La décision anti-Orbán de Von der Leyen : un test pour savoir si Budapest peut diriger l’UE

Ce sera également un geste de campagne électorale visant à faire taire les voix qui le considèrent comme trop et dangereusement proche des nationalistes. En effet, à quelques jours des élections européennes, Ursula von der Leyen prend ses distances avec Viktor Orbán, en donnant mandat à son équipe de vérifier si les conditions sont réunies pour empêcher la Hongrie d’assumer, comme prévu, la présidence semestrielle de l’Union européenne. Union à partir de juillet. Le président de l’organisme Palazzo Berlaymont, candidat à un second mandat, prend position dans une lettre que le Huffpost a consultée en réponse à la lettre du Mouvement européen dirigé par Pier Virgilio Dastoli. Justement, von der Leyen confie le dossier au commissaire Maroš Šefčovič, famille socialiste, vice-président exécutif de la Commission et responsable des relations interinstitutionnelles, ainsi que du Green deal.

« Nous sommes convaincus que le gouvernement hongrois, qui s’est défini comme une « démocratie antilibérale », ne doit pas présider les structures intergouvernementales de l’Union européenne », lit-on dans l’appel que le Mouvement européen d’Italie, de France et d’Espagne a adressé à von der Leyen ainsi qu’au président du Conseil européen Charles Michel, au président de la Cour de justice de l’Union européenne Koen Lenaerts, au Premier ministre belge Alexander De Croo, à la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib, à la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock et aux dirigeants des groupes du Parlement européen.

« La Hongrie – poursuit l’appel – est non seulement soumise depuis des années à une procédure de surveillance (art. 7.1 du Traité) à l’initiative du Parlement européen en raison de l’existence d’un risque évident de violation grave des valeurs communes, mais elle est également soumise de la procédure de conditionnalité budgétaire visant à protéger le respect des droits et valeurs fondamentaux de l’UE”. Le reste rappelle la résolution approuvée le 24 avril dernier et à une large majorité par le Parlement européen, qui souligne “l’inquiétude quant au fait que le gouvernement hongrois ne sera pas en mesure de remplir de manière crédible” la tâche de présider le Conseil européen “, compte tenu de son non-respect du droit de l’Union européenne, des valeurs consacrées à l’article 2 du Traité et du principe de coopération loyale ». Il y a aussi tous les doutes liés à la capacité et à la volonté d’Orban de donner suite aux décisions déjà prises par le Parlement européen sur les réformes à entreprendre pour réviser le traité de Lisbonne, une question qui reviendra sur la table de la prochaine présidence tournante. n’ayant pas été abordé ni au cours du semestre en cours sous direction belge, ni au cours du semestre précédent sous direction espagnole.

«Nous avons soigneusement noté le contenu de votre lettre et l’avons partagé avec les membres compétents du Collège et les services de la Commission européenne – lit-on dans la réponse de von der Leyen à Pier Virgilio Dastoli, président du Mouvement européen Italie – notamment , votre lettre a été transmise au vice-président exécutif chargé du Green Deal européen, Relations interinstitutionnelles, Maroš Šefčovič, qui avec son équipe examine les points contenus dans votre lettre et vous répondra dans les plus brefs délais ».

L’initiative peut paraître irréaliste et destinée à tomber dans l’oreille d’un sourd ou seulement bonne pour une campagne électorale. Mais l’intérêt de von der Leyen cadre toujours avec ce que pourrait être l’UE de la prochaine législature : assiégée par les nationalistes, qui pourraient renforcer leur présence au Parlement européen après le vote de dimanche, et de plus dirigée par Orbán au cours des six premiers mois. Il semble qu’un parfait alignement des planètes éclipse toute volonté de renforcer l’intégration entre les États membres de l’UE et le mécontentement de certains États membres se rassemble autour de cette perspective. La Belgique, qui assure actuellement la présidence tournante, a été la première à soulever la question.

« Nous avons une Europe qui progresse difficilement, avec malheureusement certains États – un État en particulier – qui adoptent de plus en plus une attitude transactionnelle, de blocage et de veto », déclare la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib dans une interview accordée à politica.eu. Il s’agit du veto hongrois qui bloque le versement de l’aide militaire de la Facilité européenne de paix pour l’Ukraine, pour un montant total d’environ 9 milliards d’euros. Dans un geste assez extraordinaire et sans précédent, la Belgique, présidente tournante de l’UE jusqu’à fin juin, demande donc aux autres gouvernements européens d’envisager de poursuivre la procédure prévue à l’article 7 du Traité pour priver la Hongrie du droit de vote. Pour l’heure, seule l’Autriche soutient l’initiative belge. Pour aller au fond de l’article 7, il faut l’unanimité. “Nous attendons des 27 membres qu’ils soutiennent pleinement les principes sur lesquels repose notre Union commune”, a déclaré un porte-parole du ministère autrichien des Affaires étrangères à poliico.eu. « Cela est particulièrement vrai pour la prochaine présidence de l’UE. C’est dans cet esprit que nous soutenons la poursuite rigoureuse de la procédure de l’article 7 contre la Hongrie.

Pour l’instant, du côté de Bruxelles, la réponse de von der Leyen qui passe le ballon à Šefčovič est enregistrée. Il y a certes le sens politique et instrumental d’un geste de campagne électorale mais aussi celui d’une alarme pour l’Europe du futur.


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par Huffpost

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