Trieste – Teatro Verdi : Augustin Adelich en concert pour la Società dei Concerti di Trieste

La saison de la Società dei Concerti di Trieste s’est terminée par une soirée que je n’hésite pas à qualifier d’excitante, mais dont l’avenir est déjà à nos portes. En effet, le lendemain, le Deuxième édition du « Trieste Festival – Le Phare de la Musique » qui considère la glorieuse association de Trieste comme l’organisatrice principale d’un événement culturel, né l’année dernière, qui implique la ville à différents niveaux.
Protagoniste de la soirée Augustin Hadelichvioloniste de renommée internationale qui a littéralement captivé le nombreux public présent au Teatro Verdi de Trieste, guidant les spectateurs dans un voyage musical et spirituel qui embrassait et déclinait deux siècles de compositions pour violon, de Bach au contemporain David Lang.
Dans le programme – très intéressant – on parle de “sauts de niveau” et il s’agit de ces dispositifs de composition qui semblent transformer le violon, instrument monophonique, en instrument polyphonique.
Ce n’est pas le lieu d’entrer dans les détails mais une chose est sûre, l’écoute a été plus révélatrice que toute explication dès la première page musicale proposée : le Partita n.3 en mi majeur de Bach.
Structurée en un Prélude et six danses, la pièce alterne – dans une essence baroque paradigmatique – après un incipit presque sévère, des atmosphères de légèreté vive et des mélodies vaporeuses et enveloppantes.
Les angoisses nerveuses du XXe siècle, bien qu’adoucies par l’âme inimitable du blues et surtout par l’interprétation magistrale du soliste, ont explosé dans les quatre compositions explosives de Coleridge-Taylor Perkinson qui m’ont ramené – c’est une de mes perversions – à certaines photographies surréalistes de Man Ray et ils ont introduit l’inquiétante Avant le chagrin par David Lang.
Également d’un grand impact Sonate n.3 d’Eugène Ysaÿeriche en dissonances et chromatismes.
Après la pause, ce fut à nouveau le tour de Bach avec le Partita n.2 en ré mineurcomposé de danses « habituelles » transfigurées par la brillante inventivité de Bach qui, en l’occurrence, atteint l’un des plus hauts sommets de son art.
Augustin Hadelich fut un interprète étonnant au style sobre malgré l’incroyable virtuosité qu’exigent les pages musicales abordées. Le lien, la maîtrise spectaculaire de la dynamique, l’empathie qui émane de sa personne au centre de la scène avec la seule compagnie du pupitre est quelque chose de difficile à expliquer : cela s’appelle probablement Art.

La critique fait référence à la soirée du 20 mai 2024

Paul Bullo

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