Il est très pressé Vladimir Poutine. Il a atterri à Pékin avant l’aube, a rapidement traversé la ville dans sa limousine Aurus Senat de six mètres et demi de long, blindée et équipée de tous les gadgets utiles à un grand chef d’État en déplacement (il est fier de cette voiture spéciale produite par l’industrie russe et en a envoyé un en cadeau à Kim Jong-un de Corée du Nord, pour le remercier pour les fournitures de munitions). Devant le Grand Palais du Peuple Place Tiananmen, le président russe a été accueilli par Xi Jinping: 21 coups de canon, défilé d’unités armées pour montrer au monde que le Tsar n’est pas seul, malgré l’isolement que lui impose l’Occident.
Dans la très longue déclaration commune (7 000 mots), il ressort la promesse des deux amis de s’opposer ensemble aux pressions des Etats-Unis, qu’ils considèrent comme « hostile et destructeur » sur le plan économique et militaire. Une démonstration de fraternité idéologique, mais Poutine a désormais besoin d’une aide matérielle pour poursuivre la guerre.
Les relations commerciales entre la Russie et la Chine ont atteint une valeur de 240 milliards de dollars, dont 90 % sont réglés en yuans et en roubles, s’est vanté le tsar. Les économistes notent que le yuan chinois domine 70 % des échanges commerciaux et Le système financier de Moscou est désormais un partenaire minoritaire de Pékin.
Si Poutine est pressé lors de sa visite à Pékin, c’est parce qu’il tente de consolider ses succès sur le champ de bataille ukrainien avant que les forces de Kiev ne reçoivent les nouvelles armes promises par les Etats-Unis. Il a couru vers Xi pour savoir jusqu’où l’ami est prêt à aller, non seulement politiquement, mais aussi en soutenant la machine de guerre russe. L’actionnaire majoritaire chinois répète que Pékin rêve de paix et de stabilité en Europe, mais n’a jamais condamné l’agression contre l’Ukraine et a jeté une grande bouée de sauvetage à l’économie de guerre russe sous embargo. Toutefois, Xi ne peut et ne veut pas détruire les ponts commerciaux avec les États-Unis et l’Union européenne: les exportations vers les USA rapportent 427 milliards de dollars par an à l’industrie chinoise, 550 milliards pour les exportations vers l’UE. C’est pourquoi, contrairement à Poutine, il joue avec prudence.
Il y a un aspect des relations privilégiées qui est discuté en secret : il concerne le système de paiement russe des Fournitures chinoises « à double usage »tant civiles que militaires, de technologies et de machines qui permettent à l’industrie de guerre de Moscou de reconstituer l’arsenal de missiles, de chars et d’avions usés en Ukraine. La Maison Blanche a dénoncé le jeu et menace d’imposer des sanctions non seulement aux entreprises chinoises qui fournissent le matériel, mais aussi aux banques à Pékin qui gèrent les transactions. Les banques chinoises inscrites sur liste noire ne pouvaient plus recevoir de paiements occidentaux pour des produits fabriqués en Chine.
C’est la nécessité d’agir avec prudence qui, selon toute vraisemblance, a provoqué le baisse des exportations chinoises vers la Russie: -15% en mars et -13% en avril. Mais les voies des triangulations sont infinies. Exemple concret : en 2023, les importations du Kirghizistan de roulements à billes chinois ont bondi de 1 500 %. Ces disques métalliques sont “à double usage”, ils conviennent également aux tanks. Il est facile de soupçonner que les Kirghizes se sont approvisionnés en Russie.
Poutine a amené avec lui le nouveau ministre de la Défense Andrei Belousov, un économiste qui a entretenu d’excellents contacts avec les Chinois et sa nomination est aussi la preuve de cette tactique qui vise à renforcer collaboration dans le secteur de la production militaire. La délégation russe comprenait également le gouverneur de la Banque centrale, le ministre des Finances et le directeur des services de contrôle financier. Tous les personnages qui savent comment faire Importer / Exporter déplacer de l’argent avec le discrétion maximale.
