Pastorale est la deuxième exposition personnelle d’Ingar Krauss à Turin

L’imagerie d’Eden s’inspire d’une vision idyllique dans laquelle la nature intacte est souveraine. Dans le récit biblique, les ancêtres ont perdu la possibilité de vivre dans le paradis terrestre et se sont retrouvés dans une autre condition. Les humains sont la seule espèce terrestre responsable des conditions critiques de la planète. Par conséquent, le besoin d’identifier des lieux où retrouver le lien avec la nature, comme la campagne, se fait croissant. Tout comme au XVIIe siècle les artistes éprouvaient le besoin de répondre à la créativité du baroque en rappelant le paysage classique de l’Arcadie, aujourd’hui la campagne représente encore un refuge pour l’esprit et l’esprit.

L’exposition personnelle Pastorale De Ingar Krauss, hébergé par l’espace indépendant turinois Quartz Studio, évoque des paysages bucoliques, à travers l’objectif de la photographie analogique d’Ingar Krauss (Berlin, 1965). Le maître de la photographie allemande, invité à Turin à l’occasion d’EXPOSED, Torino Foto Festival, parle du paysage rural près de Zechin, en Allemagne, à la frontière avec la Pologne.

Ingar Krauss, Pastorale, 2024. Photographie analogique imprimée à la main sur papier gélatine argentique. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Quartz Studio. Photo Beppe Jardin

Le réalisme qui caractérise la production d’Ingar Krauss, maître des portraits et des natures mortes, semble être la conséquence d’une condition particulière. L’artiste allemand vit à la campagne dans un isolement anachronique. Cette forme rigoureuse de méditation et de détachement de la société devient le caractère spécifique de ses œuvres. Ingar Krauss explore l’environnement pastoral et joue avec les éléments de la nature. Une mystérieuse toison de laine apparaît telle une robe élégante. Les sujets organiques représentés par le maître prennent vie grâce à l’imagination.

Un amas éphémère de branches posé contre le mur, photographié par Krauss, rappelle le corps sinueux d’une femme. Tandis qu’un champ de blé, dont les épis ont été brisés par le vent, se transforme en une mer surréaliste traversée de vagues végétales. Une jeune fille se balance sur une corde, les bras ouverts et ses longs cheveux rejetés en avant pour cacher son visage. Sur un autre plan, nous trouvons Hannah elle-même, regardant par la fenêtre. A côté d’elle, de l’autre côté de la vitre, un chat noir. Une autre jeune femme, Sophia, est immergée dans la nature environnante comme la protagoniste d’Alice au pays des merveilles, mais ce qu’elle fait devient marginal dans la composition photographique globale.

Ingar Krauss, Pastorale, 2024. Photographie analogique imprimée à la main sur papier gélatine argentique. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Quartz Studio. Photo Beppe Jardin

L’atmosphère des images d’Ingar Krauss est différente des représentations bucoliques habituelles de scènes champêtres. Krauss nous transporte dans un scénario contemplatif dans lequel les visages des sujets qu’il représente sont éphémères et désintéressés à notre regard. Ses images transportent l’observateur dans la dimension pastorale comme dans un aller simple, ses sujets ne manifestent pas le moindre intérêt pour l’œil qui les scrute. Son réalisme magique ressemble au décor d’un récit mystique. Le photographe de Berlin-Est, qui vit et travaille entre la capitale et sa propriété de campagne de Zechin, parvient à exprimer avec maestria l’esprit des lieux. Ingar Krauss est comme un alchimiste qui a appris à observer la nature, partageant et révélant les secrets que nous avons perdus.

Ingar Krauss, Pastorale, 2024. Photographie analogique imprimée à la main sur papier gélatine argentique. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Quartz Studio. Photo Beppe Jardin

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