“C’est ainsi que leur courage prend forme”

Des blessures cicatrisées et qui grâce à la céramique reviennent briller. C’est la beauté de l’imperfection que la céramiste Ana Cecilia Hillar façonne, avec les femmes victimes de violences, dans les ateliers de kintsugi activés par le Secteur des Services Communautaires de l’Union de Romagne Faenza, en collaboration avec SOS Donna et le Musée International de la Céramique. Le Kintsugi est une technique japonaise qui consiste à souder ensemble, avec un flux d’or en fusion, des céramiques brisées qui sont ensuite sillonnées de veines éblouissantes. “Le procédé que nous utilisons avec les femmes impliquées, qui jusqu’à présent ont vingt-deux ans entre 19 et 60 ans, est un peu plus simple – continue Ana Hillar –. On modèle une céramique, normalement une tasse, même si certaines participantes se sont immédiatement tournées vers plus sculptural, pour créer ensuite une sorte de “plaie” à sa surface qui, deux cuissons plus tard, sera recouverte d’une patine dorée”.

Ces céramiques accompagnent alors les femmes dans leur parcours de vie : elles restent avec elles, témoignant de la blessure qui les a transpercées, mais aussi de sa cicatrisation, de sa lueur comme le souffle d’un organisme renaissant. « Cette blessure fait partie de leur expérience, ils ne doivent pas la nier – explique Monia Scarpa, responsable des politiques de genre pour les services communautaires –. C’est une cicatrice faite de douleur, mais aussi de courage ». Certaines pièces arriveront dans les rayons d’Argillà en septembre prochain : les bénéfices seront reversés à SOS Donna. Les cours comprennent un premier rendez-vous immersif avec les Services communautaires et quatre ateliers au Musée de la Céramique. Beaucoup de ces femmes n’étaient jamais allées à Mic auparavant : « Presque toutes ont une réaction d’étonnement, mais aussi de fierté : elles disent ‘mon fils est venu ici avec son école’ », confie la directrice Claudia Casali. Les femmes qui participent aux ateliers sont laissées libres de façonner la céramique selon leurs ressentis, ainsi que de choisir les couleurs avec lesquelles peindre. C’è chi opta per il bianco dei marmi, chi per un blu oltremare, “ma anche chi parte da toni più cupi – ammette Monia Scarpa – a riprova di un dolore e di una paura ancora non del tutto superati: il laboratorio serve a ce”.

La phase la plus critique est celle où il faut creuser les « blessures » qui simulent la fracture à la base du kintsugi. “Pour beaucoup, c’est un moment chargé d’émotion, dans lequel le courage qu’ils ont eu prend forme et qui leur permet désormais de donner vie à quelque chose de précieux.” De nombreux participants ont une vie caractérisée par la solitude, dans laquelle la violence patriarcale les a souvent relégués au foyer. “Au fur et à mesure que les céramiques prennent forme entre leurs mains, nous voyons grandir en elles la conscience, mais aussi la fierté, de savoir qu’elles sont capables de donner vie à quelque chose de beau”, poursuivent Hillar et Scarpa. L’un des participants a résumé la situation : « Plus la douleur vous pousse vers le bas, plus grand est le saut qui vous ramène au bonheur. »

Filippo Donati

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