Piémont, le boom (avec paradoxe) de l’eau en bouteille : un bien rare qui coûte aux entreprises 0,001 euro le litre

Piémont, le boom (avec paradoxe) de l’eau en bouteille : un bien rare qui coûte aux entreprises 0,001 euro le litre
Piémont, le boom (avec paradoxe) de l’eau en bouteille : un bien rare qui coûte aux entreprises 0,001 euro le litre

DeNicolò Fagone La Zita

L’Italie est la deuxième au monde, le Piémont derrière la Lombardie avec 18 concessions. Sant’Anna représente 320 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais selon Legambiente, il s’agit « d’un bien de luxe de plus en plus bradé par l’État »

En 2023, ils ont été emballés en Italie environ 16 milliards et demi de litres d’eauavec une augmentation de8 pour cent sur 2022 et un chiffre d’affaires de bien 3,1 milliards. Des chiffres qui témoignent du leadership historique de notre pays sur le marché de l’eau conditionnée, avec 10 % de la production distribuée en Europe et aux États-Unis.

Un secteur qui ne connaît pas de crises, pour diverses raisons. Tout commence avec la passion des Italiens : premier en Europe, et deuxième au monde après le Mexique, pour la consommation d’eau en bouteille (206 litres par an et par habitant). Un contexte dans lequel le Piémont joue un rôle de premier plan, étant dans le top 3 de la consommation et deuxième région en nombre de sociétés concessionnaires (18) derrière la Lombardie (35). Deux régions qui, avec le Latium, sont en tête du classement en termes de superficie concédée : elles représentent ensemble 41% de la superficie nationale, là où le Piémont atteint à lui seul 17%.

Entreprises : le cas Sant’Anna

Et Saint-Bernard un Valmorajusqu’à Lurisie édité Eva. Et dans un marché fragmenté dominé par les multinationales, celle qui fait le plus entendre en Italie est une entreprise piémontaise, Eau de Sant’Annaqui a terminé l’année 2023 avec un chiffre d’affaires de environ 320 millions d’euros et 1,5 milliard de bouteilles.

Et au fil des années, l’entreprise a réussi à se développer encore en élargissant la gamme de produits : de SanThè au dernier, exotique, Sant’Anna Pro.

L’usine est située dans un hameau de la commune de Vinadio, au coeur des Alpes Maritimes. «Maintenant, nous voulons nous développer sur les marchés internationaux – dit le président, Alberto Bertone – nous disposons déjà de positions importantes en France et en Allemagne, les nouveaux défis sont à l’étranger et en Extrême-Orient. De plus, nous constatons une attention croissante envers les boissons fonctionnelles, c’est pourquoi nous investissons dans cette direction. Et en même temps, nous évaluons les acquisitions d’autres marques. »

Un autre Piémontais qui a réussi à se démarquer sur le marché est Saint-Bernard, qui a remporté le classement des eaux plates établi par Gambero Rosso. La marque est revenue aux mains de l’Italie en 2015 grâce au groupe Montecristo, qui l’a rachetée à Nestlè pour la relancer. En 9 ans le volume de bouteilles mises sur le marché est passé de 100 à 500 millions, avec le double d’effectifs (150). Les usines sont à Orméa e Garessiodans la province de Coin, au milieu des Alpes Maritimes. Le chiffre d’affaires en 2022 s’est élevé à 89 millions, passant à 100 en 2023. Cette année, le Groupe prévoit de dépasser les 110 millions, étant donné qu’au cours des 6 premiers mois de 2024, il a déjà enregistré un +14%. «Les Italiens sont les principaux consommateurs d’eau car elle fait partie de notre culture alimentaire – explique le directeur général, Antonio Bielle – une ressource qui devient de plus en plus un produit de bien-être. C’est pourquoi nous nous appuyons sur certains labels, en recherchant le goût et la qualité. » Et puis il y a un autre facteur positif : « Le prix des concessions demandées par la Région reste bas. Nous payons environ 200 mille euros par an».

Eau, entreprises riches, État pauvre

Alors si l’eau est destinée à devenir un bien de luxe, alors que les ressources naturelles de la planète s’épuisent, ce sont les particuliers qui s’en réjouiront. Pour les entreprises qui embouteillent et distribuent de l’eau minérale, faire affaire avec les Régions est une opportunité unique.

.Mérite ou faute, selon les points de vue, du frais très avantageux concession que les autorités locales garantissent aux entreprises pour vendre l’eau qui coule de nos sources.

Les chiffres disent tout : par rapport à un chiffre d’affaires de 3,1 milliards, il y en a 18 millions (4 dans le Piémont) payés par les entreprises. Mais le problème n’est pas seulement une question de montants. Sur 295 concessions, une seule, en Ligurie, est passée d’un appel d’offres à un appel d’offres public.

«Il existe une base pour le record italien de l’eau en bouteille le faux mythe selon lequel l’eau minérale est meilleure et plus contrôlée que l’eau du robinet – explique Alice DeMarcoprésident de Legambiente Piemonte – et surtout le coût de la matière première (l’eau), pour ceux qui embouteillent, est presque nul : en moyenne un millième d’euro par litre.

En ce sens, le Piémont est huitième au classement : si la Latium, première, demande 2,26 millièmes par litre, notre région s’arrête à 1,3. L’eau vaut beaucoup et coûte peu, face à des revenus stratosphériques pour ceux qui le gèrent.” Et puis un autre problème s’ajoute : « Les concessions sont fixes, donc Même en cas de sécheresse, les entreprises peuvent se retirer sans limites, tandis que les municipalités doivent être prudentes. Compte tenu du changement climatique, il serait nécessaire d’établir des contrats variables. Sans oublier le thème plastique : il donne vie à 90% des bouteilles, 8 milliards par an».

La proposition des écologistes

De ces hypothèses découle la proposition de Legambiente d’appliquer une redevance nationale minimale de 20 euros le mètre cube (seulement 2 centimes le litre, mais 10 fois supérieur au 0,02 actuel) qui permettrait de passer de 18 millions collectés par les Régions à 280. « Ce chiffre, étant bien inférieur au chiffre d’affaires des entreprises, n’affecterait pas leur poches alors qu’il serait utile d’augmenter les revenus des régions, qui pourraient réinvestir une partie des fonds dans des politiques et des interventions visant à protéger la ressource en eau”.


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1 juillet 2024

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