Pression de la BCE sur les banques : éloignez-vous immédiatement de la Russie. Mais les expropriations sont redoutées

Pression de la BCE sur les banques : éloignez-vous immédiatement de la Russie. Mais les expropriations sont redoutées
Pression de la BCE sur les banques : éloignez-vous immédiatement de la Russie. Mais les expropriations sont redoutées

DeFederico Fubini

Les banques européennes subissent des pressions opposées : la BCE demande à Raiffeisen, Unicredit, Intesa Sanpaolo, Commerzbank ou Deutsche Bank d’accélérer leur désengagement, Moscou menace d’expropriation si les établissements étrangers cessent d’assurer les paiements en euros dans le pays

Depuis quand Vladimir Poutine ordonné l’agression contre l’Ukraine, en 2022, le budget de Banque autrichienne Raiffeisenbank semble avoir augmenté, tandis que celui de Unicredit est réduit de plus de moitié. Certes, les filiales moscovites des deux institutions, ainsi que celles des Américains Groupe Citi Et JP Morgan entre autres, elles figurent sur la liste d’un « décret présidentiel » signé par Poutine lui-même qui les définit comme des entreprises « d’importance systémique » pour la Russie. Cela a des conséquences certaines pour toutes les banques de la liste : le contrôle des actionnaires étrangers est suspendu si les sociétés de crédit prennent des décisions avec lesquelles la banque centrale russe n’est pas d’accord et s’ils ne bénéficient pas d’une « autorisation spéciale du président ».

En substance, le Le décret de Poutine a des implications précises. L’un d’eux est que la banque centrale de Moscou peut exproprier les filiales d’institutions étrangères et les céder à un prix symbolique à un opérateur russe, s’il estime que la direction étrangère néglige les fonctions “d’importance systémique”. Une deuxième conséquence, si la filiale étrangère arrête brusquement ses opérations en Russie, est laarrestation de dirigeants moscovites d’institutions sous contrôle étranger.

Ce cadre juridique en Russie entre désormais en conflit avec l’initiative qui vient de prendre Banque centrale européenne. Le régulateur de Francfort a écrit il y a une dizaine de jours aux établissements surveillés pour leur demander de soumettre nouveaux plans pour une sortie accélérée de Russie. En substance, les banques européennes sont désormais soumises à des pressions opposées des deux côtés. Moscou menace d’expropriation si les institutions étrangères cessaient d’assurer le fonctionnement des paiements en euros dans le pays, maintenant que les principales institutions russes ne peuvent plus le faire en raison des sanctions. Là La BCE demande plutôt à Raiffeisen, Unicredit, Intesa Sanpaolo, Commerzbank ou Deutsche Bank d’accélérer leur désengagementavec la menace que leur réputation soit ternie s’ils ne le font pas.

Bien entendu, toutes les institutions ne sont pas dans la même situation. L’autrichienne Raiffeisen pourrait être frappée par des mesures du Trésor américain pour avoir étendu ses opérations en violation apparente des sanctions. En deux ans, Unicredit a réduit son bilan en Russie de 63% et a évalué des dizaines d’options pour la vente de la filiale moscovite, sans succès : dans certains cas, les acheteurs potentiels ont été soumis à des sanctions occidentales, dans d’autres, il y a eu un veto russe. Quant à Intesa Sanpaolo, au moins deux tentatives de vente de la filiale moscovite ont échoué ; dans un cas, la direction locale aurait dû acquérir les actifs mais, selon un observateur de Moscou, le Kremlin s’y est opposé.

C’est ainsi que fonctionnent toutes les banques européennes (sauf Raiffeisen) réduire progressivement les activités en Russie et ne fournissent pas de services de crédit ou de paiement aux personnes faisant l’objet de sanctions. Mais il manque une pièce: il n’y a – selon certains observateurs – pas de dialogue entre les banques centrales de Francfort et de Moscou pour s’entendre sur une méthode de sortie de Russie qui ne donne pas effectivement au Kremlin des actifs européens valant des milliards d’euros.

19 mai 2024

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