Les Archives vertes du monde (situées à Florence)

Cette extraordinaire collection botanique fait aujourd’hui l’objet de une action importante de numérisation massive d’échantillons botaniques, grâce à un financement de près de 7 millions d’euros, coordonné par l’Université de Padoue au sein du National Biodiversity Future Center (NBFC), le premier centre italien de recherche sur la biodiversité soutenu par le PNRR Next Generation – EU. Il s’agit d’une opération d’envergure, à l’image de celles déjà testées avec succès par le passé dans les herbiers de Leiden, Washington, Paris et Helsinki.

Les premiers herbiers à plantes séchées sont apparus en Europe au milieu du XVIe siècle.lorsque la botanique était encore au service de la médecine, et sont placés à côté de ceux richement illustrés pour reconnaître les « herbes » médicinales et leurs propriétés curatives.

Ils feuilletent comme des livres, mais au lieu de mots et d’images, des plantes sont collées sur leurs pages.

Au milieu du XVIe siècle, ils sont également nés en Italie les premiers jardins botaniques universitairescomme celle de Pise, en 1543, et celle de Padoue, en 1545.

Dès le milieu du XVIIIe siècle, avec le grand botaniste suédois Linnaeus, l’herbier change de forme : à partir d’un livre, il se transforme en un ensemble d’échantillons sur des feuilles de papier uniques, stockées dans des armoires.

L’herbier tel que nous le connaissons aujourd’hui était né.

Certaines données ne peuvent manquer : le nom scientifique de l’espèce et celui du collectionneur, le lieu et la date de la collecte (aujourd’hui également collectés grâce au GPS). Diffusé dans les musées et jardins botaniques du monde entier, les fiches d’herbier sont une source inépuisable d’informations sur les plantes d’hier et d’aujourd’hui; des informations qui nous renseignent sur le changement climatique et les écosystèmes, les adaptations et les déplacements des plantes, les effets de la pollution et la propagation des espèces envahissantes.

Grâce également aux analyses chimiques et génétiques, les herbiers nous permettent de surveiller les risques liés à l’extinction et les tendances de changement au cours des derniers siècles.

Fin 2017, il existait dans le monde 3 000 herbiers, regorgeant de près de 400 millions de spécimens collectés à partir du XVIIe siècle, avec un pic de collections à partir du XIXe siècle, lié aux explorations qui ont accompagné l’époque difficile du colonialisme. Aujourd’hui encore, l’herbier reste l’un des principaux outils d’étude, de conservation et de catalogage des plantes.ainsi qu’une archive d’informations historiques stratifiées dans le temps et souvent encore inexplorées : qui, si elles sont cataloguées, interprétées et valorisées, également grâce à la numérisation, nous permettent d’acquérir une vision globale de la biodiversité végétale de la planète.

Herbiers italiens ils représentent une part importante du patrimoine naturel mondial. Avec ses 2 millions d’échantillons estimés, y compris des plantes ensemencées et des organismes sans fleurs ni graines comme les mousses, fougères, algues, champignons et lichens, l’Herbier d’Italie centrale de Florence — fondée en 1842 quelques années avant l’unification de l’Italie par le botaniste palermite Filippo Parlatore — c’est aujourd’hui l’un des herbiers les plus importants d’Europe et le plus grand d’Italie.

Chaque échantillon botanique raconte une histoire liée à celui qui l’a collecté et à son voyage, à l’instar de celui entrepris par le jeune naturaliste. Charles Darwin, père de la théorie de l’évolution, lors de son voyage autour du monde à bord du Beagle (1831-1836). Les échantillons, comme ceux de palmiers, collectés par le botaniste et explorateur florentin sont également d’une grande valeur. Odoardo Beccari à Bornéo au milieu du XIXe siècle, des collections uniques au monde.

Parmi les spécimens conservés à Florence, il y a aussi des plantes récoltées par les femmes, comme celles de la Française Jeanne Baret, exploratrice et première femme à avoir fait le tour du monde, qui s’embarqua en 1766 déguisée en homme avec le botaniste et médecin Philibert Commerson, sur l’Étoile, le navire commandé par le baron Louis Antoine de Bougainville. Bien que les feuilles d’herbier ne rapportent pas explicitement le nom de Baret, qui est monté à bord en secret, il existe à Florence de nombreux spécimens de ce voyage et donc très probablement collectés par elle.

De nombreuses découvertes du scientifique florentin proviennent d’Orient. Fosco Marainipère de l’écrivain Dacia, anthropologue, photographe, alpiniste, écrivain et poète ainsi que collectionneur passionné de plantes lors de ses nombreux voyages, notamment au Tibet.

Grâce à cet ambitieux projet de digitalisation accessible à tous, des cinq continents, nous pourrons enfin accéder à un trésor d’histoires scientifiques et voyager à travers le monde avec les botanistes des siècles passés.

*Historien des sciences, Université de Padoue Responsable scientifique du projet du Centre National de la Biodiversité pour la numérisation de l’Herbier Central Italien

Liens

Sur le site de l’Herbier Central Italien, il est possible de faire une visite virtuelle-immersive de la collection (voici le lien).

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