les affaires étrangères et la défense restent entre ses mains

DE NOTRE CORRESPONDANT
PARIS – Aux enfants en voyage scolaire qui l’ont rencontré au Mont Valérien, là où les nazis fusillaient les partisans, Emmanuel Macron a donné hier cette explication des élections anticipées : «Il était nécessaire que les citoyens clarifient leur choix, étant donné que beaucoup aux élections européennes ont voté pour les ailes extrêmes.et étant donné que je n’ai qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale et qu’il y a eu un désordre impressionnant. Il me reste encore trois ans, à l’Elysée, donc j’ai demandé des éclaircissements. C’est pour cela que nous sommes dans un état de bouleversement.”

A l’Elysée, les conseillers du président proposent la même version, évidemment plus complexe. Si certains ministres et même certains macronistes débutants semblent déjà tentés de se repositionner et de ambitionner de se sauver du Titanic, le petit entourage de Macron fait preuve de sang-froid et énumère les arguments pour lesquels la dissolution de l’Assemblée n’était pas le choix suicidaire qu’il semble trop. Le scénario quasi insoutenable pour Macron, celui qui démontrerait qu’il s’est trompé, sera, le 7 juillet au soir, une victoire triomphale du Rassemblement national avec la majorité absolue à l’Assemblée, et donc avec les jeunes, inexpérimentés. et Jordan Bardella, nouveau Premier ministre non compatible avec Macron.

Mais le pire n’est jamais certain, souligne-t-on à l’Elysée. Même si le climat politico-médiatique actuel en France est d’un oui pour tous qui peut être considéré comme excessif et déplacé, une grande déclaration de Bardella n’est toujours pas considérée comme allant de soi.

La majorité relative peut-être, absolue sera difficile, et Bardella lui-même dit qu’il n’acceptera d’être Premier ministre que s’il en a une absolue. Mais même dans ce cas, le pire de tous, on souligne à l’Elysée que la Constitution française est claire: la politique étrangère, les alliances internationales et la défense restent les prérogatives du président de la République, ou d’Emmanuel Macron pour encore trois ans, et cette continuité restera incassable avec n’importe quelle majorité et avec n’importe quel Premier ministre. Et si une certaine confusion régnait en 1986-1988 à l’occasion de la première cohabitation entre le président Mitterrand de gauche et le Premier ministre Chirac de droite, la réforme des Traités intervenue ensuite a résolu le problème : au Conseil européen, c’est le président qui représente la France.

Les élections européennes de la fameuse avancée de l’extrême droite finiront par donner naissance à la coalition habituelle, celle entre le Parti populaire, les sociaux-démocrates et les libéraux de Macron et d’autres. Raison de plus pour considérer le recours à des élections anticipées en France comme un paradoxe, mais le risque a été calculé. Après l’été, il faudra voter la loi de finances, et la majorité actuelle aurait très probablement été rejetée, Macron étant contraint par la Constitution d’aller aux urnes.

Le président a préféré anticiper et gérer lui-même les temps et les méthodes. Quoi qu’il en soit, il restera à la tête des forces armées jusqu’en 2027, la loi de programmation militaire déjà votée restera valable jusqu’en 2030, les partenaires européens – dont l’Italie de Giorgia Meloni – auront encore besoin d’un interlocuteur fiable et cohérent, contrairement au Nouveau Front Populaire. qui prétend maintenir Glucksmann pro-Ukraine et Mélenchon pro-Poutine ensemble, ou du Rassemblement national des photos du Kremlin lors de la campagne électorale de 2016, du prêt obtenu auprès d’une banque russe, ou de l’anti-atlantisme poussé jusqu’au bout. au point d’évoquer une sortie de l’Otan. Surtout, au “Château”, nom officieux de l’Elysée, règne l’optimisme car le bilan de ces dernières années est jugé objectivement positif : chômage au plus bas historique, réindustrialisation du pays, pacte sur la migration et l’asile, gestion des la pandémie, la préparation à traiter avec la Russie. Reste l’inconnue de savoir combien les faits comptent aujourd’hui en France et combien pèsent la colère et l’aversion, même irrationnelles, à l’égard du président, mais l’Elysée n’est certainement pas le meilleur endroit pour le mesurer.

PREV “Make Europe Great Again” : Orban copie Trump pour lancer son semestre européen
NEXT Les Houthis coulent pour la première fois un cargo avec un drone marin