Le journaliste qui a ému l’Italie. Franco Di Mare n’y est pas parvenu. Il a annoncé à la télé qu’il avait un cancer

Le journaliste qui a ému l’Italie. Franco Di Mare n’y est pas parvenu. Il a annoncé à la télé qu’il avait un cancer
Le journaliste qui a ému l’Italie. Franco Di Mare n’y est pas parvenu. Il a annoncé à la télé qu’il avait un cancer

“Tu ne peux pas guérir.” Le mésothéliome provoqué par l’exposition à l’amiante « peut avoir une période d’incubation très longue, jusqu’à 30 ans, et lorsqu’il survient, il est trop tard ». Objectif et crédible même sur lui-même. A 68 ans, 20 jours après avoir révélé sa tumeur à la télévision, Franco Di Mare quitte le monde qu’il rapportait en tant que journaliste. Entre conflits et tragédies. Mais aussi en studio, en tant qu’animateur, ou dans des livres, à commencer par l’autobiographique Don’t Ask Why. Ainsi disparaît un morceau récent de l’histoire de la Rai. Un membre de la famille élargie en Italie devant la télé.

Il fait ses débuts très jeune à Unità, une rédaction napolitaine. Le saut vers Rome est un instant. A trente ans, il est déjà correspondant puis rédacteur en chef. Son passage à la Rai en 1991 l’a propulsé vers la vidéo. D’abord sur Tg2 puis, à partir de 2002 sur Tg1, il couvre en tant que correspondant tous les principaux théâtres de crises internationales. Les guerres des Balkans entre la Bosnie et le Kosovo lui ont valu sa première notoriété et une fille, Stella, adoptée à Sarajevo à seulement 10 mois (sans surprise, à ces heures même les journaux bosniaques rappellent son lien profond avec la ville). Il cite Hemingway : « À la guerre, on rencontre de belles personnes : au-delà des bombes, du risque qu’on court, il y a aussi la solidarité entre collègues et entre les gens ». Elle passe partout : la moitié de l’Afrique (Rwanda, Éthiopie, Érythrée, Somalie, Mozambique, Algérie), le Moyen-Orient (guerres du Golfe), et même l’Afghanistan et les Amériques, entre catastrophes naturelles et coups d’État manqués. En tant que personne véritablement aux multiples talents, il s’étend de l’actualité à la politique en passant par la culture. Interview Tony Blair, Shimon Peres, Jacques Chirac, Yasser Arafat, Condoleezza Rice, Thabo Mbeki, Nagib Mahfouz, Amos Oz, Jorge Amado, Eli Vizer. Il n’oublie jamais son Sud, réalisant des documentaires sur les clans mafieux de Campanie, des Pouilles, de Calabre et de Sicile. L’interconnexion des mafias l’amène à enquêter en Allemagne, en Russie et en Bulgarie, mais aussi aux îles Caïmans pour l’effondrement de Parmalat.

2003 marque le début d’une deuxième carrière télévisuelle. En tant qu’hôte puis en tant que manager. Guida Uno Mattina Summer, week-end Uno Mattina puis depuis 2004 Uno Mattina. De 2005 à 2009, voici le samedi et le dimanche. En 2019, il devient le nouveau directeur adjoint de Rai 1. En 2020, il prend la direction de Rai 3. 40 ans après le massacre d’Ustica, il anime le vol spécial Itavia 870. Il est également le visage de Frontiere qu’il anime à partir de 2016. jusqu’en 2023, déjà en préretraite.

Sa présence volontaire transperce toujours l’écran avec une voix et un style reconnaissables, avec un regard sympathique et jamais froid. Cela se produit également le 28 avril lorsque, avec les tubes respiratoires dans le nez, il apparaît à l’émission Che tempo che fa de Fabio Fazio, sur la Nove, pour dénoncer la disparition de la haute direction de la Rai face à sa demande de statut de service en raison de l’hypothèse d’une exposition à l’amiante sur les théâtres de guerre. L’émotion et la solidarité sont énormes. Viale Mazzini passe à l’action. “Après sa plainte, nous avons eu une conversation douce et affectueuse – dit le PDG Roberto Sergio –. Nous avons partagé sa situation dramatique, ainsi que résolu certains problèmes que la Rai avait le devoir de résoudre. Un homme extraordinaire de la Rai”. « Sensible », « cultivé », « rigoureux », « attentif », « poli », « exemplaire ». Des messages de condoléances unanimes arrivent de tous les hommes politiques et de leurs collègues des réseaux et des journaux. La famille est reconnaissante pour cette extraordinaire vague d’affection. Parmi de nombreux souvenirs, il faut souligner le certificat de « service public » délivré par l’oncologue Federica Grosso : « Franco, avec son témoignage, a mis en lumière cette maladie ». Une tumeur rare à des fins de recherche uniquement. Mais deux mille diagnostics par an, « rien qu’en Italie », ne sont pas rares.

Francesco Di Mare dit Franco laisse derrière lui son épouse Giulia, qu’il a rencontrée au service traiteur Saxa Rubra et qu’il a mariée il y a quelques jours après neuf ans de vie commune, sa fille Stella, deux sœurs et son frère Gino qui le salue ainsi sur les réseaux sociaux : “Salut Fra’, avec un morceau de moi, c’est parti.” Funérailles lundi à 14h, à l’Église des Artistes.

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