La première usine aéronautique italienne à Turin : une entreprise révolutionnaire

A Turin, au numéro 9 de via Legnano, où se trouve aujourd’hui un élégant magasin de lampes, il y avait autrefois la première usine d’avions italienne. Une entreprise révolutionnaire. Le rêve de voler a accompagné le voyage de l’humanité. Dans la mythologie grecque Icare, fils de l’inventeur Dédale, perdit la vie pour avoir osé s’approcher trop près du soleil avec les ailes construites par son père. Pourtant, ce désir qui semblait irréalisable au début du XXe siècle devient réalité. Aux Etats-Unis Les frères Wright ils inventent le premier véhicule motorisé capable de se soulever du sol. Nous sommes en 1903, c’est le début d’une nouvelle ère. Quelques années plus tard, en 1908, un groupe de passionnés dirigé par Cesare Goria Gatti, l’un des fondateurs de Fiat, décide d’inviter Léon Delagrange en Italie pour effectuer ses essais en vol. Delagrange est l’un des premiers pilotes au monde et des événements sont organisés à Milan, Rome et Turin.

La première expérience de vol a été réalisée dans la capitale piémontaise. Le vol a eu lieu en fin d’après-midi du 27 juin 1908. Il ne s’agit pas vraiment d’une démonstration de voltige, l’avion bimoteur s’élève environ cinq mètres et parcourt une distance de 250 mètres. En juillet, les tests sont répétés sur l’ancienne Piazza d’Armi qui se trouvait à l’actuelle Crocetta. Les affiches sont réalisées et les gens viennent nombreux admirer les prémices de la révolution verticale. Le 8 juillet, l’aviateur français décide de laisser monter à bord un courageux passager. Il s’appelle Thérèse Peltier, sculpteur, et est peut-être la première femme au monde à monter dans un avion. Le 9 juillet, les vols continuent et cette fois Carlo Montù, le premier Italien à voler, monte à bord. Vers le soir, Delagrange effectue plusieurs survols de la place, au milieu des cris, de la fête et de l’étonnement des personnes présentes, jusqu’à ce que son exploit se termine avec l’avion emmêlé dans les branches d’un arbre. Ce n’était pas une grande finale, mais c’était pourtant la preuve que voler était possible. Les voies du ciel avaient été ouvertes.

Un an plus tard, au numéro 9 via Legnano à Turin, Franz Miller ouvre la première usine d’avions italienne. Miller est un ingénieur de Messine, tout juste diplômé de l’École Polytechnique de Turin, infecté par la nouvelle fièvre volante. Fiat avait été fondée peu d’années auparavant et la capitale piémontaise était candidate pour devenir la capitale de la mécanique italienne. « Fabriquer n’importe quelle machine volante, à partir d’un simple croquis », lit-on dans les publicités de Miller. Les commandes ne tardent pas à arriver. Comme Pietro Gasco l’a reconstitué dans son livre « Comment l’aviation est née en Italie », la première commande est venue du Dr Fuseri, un pharmacien de Fossano. Le pharmacien de Cuneo dès qu’il apprend qu’on est né à Turin «usine volante» il se rend avec enthousiasme chez l’ingénieur Miller avec ses dessins sous le bras. Ils font un orthoptère, une machine volante expérimentale qui imite les ailes d’un oiseau. Testé sur la place d’armes, l’avion s’est élevé d’environ un mètre. Comme le rappelle l’Aéroclub de Turin, cette malheureuse invention est en réalité la première commande aéronautique italienne. C’est le premier embryon de l’industrie aéronautique dans notre pays.

1909 marque un tournant dans l’histoire de l’aviation. Si auparavant on pouvait parler de premières tentatives maladroites, cette année-là les avions se préparaient à devenir des moyens capables de révolutionner la façon d’explorer le monde. Des pilotes, plus ou moins experts, sillonnent le ciel de la moitié du monde. Des rassemblements internationaux commencent à être organisés qui rassemblent les casse-cou du premier vol. L’une d’elles a lieu à Brescia. Mario Cobianchi, pionnier de l’aviation italienne, charge Miller de créer un avion motorisé qu’il a conçu. Ainsi est né «Cobianchi n. LE”. Il s’agit d’un hélicoptère équipé d’un moteur Miller d’une centaine de chevaux conçu pour le premier circuit international de Brescia. C’est le premier appareil entièrement fabriqué en Italie.

Les premières compétitions de vol à Turin ont eu lieu en 1910 à l’hippodrome de Mirafiori. Même la pluie n’arrête pas les gens qui occupent non seulement l’hippodrome mais aussi l’avenue Stupinigi et même les branches des arbres. Les propriétaires des champs tentent d’abord d’arrêter la foule mais décident ensuite de leur facturer une contravention. S’en suivra un procès de la part du comité d’organisation pour vol de spectateurs. A cette occasion, un aviateur survole Turin pour la première fois et des gens enthousiastes saluent depuis les balcons et les rues. Une photographie aérienne de la ville est également prise, c’est la première en Italie. L’année suivante, l’aérodrome de Mirafiori est inauguré sur la surface aujourd’hui couverte par le parc Colonetti. La première conférence sur l’aviation a toujours lieu sous le Môle et parmi les intervenants il y a Franz Miller qui dit à cette occasion : « L’homme, un être étrange, avait imposé des frontières, traitait ses frères d’étrangers, mais ensuite il a percé les montagnes, construit des navires pour Je me suis rapproché et je n’ai pas réalisé que le ciel rassemble tout le monde et rassemble tout le monde.

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