par Stefano Tesi
Une des choses que j’aime chez Vinitaly, c’est que le climat fébrile mais aussi un peu léger de la foire rend parfois possibles des expériences qu’on n’aurait jamais pensé faire en d’autres occasions. Et souvent avec des résultats qui dépassent toutes les attentes.
Une de ces idées est venue il y a quelque temps au vigneron et directeur technique de Gancia, Andrea Capussotti, et à son collègue journaliste Riccardo Viscardi : proposer une dégustation combinant Asti Docg Metodo Classico de différents millésimes et huîtres. Mais pas n’importe quelles huîtres : trois types différents (Golden, Black et Sant’Antonio) et toutes élevées dans l’Adriatique par Co.de.go di Goro. Un choix presque patriotique et quelque peu provocateur, comme l’explique le directeur du Consortium, Giacomo Pondini : « Elles proviennent d’un laboratoire italien, contrairement à d’autres variétés sélectionnées dans notre pays, mais provenant de semences françaises ». Vive l’Italie et notre produit local, en somme.
Au-delà du message patriotique, il y avait essentiellement deux objectifs.
Un, évidemment : suggérer une nouvelle expansion du potentiel de consommation offert par la polyvalence de l’Asti. Et une autre, moins évidente : plonger dans les subtilités encore largement inexplorées de la capacité de garde de ce vin, souvent un peu snobé.
« Un bond en avant est-il possible ? » s’est demandé Viscardi avant de commencer la dégustation. Et en faisant délibérément référence à beaucoup de choses : les stratégies marketing, l’identification de nouveaux marchés, la mentalité du consommateur, l’orientation des critiques.
À la lumière des faits, ma réponse est oui. Et pas seulement dans le sens du potentiel de nouveaux débouchés que l’expérimentation a mis en évidence. Mais aussi, plus subtilement, dans celui de l’approche d’Asti et de ses combinaisons. Une approche hédoniste, ou plutôt ludique, plus familière, certes insolite, pour certains même impensable. Mais en réalité, ce n’est pas du tout facile, ni trivial. Certainement moins marécageux que ceux déjà testés, encore moins rassurant d’un point de vue extérieur, encore moins plâtré si l’on veut. Pourtant intéressant, je dirais même intriguant dans la perspective d’un accord bulles-coquillages différent de d’habitude. La grande saveur des huîtres s’accordait bien avec les nuances douces et crémeuses, mais non écoeurantes, du Moscato d’Asti et certaines notes salées se mariaient bien avec les notes tantôt herbacées, tantôt sèchement florales des vins mousseux.
Ce qui, à son tour, a été une surprise. Les voici.
Marcalberto 2020 Asti Docg Méthode Classique
Mousse moyenne, bulle fine, couleur or métallisé, il présente une belle palette d’élégantes notes salées et florales, tandis qu’en bouche il est doux, crémeux, moelleux.
Tressesanta Cuvée 2020 Asti Docg Méthode Classique Cantina Alice Bel Colle
Robe dorée, bulles moyennes, nez avec d’intéressantes notes végétales marquées, vertes et herbacées qui reviennent en bouche.
Cuvage 2018 Asti Docg Méthode Classique Millésimato
Plein or, perlage très fin, le nez offre de délicates notes florales qui rappellent le muguet, en bouche il est ample, sobre, avec une pointe supplémentaire de douceur.
De Miranda 2017 Asti Doch Méthode Classique De Miranda
Or cuivré, bulle moyenne, il présente un bouquet complexe de fleurs fraîchement fanées tandis qu’en bouche il est profond, presque moelleux, riche en nuances.
Gancia Cuvée 24 Mois Asti Docg Méthode Classique 2013
Robe dorée, perlage fin, au nez il offre une vaste gamme de notes végétales grasses, d’herbe au vitriol, de potager humide tandis qu’en bouche l’élégance et la longueur atténuent la douceur.
En résumé : s’ils font une autre dégustation comme celle-ci, j’y vais en toute hâte.
