Un cadastre de la contemporanéité est réalisé à Monte di Pietà
Conçu comme une installation immersive, prêteur sur gage consiste à monter un prêteur sur gages défaillant, enquête approfondie sur le concept de dette en tant que racine de la société humaine et principal véhicule à travers lequel le pouvoir politique et économique est exercé. En effet, quel meilleur endroit que Venise – carrefour historique du commerce – et en particulier Ca’ Corner della Regina, qui abrite l’ancien Monte di Pietà vénitien de 1834 à 1969, pour mettre en scène cette registre de la contemporanéité?
C’est aussi une critique du système artistique
À travers une stratification étudiée, pleine de références et d’échos cachés qui se développent du rez-de-chaussée, à l’entresol, jusqu’au rez-de-chaussée du bâtiment, Büchel, habitué à ce type de provocation, met en scène l’histoire vénitienne, basée sur la proximité entre argent et dette, entre expansion et accumulation. Y compris, en son sein, aussi une critique très féroce et subtile du système de l’art et de l’attribution d’une valeur symbolique et économique aux biens et aux objets. On se souvient d’ailleurs doucement de l’artiste Christoph Büchel pour cette installation de la Biennale de Venise 2015 dans laquelle il transformait une ancienne église catholique désacralisée en mosquée islamique. Ou quand, quatre ans plus tard, il expose à nouveau à Venise Notre bateauun navire naufragé avec à son bord des centaines de migrants.