Abstention à Florence, section record de Viale Lavagnini: 22% des votants

Vannino Chiti prévient : on ne peut pas parler d’abstentionnisme le jour du scrutin et passer ensuite à autre chose. Le risque d’une démocratie réduite de moitié à la participation la plus solennelle, qui est celle du vote, est désormais imminent à chaque élection.. Et Florence, tout en célébrant Sara Funaro, première maire de la ville, s’interroge sur la donnée peut-être la plus sensationnelle du scrutin : le taux de participation est tombé à 47,9 pour cent. Plus d’un Florentin sur deux ne s’est pas rendu aux urnes.

Un flop inquiétant, encore plus si l’on fait le tour des sections. Dans l’une d’elles, au numéro 280 de via Spartaco Lavagnini, il y avait 838 électeurs inscrits mais seulement 184 se sont rendus aux urnes, soit 21,96% : c’est la section florentine avec le plus grand abstentionnisme. Curieusement, ici le résultat final – 40,26 Schmidt et 59,44 Funaro – reflète à peu près le score final des deux candidats. En revanche, la section avec le plus grand nombre de votants était le numéro 114 de via D’Annunzio avec 60,83 votants (résultat final : Schmidt 46,57 et Funaro 53,43).

Mais revenons au point de départ, ce record de 47,9 abstentions dans une ville historiquement habituée aux querelles politiques.. Comment l’interpréter ? Quelles clés d’interprétation adopter ? Nous avons interrogé Sergio Givone, professeur émérite à l’Université de Florence, où il était professeur ordinaire d’esthétique à la faculté de lettres et de philosophie. « Populisme, sondages, antiparlementarisme, fin du débat public», déroule-t-il dans un SMS envoyé depuis le train en guise de préface.

Le populisme, principale cause de l’abstentionnisme ? «La politique doit s’adresser aux citoyens et non au ventre du pays», répond Givone. Qui ne cite pas d’exemples, nous les avons vus et entendus, dans les jours vagues et improbables de la campagne électorale. Dans le carrousel coloré des promesses impossibles, des annonces sans avenir et des rêves vendus sur le marché du vote.

«La vérité est que l’offre politique est peu attrayante et que les candidats pensent plus à eux-mêmes qu’à offrir aux citoyens une vision élevée.». Le candidat Tizio ne propose pas sa propre idée de Florence, il poursuit de petits problèmes, peut-être importants pour lui mais détachés d’un contexte plus large. D’une vision, justement.” La réflexion de Givone s’élargit : « Notre démocratie (et pas seulement la nôtre) a subi de profondes transformations.

Il existe un vide entre les citoyens et ceux qui sont appelés à les représenter, que les médias comblent mal. Il n’y a plus de partis, de syndicats, d’associations, de lieux de débat public ; mais surtout il n’y a plus ou presque pas de Parlement, de conseils régionaux et municipaux, effectivement dépouillés de leur autorité. La démocratie parlementaire devient de plus en plus une démocratie directe dans le pire sens du terme, le populisme. Ce qui compte, c’est le ventre du pays. Le ressenti vient en premier, trouble et confus, sans réflexion. Il y a donc ceux qui se désintéressent de la politique. Mais aussi ceux qui craignent que voter ne sert à rien car tout est déjà décidé, consultez les sondages. »

Déjà des « sondages », par lesquels l’opinion du citoyen n’est pas exprimée dans les forums politiques, mais captée par des sondages plus ou moins appropriés. «Je ne propose pas d’abolir les sondages. Mais j’espère qu’une classe politique qui ne soit pas dominée par les sondages, mais défiez-les avec des propositions innovantes et à contre-courant, et ne vous souciez pas de plaire à l’électeur, mais impliquez-le dans les affaires publiques et le bien commun. Malheureusement, je vois très peu de classe politique comme celle-ci”, explique Givone avec amertume.

Si la démocratie se réduit aux élections, si les assemblées électives finissent souvent par être des conteneurs vides, sans capacité de débat ni même de conflit politique, alors le pouvoir du marketing politique et des sondeurs décide : alors la désaffection lors des élections est inévitable.

Et les jeunes ? «Les jeunes ne votent pas parce qu’ils n’ont pas une vision différente de la politique. Ils pensent que cette politique est la seule possible et c’est pourquoi ils ne ressentent que de l’ennui et de la contrariété et ne vont pas voter”, répond Givone. Son analyse sur le fait de ne pas voter semble sombre. Sans espoir? «L’espoir se place dans le courage. Il faut des hommes politiques courageux. Qu’ils ont une vision et se battent pour elle même au risque de perdre. Ce n’est qu’ainsi que la passion pour la politique pourra ressusciter”, conclut Givone.

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