Giovanni Scifoni – Ancône – 31 mars 2025

FRA’ Saint François, la superstar du Moyen Âge
par et avec Giovanni Scifoni
Musique originale Luciano Di Giandomenico
Instruments anciens : Luciano Di Giandomenico, Maurizio Picchiò et Stefano Carloncelli
Réalisateur : Francesco Ferdinando Brandi
Une coproduction Teatro Carcano – Mismaonda – Viola Produzioni

Comment parles-tu de Saint François d’Assise sans être monstrueusement banal ? Comment vais-je monter ce spectacle sans que cela ressemble à une chanson de Jovanotti ?
Si je demande à un athée anticlérical « dites-moi un saint que vous aimez », il répondra : François. Pourquoi tout le monde connaît saint François ? Pourquoi des dizaines de milliers de textes ont-ils été écrits sur lui ? Pourquoi est-ce si irrésistible ? Et pourquoi lui ? Il n’était pas le seul à pratiquer le paupérisme. À cette époque, il y avait plein de saints et de mouvements hérétiques qui avaient fait le même choix extrême, qu’avait-il de spécial chez ce petit bourgeois de banlieue à moitié bizarre qui quitte tout pour devenir mendiant ?
Ce qui était spécial chez lui, c’était qu’il était un artiste. Peut-être le plus grand de l’histoire. Ses sermons étaient des chefs-d’œuvre fous et visionnaires. Il s’agissait de représentations théâtrales contemporaines. Il joue avec les éléments de la nature, improvise en français, citant par cœur des passages de la chanson de geste, en déformant leur sens, utilisant le corps, le nu, voire sa propre maladie, la douleur physique et le silence.
Le 24 décembre 2023, nous avons célébré le 800e anniversaire de la crèche de Greccio, l’invention la plus brillante (et la plus copiée) de Francesco. Mais il n’y avait pas de SIAE à l’époque.

Le monologue, orchestré avec des louanges médiévales et des instruments anciens de Luciano di Giandomenico, Maurizio Picchiò et Stefano Carloncelli, interroge l’énorme pouvoir de persuasion que la figure pop de François génère sur nous, contemporains, et parcourt la vie du pauvre d’Assise et de son effort obsessionnel pour raconter le mystère de Dieu sous toutes ses formes, jusqu’à l’usure physique qui mènera à sa mort, du sermon aux cochons jusqu’à la composition du cantique des créatures, la première composition lyrique en langue vernaculaire italienne en histoire, Francesco chante la beauté d’un frère solitaire depuis l’obscurité de sa cellule, aveugle et ravagé par la maladie. Personne dans l’histoire n’a décrit Dieu avec une créativité aussi brillante. Francesco savait enchanter le public, des foules infinies, il savait faire rire, pleurer, il savait chanter, danser. Le vrai problème auquel j’ai dû faire face en préparant ce spectacle est
que Francesco était un bien meilleur acteur que moi.
Et puis le grand final, la mort, la relation de fraternité, presque d’amour charnel que Francesco entretenait avec Sora, notre mort corporelle, dont aucun homo vivant
peut s’enfuir. Et même le public ne pourra pas échapper à cette fin, enchaîné aux sièges du théâtre, lui aussi sera contraint d’affronter la vérité, le dernier et grand tabou de notre contemporanéité : nous ne sommes pas immortels.

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