A l’occasion du dernier Salon du livre, Café noir a amené l’auteur américain en Italie Diane Williams et publié le recueil de nouvelles Bref tu es riche avec la préface et la traduction de Chiara Barzini.
Barzini c’est une écrivaine, journaliste, scénariste italienne ; il vit aux Etats-Unis et son dernier roman est Tremblement de terre (Mondadori, 2017). Étudié écriture créative à l’UCSC en Californie et certaines de ses histoires ont été publiées dans le magazine MIDIréalisé par Williams elle-même.
MIDI fait partie de revues littéraires avant-gardiste deédition américaineet Diane Williams est une pionnière de la nouvelle, très courte, à tel point qu’on en parle fiction flashentre 300 et 1000 mots maximum : sconservateurs réduits jusqu’à l’os.
Étudiant de Gordon Lish – le célèbre éditeur qui a fait le succès des histoires de Raymond Carver – est considéré par Jonathan Franzen « une véritable héroïne deavant-garde américaine». Il a encouragé et donné de l’espace à certaines des voix les plus intéressantes de la scène américaine, notamment Ben Marcus (L’alphabet du feuCafé Noir, 2018), Ottessa Moshfegh Et Lydia Davis (Observation sur les tâches ménagèreslundi 2022).
Les tâches ménagères rappellentessentialité de la poétique par Diane Williams : le scènes quotidiennes de la vie conjugale ils sont l’occasion de provoquer des réflexions plus approfondies.
D’un petit accident ou détail sort un hymne à la vie et à son imprévisibilité. Un émerge dans les histoires instinct primitif de la voix d’auteur pénétrer dans le mystère de la natureécouter les oiseaux gazouiller ou explorer la richesse de la dimension humaine: il suffit d’observer un enfant cueillir des noix pour les faire sortir du gouffre incertitudes sur l’identité.
« Et je me demande, mon Dieu, pour quoi serai-je connue maintenant ? », une question sous forme poétique qui rappelle la voix contemplative d’Emily Dickinson.
Dans l’histoire Cimicifuga, l’écoute du chant mélodique des oiseaux est étroitement liée au thème de un amour qui brisepeut-être brisé par la jalousie, avec l’image emblématique de un homme déchirant une fleur en morceaux: « J’ai l’intention de triompher sans réserve en amour, et de réussir dans tous les autres aspects radicalement risqués de la vie », déclare le narrateur.
Le danger c’est toujours au coin de la rue, sur le plan physique ou symbolique, comme dans CatalpaOù un mari trébuche, encore une fois distrait par des accès de jalousie.
Ensuite, il y a des histoires sur fragilité de l’âme humaine: un homme qui se livre à une histoire d’amour et ne se sent pas prêt, ou une femme qui apporte du café à table et se demande comment elle doit apparaître à son mari, se sent mal, l’ambiance est pleine de mépris : même une Vespa semble meilleure qu’elle.
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L’envie envers les autres, l’incapacité de s’aimer se reflète dans de multiples histoires comme dans Vlà un peuoù les enfants jouant avec le sable semblent posséder toute l’ardeur et la colère et surtout laenthousiasme pour la vie que les parents n’ont pas.
Là banalité de la vie c’est précieux, un instant suffit pour enflammer des sentiments de gratitude pour ce qui nous entoure, et comme dans Fatalité, un éventail peut enflammer une nouvelle vie « avec son tic-tac doux et délicat ».
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Bref tu es riche c’est une opération de redéfinition – ou mieux que réduction – de la réalité au deuxième essentiel des points de vue apparemment bizarresmais qui révèle finalement un profonde compassion pour la vie qui coule tandis que l’ego est emprisonné par déceptions et échecs; une collection de fragments poétiques entre le tragique et l’humour capable d’apporter un éclairage nouveau dans l’exploration de l’abîme des sentiments humains.
