituel parallèle entre le nazisme vaincu il y a quatre-vingts ans et «les néo-nazis de Kiev”combattu au cours de ces vingt-quatre mois : de nombreux blogueurs militaires se souviennent comment Staline, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, aimait exhiber les canons détruits d’Hitler (le 1er mai de l’année dernière, lors des cérémonies, après une longue période, des portraits de « Moustache”).

Et puis, plus important encore, il y a leavertissement à l’Occidentau moment même où les premiers camions de missiles et de munitions américains traversent les frontières moldaves et polonaises : si vous envoyez vos armes en Ukraine, nous vous montrerons ce qui leur arrivera. Alors que le Kremlin rejette les nouvelles accusations du Département d’État américain – selon lesquelles les forces russes utiliseraient à plusieurs reprises de la chloropicrine, une arme chimique hautement interdite qui provoque l’étouffement immédiat des victimes -, Poutine répète depuis des jours que l’envoi d’aide depuis L’Amérique et l’Europe «ne changeront pas le cours du conflit et n’empêcheront pas la Russie d’atteindre ses objectifs». Et son porte-parole, Dmitri Peskov, illustre « l’idée géniale » de cette exposition : « C’est une exposition de trophées de guerre qui suscite un grand intérêt parmi les habitants de Moscou, parmi les invités de notre capitale et parmi tous les Russes. Nous pouvons tous voir comment les armes de l’ennemi ont été habillées. »

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, s’est montrée plus acerbe en envoyant une invitation à tous les diplomates occidentaux présents à Moscou pour visiter l’exposition : «C’est l’occasion de voir comment l’Occident détruit la paix sur la planète». C’est aussi l’occasion de raconter l’histoire et l’actualité selon le verbe de Poutine : «Ce spectacle – dit Zakharova – sera d’un grand intérêt pour tous ceux qui croient encore aux mythiques “valeurs occidentales”.. Ou bien ils ne réalisent tout simplement pas l’agression déclenchée par l’OTAN contre le peuple russe. »

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