Challengers, la critique du film de Luca Guadagnino avec Zendaya sorti au cinéma

Le long métrage réalisé par le réalisateur italien et centré sur un triangle sensuel se déroulant dans le monde du tennis sort en salles le 24 avril. Entre smashs et volées, les lois du désir et les règles de l’ambition interprétées par un casting parfait

Avec Challengers (dans les salles italiennes à partir du 24 avril), Luca Guadagnino gagne jeu, set, match. Pourtant, le directeur de Les os et tout, avant de tourner ce long-métrage, ne connaissait rien du sport pratiqué par Jannik Sinner. Mais le film transfigure les mots de l’écrivain David Foster Wallace en images animées : « Les racines infinies de la beauté du tennis sont auto-compétitives. Vous rivalisez avec vos propres limites pour transcender l’ego dans l’imagination et l’exécution”. Ainsi les challengers, la série de tournois internationaux de tennis de deuxième catégorie, créée pour permettre aux joueurs de deuxième rang d’acquérir un classement suffisant pour accéder aux tableaux principaux, deviennent un défi entre chaos et ordre, entre raison et sentiment Car, dans ce cas, la compétition obéit aux règles de l’attraction, aux lois du désir.

Un jeu à trois, entre corps et âme

Antonin Artaud se demandait souvent « si c’était l’âme qui avait un corps, ou le corps qui avait une âme ». Challengers ne prétend pas avoir la réponse à cette question. Pourtant, le film parvient à enfermer un monde à travers un mouvement de tête, un baiser volé, une cicatrice au genou. Entre plans subjectifs et gros plans, le spectateur se retrouve bouleversé dans le tourbillon d’émotions ressenties par les trois protagonistes au centre du long-métrage. En fin de compte, le film est une invitation à jouer jusqu’à la fin, à se perdre dans un film où la seule chose qui compte pour les personnages est de gagner. Parce qu’aux États-Unis, il n’y a pas de place si vous êtes un perdant.

approfondissement

Challengers, le tapis rouge du film de Guadagnino à Rome. PHOTO

“Chaque match est une vie en miniature”

Jules et Jim de François Truffaut o Les rêveurs de Bernardo Bertolucci s’inspirent de fascinations, de merveilleux fantômes qui s’arrêtent sur le seuil. Le triangle amoureux mis en scène par Guadagnino est absolument original et puissant. Le film nous fait voyager dans le temps, navigue dans la vie de ces personnages et illustre avec raffinement l’éducation sentimentale de deux garçons et d’une fille qui partagent la passion du tennis. Au sommet du ménage à trois se trouve Tashi Duncan (Zendaya), une étoile montante du tennis contrainte par un accident d’opter pour une carrière d’entraîneur. Son mari est Art Donaldson (Mike Faist), multiple vainqueur du Grand Chelem, en crise d’identité et de réussite. Pour raviver le feu sacré, la soif de victoires, chez le champion, la femme engage son mari dans le challenger de New Rochelle, New York. Sauf qu’en finale, le champion en difficulté devra affronter Patrick (Josh O’Connor, La Couronne), désormais un as de la raquette accompli, autrefois son meilleur ami et ex-petit-ami de Tashi. Le passé défie ainsi le présent. Ce qui est en jeu, c’est la possibilité d’avoir un avenir. Comme le dit Andrea Agassi : “Chaque match est une vie en miniature”.

Webphoto_Challengers_071174_07

approfondissement

Challengers, ce qu’il faut savoir sur le film de Luca Guadagnino avec Zendaya

Un défilé d’émotions sur et en dehors du terrain

Un match qui a duré 13 ans : de 2006 à 2019. Un trio entre challengers, amis, amoureux. Sans recourir à des effets numériques banals et arlequins, en Challengeurs, Guadagnino façonne subtilement le temps grâce au maquillage et aux costumes. L’évolution du vêtement et l’évolution de l’âme et de la cosmétique s’impose comme une science du cosmos. Aujourd’hui plus personne n’utilise de gloss à paillettes mais en 2007… Bref, les tenues choisies par Fantozzi et Filini lors du match de tennis emblématique ne vivent pas ici. Le talent inhabituel d’une tête de série du calibre de Jonathan Anderson – directeur créatif de LOEWE et force motrice de la marque qui porte son nom, crée un spectacle émotionnel dans lequel à travers des vêtements qui vont du style preppy aux tenues pour femmes de carrière, la forme est toujours contenu. Entre suggestions de la Yvi League et allure comique sophistiquée, le signifiant danse avec le sens et le septième art embrasse allègrement le divertissement.

challengers_zendaya_webphoto - 1

approfondissement

Challengers, deux nouveaux extraits du film avec Zendaya sont sortis. VIDÉO

C‘lun: La victoire réside dans le mouvement

Les relations dangereuses, les jeux de pouvoir, les escarmouches amoureuses, les voies de l’ambition, dont Défirs si nourrit ne serait pas éblouissant et engageant s’il n’y avait pas trois comédiens impeccables dans leurs rôles respectifs. Et le résultat est une mélodie, capable d’intriguer même ceux qui n’aiment pas le genre, et même ceux qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est Roland Garros. Rythmé par une bande-son hypnotique et audacieuse signée par les deux oscarisés Trent Reznor et Atticus Ross. Challengersc’est une magnifique obsession, entre marques dominantes et(s)objets de désir. Une balle de match qui commence et se termine par un “C’mon” crié au monde. La Horde d’Or dirigée par Tamerlan le savait bien : « La victoire est dans le mouvement ». Et avec ce film, Guadagnino a gagné sur et en dehors du plateau.

CHALLENGERS (2023)

approfondissement

Guadagnino, Zendaya, O’Connor et Faist parlent des Challengers

NEXT «Progrès dans les négociations entre Israël et le Hamas». Ok pour l’accord d’otage