oui au cessez-le-feu. Mais la trêve est fragile

oui au cessez-le-feu. Mais la trêve est fragile
oui au cessez-le-feu. Mais la trêve est fragile

L’attente, l’incertitude et un mélange d’espoir et de scepticisme. Dans les chancelleries du Moyen-Orient et de l’Occident, le feu vert est attendu pour le plan en trois phases présenté par le président américain Joe Biden : trêve de 6 semaines, libération d’un certain nombre d’otages israéliens, retrait de l’armée avec l’étoile de Davide depuis les zones les plus peuplées de Gaza, et un cessez-le-feu durable avec la libération des derniers otages (une centaine de vivants, une trentaine de morts). Le conseiller américain à la sécurité nationale, Sullivan, reconnaît la « volonté d’Israël d’accepter l’accord ». Et Biden, dans la soirée, s’adressant à l’émir du Qatar, déclare que “maintenant le Hamas est le seul obstacle”. Mais sans feu vert de Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien pose la condition qu’avant de conclure la troisième phase le Hamas, le mouvement qui gouverne la bande de Gaza et responsable des massacres du 7 octobre, n’existe plus militairement, ni politiquement.

LES POSTES

Au contraire, le Hamas veut une garantie américaine concernant un cessez-le-feu durable et définitif, en pratique la fin du conflit, avec l’idée de reprendre l’administration de la bande de Gaza et d’exercer son pouvoir d’avant le 7 octobre. Les heures passent et le feu vert ne s’allume pas, la trêve ne tient qu’à un fil, soumise aux chocs internes des deux camps. Les dirigeants du Hamas au Qatar s’en remettent à ceux qui se trouvent dans les tunnels de Gaza, de Sinwar et de Deif pour prendre la décision finale. Et Netanyahu subit à son tour la pression des ministres d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Ben-Gvir, et des Finances, Smotrich, qui menacent de le laisser tomber en quittant le gouvernement. Pour contrebalancer la pression des partis religieux, sur le front opposé Benny Gantz, le successeur le plus probable de Netanyahu, centriste modéré, prévient que si le plan Biden n’est pas accepté à Tel-Aviv, il est prêt à quitter le cabinet de guerre. La trêve est fragile. Le moment compliqué. Netanyahou à la croisée des chemins. S’adressant aux commissions de la Knesset, « Bibi » explique que « la guerre sera arrêtée pour rendre les kidnappés, nous discuterons du reste, il y a des détails qui ne sont pas publics dans la proposition de Biden ». La destruction du Hamas, par exemple, est-elle incluse ou non dans le pacte entre les États-Unis et Israël ? « Il y aura un cessez-le-feu, selon nos conditions », réitère Netanyahu. Et il invite ses alliés au sein du pouvoir exécutif à étudier attentivement la proposition de Washington car elle n’est pas aussi « irresponsable » qu’il y paraît. La fragilité de la trêve et l’incertitude quant aux détails du plan se reflètent bien dans la manière inhabituelle dont Biden a présenté l’accord. Tout d’abord, la proposition serait israélienne, mais c’est le président américain qui l’annonce officiellement à la veille du Shabbat, quand Israël entre dans le silence de la fête. Ensuite, c’est la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera et la diplomatie égyptienne qui ont fait savoir que le Hamas évaluait « positivement » les trois phases.

LE DEVANT

Pendant ce temps, la guerre continue. Les Israéliens poursuivent leurs opérations à Rafah, même s’ils n’utilisent pas les deux divisions qu’ils avaient prévues, pour ne pas gêner les Américains. Et les échanges d’artillerie entre Israël et le Hezbollah au Liban se poursuivent, tout comme les provocations des Houthis du Yémen. «Le Hamas accepte l’accord proposé par Israël», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby. «C’est un bon accord pour la population de Gaza, bon également pour les Israéliens. C’est un accord très sérieux, le meilleur pour mettre fin à ce conflit.”

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken tente à son tour de convaincre Tel-Aviv de dire oui. Le problème est cependant celui de l’après-guerre à Gaza, car Netanyahu (et tout Israël) n’admet pas que les créateurs du 7 octobre pourront un jour gouverner à nouveau la bande. De son côté, le Premier ministre. ne veut même pas que l’Autorité nationale palestinienne, aussi réformée soit-elle (et appréciée par les États-Unis et l’Europe), préfère que le pouvoir passe à des clans locaux, plus facilement contrôlables, déconnectés des influences extérieures, notamment iraniennes. L’attachement de Netanyahou au pouvoir pèse aussi sur la crise, et la conscience que si la guerre se terminait sans une victoire claire de l’armée israélienne, son sort serait scellé et il lui faudrait à nouveau faire face aux anciens procès pour corruption, ainsi qu’aux l’inévitable commission d’enquête sur les responsabilités politiques dans l’incapacité à empêcher le 7 octobre et à défendre les citoyens israéliens attaqués par des terroristes (1 200 morts, 250 otages, violences, viols et brutalités à l’intérieur d’Israël). Le leader de l’opposition, Lapid, insiste sur le oui à la trêve et propose de soutenir le gouvernement si la droite radicale décide de le quitter. Et les familles des otages se retrouvent dans la rue, pour qui la proposition de Biden représente la dernière vraie chance de sauver leurs proches encore aux mains des terroristes à Gaza. Si la proposition de Washington devait être adoptée, « Bibi » se trouverait immédiatement en difficulté, à la fois en raison de l’opposition à l’accord de Ben-Gvir et de Smotrich, et parce que sa sortie de scène serait inévitable après la guerre. Comme toujours dans les guerres, le fait est que Netanyahu et le Hamas veulent proclamer la victoire pour rester en selle. Il y aura probablement une trêve, mais pas la fin de la guerre. Et chacun voudra prétendre qu’il a gagné, ou qu’il a les mains libres pour gagner.

© TOUS DROITS RÉSERVÉS

Lire l’article complet sur
Le Messager

PREV Nicchio au cheval secoué remporte la répétition générale
NEXT faire la queue malgré la chaleur