Pantani, Oropa et ce retour de 49 coureurs, Velo parle

Il avait gardé les mains basses sur le guidon, comme s’il n’avait même pas la force ou l’envie de faire la fête. Au sommet du sanctuaire, assiégé par ses fidèles, chauves et avec des crânes de pirates dessinés quelque part, Marco Pantani avait souri pour la première fois depuis le départ de ce Giro. “Je n’ai pas levé les bras parce que je ne savais pas combien de coureurs étaient devant moi, je ne voulais pas me ridiculiser.” Tout autour, les gens étaient étonnés de ce qu’ils venaient de le voir faire. Pour l’emmener le soir dans la vallée, il fallait une ambulance, seul moyen capable de se frayer un chemin parmi les milliers de pèlerins venus à Oropa pour le voir gagner avec le maillot rose. Ils se seraient contentés d’une victoire, mais le destin leur a réservé la remontée la plus extraordinaire jamais vue dans une montée de 8,5 km. Beaucoup manquaient à l’arrivée, lorsque Pantani a dû s’arrêter à cause d’un saut en chaîne. Il lui a fallu environ 30 secondes pour reprendre la route. Et entre-temps, « la course s’était déchaînée devant ». Heras était parti, Jalabert y avait cru, Savoldelli, Simoni, Miceli et Clavero avaient espéré gagner des secondes sur le maillot rose.