La Suisse a besoin d’énergie, mais laquelle ?

Des panneaux solaires sont installés sur le barrage d’Albigna, dans le canton des Grisons.

CLÉ DE VOÛTE

Le gouvernement et le Parlement suisses veulent promouvoir les énergies renouvelables produites dans le pays avec une nouvelle loi sur l’électricité. L’objectif est de garantir l’approvisionnement et de réduire l’utilisation des énergies fossiles. Le peuple votera sur la question le 9 juin.

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18 avril 2024 – 14h18

Pourquoi votons-nous ?

La « loi sur l’électricité » consiste en un ensemble de lois élaborées sur plusieurs années et approuvées par le Parlement en 2023. Elle vise à permettre à la Suisse de produire davantage d’électricité à partir de l’eau, du soleil et du vent.

Le package est la réponse à deux objectifs. Le premier est la transition vers les énergies renouvelables inscrite dans la stratégie énergétique suisse. Le deuxième est l’engagement pris de réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2050, comme l’exige la loi fédérale sur le climat, approuvée lors du scrutin de 2023.

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Dans ce contexte, il est important de rappeler qu’à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, la Suisse a décidé d’abandonner définitivement l’énergie nucléaire. En outre, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a démontré que les importations d’énergie étrangère peuvent être risquées sur les plans économique et politique.

Une alliance de petites organisations environnementales a lancé un référendum contre le nouveau paquet de lois. C’est pour cette raison que le peuple devra exprimer son opinion lors du vote du 9 juin.

De quoi parle la loi sur l’électricité ?

L’objectif principal de la loi sur l’électricité est d’assurer la sécurité de l’approvisionnement suisse en électricité grâce à des énergies renouvelables, notamment en hiver. Actuellement, la Confédération dépend des importations d’électricité pendant les mois les plus froids. L’étape la plus importante prévue pour accroître l’autonomie énergétique est la construction de nouvelles centrales hydroélectriques. Le Gouvernement entend promouvoir 16 projets en ce sens.

La loi devrait également faciliter, grâce à des subventions, le déploiement rapide de panneaux solaires sur les bâtiments et autres structures. Le Conseil fédéral estime que la production solaire en Suisse pourrait être multipliée par cinq d’ici 2035.

Enfin, les procédures d’autorisation pour les projets d’énergies renouvelables seront simplifiées, tandis que les appels deviendront plus difficiles dans certains domaines.

L’ensemble du paquet législatif est considéré comme important car les voitures électriques, les pompes à chaleur et les industries auront besoin de plus d’électricité à l’avenir. Le gouvernement et le Parlement veulent éviter une éventuelle pénurie d’énergie liée au renoncement aux combustibles fossiles. Avec un approvisionnement national en électricité, ils espèrent également obtenir des prix plus bas et stables.

Quelle est la situation actuelle de l’approvisionnement en électricité en Suisse ?

La majeure partie de l’électricité produite en Suisse provient déjà de sources renouvelables, notamment l’hydroélectricité qui représente 56% de l’approvisionnement (données 2023). 7 % proviennent de l’énergie solaire, éolienne et de la biomasse, tandis que 37 % sont produits par des centrales nucléaires.

La Suisse produit en moyenne environ 60 térawattheures (TWh) d’électricité chaque année (entre un minimum de 53 et un maximum de 68 TWh selon les années). La production actuelle provient de 650 grandes centrales hydroélectriques, 1 000 petites centrales, quatre centrales nucléaires et 37 parcs éoliens. A cela s’ajoutent 70 000 systèmes photovoltaïques et 960 systèmes de production d’électricité thermique, par exemple des usines d’incinération de déchets. Selon le producteur d’électricité Axpo, la consommation et la production en Suisse sont plus ou moins équilibrées.

parc solaire

En été, la Suisse dispose toujours de suffisamment d’électricité grâce à l’eau, au soleil et au vent.

KEYSTONE/© KEYSTONE/ VALENTIN FLAURAUD

Quels sont les arguments du camp du « oui » ?

Selon ceux qui soutiennent le paquet législatif, il existe toujours un risque de pénurie d’énergie, surtout en hiver. «La sécurité d’approvisionnement ne peut être assurée qu’à court et moyen terme en développant la production nationale d’énergies renouvelables», déclare le chef du Département fédéral de l’énergie, Albert Rösti. « Si vous voulez plus d’électricité et plus d’indépendance, votez oui », dit-il.

Les mesures envisagées sont équilibrées, soulignent les partisans du texte. Le Parlement a travaillé longuement et durement sur ce paquet avant de l’approuver à une large majorité au Conseil national (117 voix pour, 19 contre) et à l’unanimité au Conseil des Etats. Dans cette optique, la loi sur l’électricité est l’exemple parfait d’un bon compromis fédéral : tous les partis au parlement l’approuvent avec un « mécontentement modéré », dit Rösti.

Les défenseurs de la nouvelle loi espèrent une production accrue d’électricité en Suisse, surtout en hiver. Ils affirment que les mesures prévues sont respectueuses de l’environnement et permettront de maintenir le prix de l’électricité stable.

Qui s’oppose à la loi sur l’électricité et que souhaite-t-il ?

Femme

Vera Weber s’oppose au nouveau paquet de lois.

L’opposition rassemble deux camps très différents. L’une d’elles est la Fondation Franz Weber, qui lutte pour la protection du paysage, des animaux et de la nature. C’est une fondation qui sait avoir un impact. En 2012, son initiative sur les résidences secondaires a été approuvée par les urnes, un succès dont seule une petite fraction des initiatives populaires peut se vanter.

Aujourd’hui comme hier, son combat est contre « la défiguration du paysage ». Avec deux autres petites organisations environnementales, il a lancé un référendum contre la loi sur l’électricité après que d’autres organisations environnementales plus grandes aient renoncé à leur opposition initiale parce que leurs objections avaient été prises en compte. Vera Weber, présidente de la fondation, estime qu'”il est absurde de sacrifier la nature sur l’autel du climat”.

Le deuxième moteur du camp du « non » est le parti conservateur de droite, l’Union démocratique du centre (UDC), et notamment sa députée Magdalena Martullo-Blocher. Elle affirme que la nouvelle loi produira beaucoup moins d’électricité que nécessaire. “Une goutte dans l’océan”, dit-il.

Martullo-Blocher utilise également l’argument de la protection du paysage, évoquant le spectre de 9 000 éoliennes construites et d’immenses superficies recouvertes de panneaux solaires. La députée a réussi à entraîner son parti dans le camp du “non”, même si ce dernier s’était exprimé en faveur du paquet législatif au Parlement. L’une des raisons est que l’UDC espère actuellement qu’un échec du texte donnera un nouvel élan à l’énergie nucléaire.

Que se passera-t-il si la loi sur l’électricité est rejetée ?

Le débat sur l’énergie nucléaire va probablement prendre de l’ampleur. Avec l’initiative « Stop au black-out », qui demande de revenir sur le choix de la Suisse d’abandonner l’énergie atomique, la question sera encore soumise au jugement populaire. Cependant, un « oui » à la loi sur l’électricité rendrait l’initiative moins séduisante, tandis qu’un « non » lui donnerait plus de poids. La présentation d’un contre-projet gouvernemental à l’initiative “Stop au black-out” dépendra probablement du résultat du vote du 9 juin. Cependant, tous les camps s’accordent sur le fait que la construction de nouvelles centrales électriques en Suisse prendrait des décennies, pour des raisons techniques mais aussi en raison de l’opposition à plusieurs niveaux que de telles structures susciteraient.

Si un « non » sort des sondages, la question de savoir comment rendre l’approvisionnement énergétique sûr et autonome restera ouverte. Les lois actuelles resteraient en vigueur, mais les subventions individuelles expireraient. Ceux qui soutiennent le texte affirment que si la nouvelle loi est rejetée, des mesures d’urgence s’avéreront nécessaires cet hiver. Les options les plus plausibles à court terme pour éviter les pénuries d’énergie resteraient les combustibles fossiles, par exemple les centrales électriques au gaz, ou l’importation d’électricité de l’étranger.

Traduction : Zeno Zoccatelli

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