six jours de travail au lieu de cinq (et pour 40% de salaire en plus)

Travailler six jours par semaine, au lieu de cinq, avec une augmentation de salaire de 40 % sur la journée supplémentaire. C’est la proposition du gouvernement grec à la population active du pays, pour tenter de résoudre les crises de main-d’œuvre particulièrement saisonnières : les travailleurs pourront être amenés à travailler la “semaine longue”, à partir du 1er juillet, si leurs employeurs le demandent. Le sixième jour de travail sera rémunéré 40 pour cent de plus qu’un jour normal, et encore plus s’il s’agit d’un jour férié : une sorte d’« heures supplémentaires » régulières. Le secteur du tourisme est exclu de la nouvelle règle, là où la semaine de 40 heures avait déjà été abolie l’été dernier ; principalement touché par l’industrie, les télécommunications et le commerce de détail.

Mais la semaine de travail grecque est déjà la plus longue d’Europe : un Grec sur huit travaille plus de 48 heures par semaine de manière stable, et l’engagement moyen requis est de 39,4 heures par semaine (Eurostat). Alors que les salaires sont notoirement bas et que la productivité du pays est en difficulté après quinze années de récession et trois coûteux plans de sauvetage européens. La relance de la croissance et l’augmentation de la productivité sont les deux points forts du gouvernement de centre-droit qui dirige le pays depuis 2019, démantelant pièce par pièce de nombreuses réglementations du travail.

La Grèce, également en raison de salaires très bas, connaît des crises constantes de main-d’œuvre, qui ont commencé après la crise de 2010, lorsque les jeunes les plus instruits se sont expatriés pour ne jamais revenir. Et un phénomène flagrant de travail illégal, que la « longue semaine » devrait contrecarrer : dans l’industrie notamment, les heures supplémentaires sont souvent invisibles dans le salaire et rémunérées illégalement. Ou pas du tout récompensé : la semaine de travail dure désormais 40 heures, mais il est déjà possible pour les employeurs de demander jusqu’à deux heures supplémentaires par jour d’heures supplémentaires non rémunérées, quoique – en théorie – pour de courtes périodes et volontairement.
Or, telle est l’intention du ministre du Travail Adonis Georgiadis, un travailleur pourra au contraire voir ces “heures supplémentaires” qu’il effectue souvent déjà payées dans l’enveloppe.

Huit heures par jour, six jours par semaine, cela représente une semaine de travail de 48 heures. Avec la nouvelle loi, bien plus d’un Grec sur huit pourrait travailler autant. Alors que les pays riches d’Europe raccourcissent la semaine de travail – en Belgique, elle dure déjà quatre jours à partir de 2022, et des expériences dans ce sens sont en cours en Allemagne, le Pays-Bas, Irlande, Espagne. La Grèce, fermant la marche, va dans la direction opposée.

Les objections sont nombreuses. Avec la nouvelle loi, les travailleurs ne peuvent pas refuser de travailler pendant six jours si l’employeur le demande. Cette innovation n’est passée par aucune forme de négociation collective, une institution que les lois du travail introduites par Nea Demokratia, le parti du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, ont jusqu’à présent fortement limitées. Autrement dit, les syndicats et les représentants des travailleurs n’ont pas eu leur mot à dire dans la décision.

De plus, la « longue semaine » limiterait les nouvelles embauches, obligeant ceux qui ont déjà un emploi à travailler encore plus dur et laissant de côté ceux qui n’en ont pas. Au bénéfice des employeurs.

La loi sur la “semaine longue” vise avant tout les catégories productives qui garantissent des services au moins 12 heures par jour, voire 24 heures par jour : parmi ces secteurs, il n’y a pas de tourisme, car les hôtels et restaurants avaient déjà vu la suppression de la semaine de travail cinq jours en 2023.

Cependant, pour les contrats saisonniers, et notamment pour les emplois de niveau inférieur comme le nettoyage ou l’agriculture, le gouvernement prévoit d’établir des quotas pour les migrants temporaires en provenance d’Égypte, d’Inde et d’autres pays tiers.

La « semaine longue » sera donc en vigueur, selon la loi, dans le secteur industriel, pour ne pas arrêter la production là où cela est possible, et dans les télécommunications. Certains secteurs de la fonction publique et certaines entreprises publiques peuvent le mettre en œuvre. Et aussi l’agriculture, surtout pendant les mois chauds des récoltes.

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