Une nuit à Sassari : Quand l’indifférence tue

Il fait nuit à Sassari. Un goéland argenté gît sous la maison, une patte cassée, incapable de voler. Francesca, déterminée à sauver la créature, se retrouve à lutter non seulement contre les blessures du malheureux oiseau, mais aussi contre un système qui semble avoir perdu tout sens de l’humanité.

“Comme d’habitude, j’appelle le 112 qui m’oriente vers les pompiers qui à leur tour m’orientent vers le service forestier”, raconte Francesca. Et c’est ainsi que commence son calvaire. L’entêtement d’une petite ville contre la machine bureaucratique et l’indifférence. Au téléphone avec le forestier, Francesca se heurte au sarcasme et aux moqueries : “Elle se moque de moi pour avoir utilisé un mot inapproprié pour décrire l’animal comme si je devais forcément être vétérinaire pour sauver une créature sans défense.”

Mais c’est le commentaire suivant qui révèle la dure réalité d’une éthique corrompue : « Il y a beaucoup de mouettes, il y a d’autres priorités. » Le cynisme de ces propos fait écho à une conception inhumaine, comme si la vie d’une créature n’avait pas d’importance face à l’abondance de l’espèce. Francesca répond avec une vérité incontestable : “Il y a aussi beaucoup d’êtres humains, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer de sauver celui qui est en train de mourir.”

La nuit continue, et avec elle l’odyssée de Francesca. Les appels aux vétérinaires disponibles sont restés sans réponse, la clinique vétérinaire de Sassari se déclarant impuissante. Il lui est conseillé d’amener l’oiseau seule à Bonassai, comme si les institutions pouvaient se laver les mains d’une vie en danger. Mais Francesca n’abandonne pas. Après des heures d’appels téléphoniques nocturnes, il trouve enfin une association de bénévoles experts en faune sauvage. “Ce matin, ils ont récupéré le chiot et l’ont amené avec eux, à l’abri des dangers de la route et prêt à recevoir les soins qu’il mérite.”

Il y a des années, à Alghero, Francesca avait vécu une expérience similaire, ne recevant que de l’indifférence. Cette fois, il a juré de ne pas accepter une nouvelle défaite. “J’ai un talent naturel qui est de briser à l’infini quand il s’agit d’injustice et d’être sans défense… Jusqu’à ce que j’obtienne un peu de justice et un comportement civil sain envers un être vivant.” L’indifférence des institutions n’est pas seulement un manque de professionnalisme, mais une blessure ouverte dans le tissu moral de la société.

L’histoire de Francesca nous rappelle que chaque vie, humaine ou animale, mérite respect et protection. C’est un rappel de notre responsabilité collective de ne pas tourner le dos à la souffrance, de ne pas nous laisser anesthésier par le cynisme et l’apathie. La détermination de Francesca est une leçon de civilité, un exemple de la manière dont nous devrions tous agir face à l’injustice.

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