Naples, le procureur Gratteri contre les chanteurs “avec des mitrailleuses”

Il ne le mentionne jamais, il ne mentionne pas le nom du chanteur-révélation du festival de Sanremo, mais les dernières déclarations du procureur de Naples, Nicolas Gratteriils font vraiment penser à lui, à Géolier.

Pour la deuxième fois (la première remonte à fin mars) le magistrat revient sur les modèles éducatifs négatifs souvent représentés – et parfois même exaltés – par ceux qui ont connu le succès et sont suivis comme une idole sur les profils sociaux.

La fente

L’occasion arrive lors de la présentation à Rome du rapport “Mafias dans le cyberespace”, réalisé par la fondation Magna Grecia. On parle de sécurité à l’heure d’Internet et du redoutable « dark web », mais le thème des modèles non éducatifs que l’internet diffuse désormais sans filtres et parfois sans scrupules est également central.

“Le mafias – attaque Gratteri – ils sont comme une entreprise : ils ont besoin de publicité. Sur TIC Tac ils se montrent riches et puissants. Quand on voit un chanteur dans un pick-up avec une fausse mitrailleuse dorée, avec une chemise qui dit “narcos”, et qu’on voit combien de likes il y a en dessous, je m’inquiète. Et je m’inquiète quand quelqu’un l’invite à donner un cours, je m’inquiète et je ne peux pas me taire car le silence est une complicité.” Et ce n’est pas tout. “Quand j’autorise la réalisation d’un film à partir d’une de mes œuvres – demande le procureur de Naples – et que pendant une heure il n’y a que de la violence, quel est le message ?”.

L’anti-mafia

Ses propos ont été prononcés lors d’une réunion à laquelle a également participé le président de la Commission parlementaire anti-mafia, Chiara Colosimo. «J’ai parcouru les écoles – explique le président – et l’idée du modèle dominant sur les réseaux sociaux me fait peur, où la bande originale “Volevo fare il boss” de Toni Effé (un rappeur italien et ancien membre du Dark Polo Gang, ndlr). Il y a Kevin Di Napoli, un voyou du groupe de Fabrizio Piscitelli (dit “Diabolik”, ndlr), qui est accompagné dans une communauté de rétablissement par Tony Effe lui-même qui chante cette chanson. C’est un message dévastateur et nous devons changer si nous voulons que nos jeunes aient d’autres mythes.”

La précédente

Nous disions que ceux prononcés par Gratteri ne sont pas des mots nouveaux. Il avait déjà précisé sa pensée il y a deux mois en commentant un événement universitaire qui s’est soldé à guichets fermés, mais qui a suscité de nombreuses controverses. A cette occasion, le recteur de l’Université Federico II, Matteo Loritoavait invité le chanteur napolitain Geolier à une réunion publique dans l’Aula Magna de la faculté située à Scampia

sera à l’Université Federico II de Naples, pour une rencontre en face-à-face avec les étudiants. A cette occasion, Gratteri a exprimé des critiques, affirmant qu’il fallait apporter « seulement l’excellence, des modèles de vie pour l’éducation des enfants », en prenant ses distances avec le choix de l’université. “Ces choses laissent sans voix, s’il quitte l’université, nous serons à la fin”, a-t-il conclu.

L’alarme

Hier après-midi, Gratteri a donc pris la parole lors de la présentation du livre “L’obscurité et l’aube”, de Maurizio Giordano. Et c’était une nouvelle occasion de commenter la situation actuelle, au milieu des scandales, des malversations et de la corruption endémique. «Les mafias existent parce qu’elles ont le consentement de la classe dirigeante – a-t-il dit – il y a un déclin moral et éthique de la culture, qui conduit à la prostitution même pour cinq mille euros. La vérité est qu’aujourd’hui les mafias sont de plus en plus camouflées, au point de paraître inexistantes. Dans ce contexte, la Camorra est donc en avance sur tout le monde en matière de criminalité informatique. Je constate un travail approfondi et de recherche de la Commission anti-mafia sur ces questions. Je constate plus d’intérêt de la part de la Commission que dans d’autres cadres institutionnels où des décisions immédiates, opérationnelles et techniques pourraient être prises.”

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