Liberté et droit

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Liberté et droit

Une feuille de livres

Liberté et droit

Carlo Marsonet

03 juil 2024

La critique du livre de Bruno Leoni (édité par Carlo Lottieri) aux éditions Liberilibri, XCII-220 pp., 20 euros

La nouvelle édition italienne de La liberté et la loi (1961) a une traduction révisée, un nouveau titre et deux nouvelles introductions. Carlo Lottieri, conservateur et traducteur, a en effet opté pour Liberté et droit (la traduction précédente était Liberté et Loi). Le choix suit une approche précise : le titre précédent mettait l’accent sur l’antinomie des concepts de « liberté » et de « droit », le titre actuel entend souligner combien il ne peut y avoir de liberté sans droit. Pour Leoni, critique radical du normativité de Kelsen, la liberté individuelle ne peut être défendue qu’à partir d’un ordre juridique qui ne soit pas le résultat d’une modification sans cesse par les législateurs. Le droit, affirme le fondateur de la revue Il Politico, n’est pas le produit d’une « usine » de normes. Elle est plutôt configurée comme cette institution qui naît de l’interaction interindividuelle : la loi n’est donc pas imposée d’en haut par le législateur, mais émerge plutôt d’en bas.
La perspective léonienne est typiquement libérale. À l’idée répandue à l’époque – et encore aujourd’hui – selon laquelle un ordre légaliste suffit à avoir une société libre, Leoni s’oppose à une conception plus cohérente de la liberté. La liberté n’est pas seulement un concept politique ou économique, mais aussi un concept juridique. Il ne suffit pas d’assimiler la liberté, comme le soutenait Montesquieu, au « droit de faire tout ce que les lois permettent de faire » : en fait, comme l’a observé Benjamin Constant, « les lois pourraient interdire tellement de choses qu’elles élimineraient complètement la liberté ». “. Leoni réfléchit alors à une autre manière de concevoir le droit, par rapport à la tradition juridique positiviste continentale : le droit romain et la tradition de la common law anglaise, observe Lottieri, étaient ses références.

Dans ce qui est un livre non écrit, puisqu’il s’agit d’un recueil de discours oraux (révisés ultérieurement) que Leoni a prononcés aux États-Unis en 1958, il convient de mentionner le chapitre « Liberté et contrainte ». Leoni rappelle que dans la tradition politique occidentale, la liberté signifie tout simplement l’absence d’obstacle ou de contrainte. Dans un monde où pourtant la liberté est devenue synonyme d’autre chose qu’elle-même, la confusion règne et sa valeur la plus authentique se perd. On ne peut donc pas s’étonner que le droit signifie désormais, plus ou moins, ce que le souverain décide ou accorde de manière paternaliste. Comme l’écrit Raimondo Cubeddu dans son essai, Leoni a donné lieu à une revitalisation du libéralisme italien sans égal au XXe siècle.

Bruno Leoni (sous la direction de Carlo Lottieri)
Liberté et droit
Liberilibri, XCII-220 pp., 20 euros

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