“Profitez du spectacle. C’est un fait historique pour Florence”

Roberto Poggiali, auriez-vous déjà pensé au Tour qui part de Florence ?

“Je suis honnête : jamais. Je n’y pensais même pas quand je courais, et j’en ai fait trois en tant que coureur et un en tant que directeur sportif. Et même pas après. C’est une merveilleuse surprise, le Tour en nos routes. Aux Florentins, je dis : profitez-en, c’est un fait historique, pour le vélo et pour la ville.

À 84 ans, vous êtes toujours un modèle et un compagnon de voyage pour tous les cyclistes florentins. Nous sommes amis, parlons dans un premier temps. Rembobinons la bande maintenant. Florentin, d’où ?

“De l’ancien logement public de via Arnolfo, au 20, et devant la maison où je suis né, il y avait la brasserie Wurher. Fils d’Armando, chauffeur de la Centrale del Latte et de Marina, couturière de la maison”.

Le premier vélo ?

“De Montelatici, via Gioberti”.

C’est la Florence qui est sortie de la guerre.

“J’ai vu Bartali, Boni, Martini, Nencini parcourir le Lungarno della Zecca à l’entraînement, j’ai lu leurs exploits dans La Nazione et il Mattino, c’est pourquoi je suis devenu passionné de cyclisme à l’âge de 14 ans”.

Votre première entreprise ?

“Le Groupe Affrico Sports”.

La première course en tant que rookie ? “Au Bottegone, en 1957”.

La première victoire ?

“A Badia a Settimo, pour ma troisième course”.

Puis le saut chez les amateurs.

“Avec l’équipe IoT, financée à l’époque par les professeurs Scaglietti et Fineschi, grands passionnés de cyclisme. J’étais bien.”

Vous êtes donc devenu professionnel.

“Le professeur Scaglietti a opéré le dos du propriétaire d’Atala, Cesare Rizzato, et lui a parlé de ce garçon très prometteur. Et il m’a accueilli.”

Une belle carrière, la vôtre. Professionnel de 63 à 78. La meilleure victoire a été la Freccia Wallone en 65, devant Gimondi, lors de la première journée d’un certain Merckx, un Tour de Suisse et d’autres succès, deuxième derrière Gimondi lui-même et ensuite Moser, plusieurs fois italien avec Martini comme commissaire technique. Treize Tours d’Italie, et trois Tours, en 67, en 69, en 75.

“Une belle organisation, un beau roman, le Tour, y compris quand les gens devaient manger des sandwichs sur les marches des églises pour faire le plein, c’était une autre époque.”

Vous avez assisté au jour le plus tragique de l’histoire du Tour, la mort de Tom Simpson sur le Ventoux, le 13 juillet 1967.

“Nous avons quitté Marseille, et au bout de quelques kilomètres il y a eu une mauvaise chute dans le groupe. A Carpentras, avant d’attaquer le très difficile Mont Ventoux, il y a eu une fête de rue et Simpson, qui était un type sympa et bizarre, a été vu en train de boire un verre de cognac. Une journée très chaude, parmi ces pierres. A deux kilomètres du sommet, j’étais avec d’autres à son volant, et je l’ai vu déraper, une fois, deux fois. Au début on a cru qu’il plaisantait, son cœur avait éclaté. ”

La plus longue étape de vos trois Tours ?

“L’avant-dernière de l’édition 67, de Clermont-Ferrand à Paris, 360 km”.

Le plus dur?

“Ceux des Pyrénées, du Tourmalet et de l’Aubisque”.

Le plus amer ?

“Quand j’étais arrivé deuxième à Pau, dépassé seulement dans les 400 derniers mètres par Gimondi. J’avais sprinté après une chute, pour ne pas ressentir la douleur de mes blessures.”

Le plus beau jour ?

“La dernière étape du Tour 75, avec l’arrivée pour la première fois sur les Champs Elysées au lieu du Parc des Princes. Passionnant. J’entame le dernier tour en quatrième position, devant Poulidor. J’ai encore des frissons, une conversation j’en reparlerai plusieurs années plus tard.

Au total, combien de km dans vos jambes en 21 ans en tant que coureur ?

“Je peux répondre avec précision : 660 000, j’ai toujours tenu un journal quotidien, où j’ai tout noté.”

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