«Une Italie divisée nuira à tout le monde. Le G7, loin des problèmes du peuple de Bari, attire la lumière des périphéries.»

«Une Italie divisée nuira à tout le monde. Le G7, loin des problèmes du peuple de Bari, attire la lumière des périphéries.»
«Une Italie divisée nuira à tout le monde. Le G7, loin des problèmes du peuple de Bari, attire la lumière des périphéries.»

Mgr Giuseppe Satriano, de Brindisi, est archevêque métropolitain de Bari-Bitonto depuis 2020. Dans l’entretien avec le Corriere, il aborde quelques-unes des principales questions du débat public.

Excellence, le G7 s’est terminé dans les Pouilles. Selon vous, avez-vous maintenu les attentes de la veille ?
«Plus que prévu, la veille du G7 a surtout vu quelques tensions politiques. Les dirigeants du monde sont arrivés dans les Pouilles avec un enchevêtrement de situations à démêler, notamment dans leurs contextes nationaux d’origine. La Première ministre, Giorgia Meloni, sans crainte de contradiction, a parlé lors de la conférence de presse de l’événement comme un succès dans tous les domaines. À mon humble avis, nous ne sommes pas allés au cœur des questions qui sont au cœur de la vie des gens. Le temps nous dira si la direction prise dans les Pouilles peut conduire au résultat que nous espérons tous : celui de la paix entre les nations. »

Une guerre au cœur de l’Europe, une autre au bord de la Méditerranée. Les risques de conflit augmentent. La communauté internationale a-t-elle une perception de la limite ?
«Je partirais justement de la perception de la limite. Quelle idée de la limite avons-nous aujourd’hui ? Autrefois, le “limes”, la frontière, ne consistait pas en une ligne de démarcation imaginaire, mais plutôt en un territoire réel, large même de plusieurs dizaines de kilomètres, un espace de compromis, une terre neutre dans laquelle on pouvait s’approcher, se rencontrer et contaminer. C’est ce sens des limites qui manque aujourd’hui et qu’on ferait bien de retrouver : un lien qui unit, un espace à habiter ensemble. Tant que les dirigeants du monde n’auront pas conscience de faire partie d’une communauté internationale unique, la fraternité universelle restera une utopie lointaine. Le pape François a prophétiquement consacré une encyclique entière, Fratelli tutti, à ce thème, et depuis, il le reprend chaque fois que l’occasion se présente, mais sa voix, très louée, est peu écoutée.

Le pape a qualifié l’intelligence artificielle de « fascinante et terrible ». Outil de libération ou esclavage moderne et envahissant ?
«Les paroles du Pontife constituent une étape importante pour les professionnels et les non-experts. L’intelligence artificielle est un outil puissant, qui nécessite la croissance proportionnelle des capacités humaines telles que la réflexivité, la pensée critique, le discernement. Aujourd’hui, nous nous trouvons confrontés à une régression de l’intelligence humaine ; la démence numérique se développe au détriment des jeunes générations, les risques augmentent de façon exponentielle. Au G7, le Pape a indiqué un horizon dramatique : celui d’un « avenir sans espoir ». Partout où un espace de contrôle humain significatif n’est pas garanti et protégé, la dignité humaine elle-même périrait. Ce qui se passe dans la guerre en Palestine, avec le programme Lavender, en est un témoignage dramatique. Il est temps que la politique se réveille et recommence à agir avec une responsabilité éthique. »

La pauvreté augmente partout dans le monde. L’engagement des États est-il suffisant ?
«La paupérisation mondiale reflète l’inégalité croissante entre quelques riches et les masses des pauvres et l’instabilité de l’équilibre entre les économies nationales et supranationales. Les guerres ont fait échouer la conversation. L’Église catholique s’est toujours engagée dans la lutte contre la pauvreté, définie par le Pape comme « la honte de l’humanité ». On prétend depuis longtemps que l’engagement des États n’est pas suffisant pour lutter efficacement contre la pauvreté. »

La moitié des Italiens n’ont pas voté aux élections européennes. La démocratie sans démos est une contradiction. Qu’en penses-tu?
«La faible participation représente un signal inquiétant qui provoque une fois de plus la politique et les institutions démocratiques. Le pacte social a échoué et pour contrer cette tendance, un changement de rythme est nécessaire, rendant le processus décisionnel plus transparent et plus efficace. Les polarisations personnalistes de la politique actuelle trahissent souvent la confiance nécessaire entre les citoyens et leurs représentants. Ce qui se passe au Parlement n’est pas édifiant. L’attention portée à la vie publique, une réelle représentativité et la participation aux processus décisionnels sont des éléments essentiels au bon fonctionnement de la démocratie.

La CEI a pris position contre l’autonomie différenciée. Quels risques voyez-vous pour l’unité du pays ?
«Malgré les assurances faciles, une Italie à deux vitesses ou plus fera du mal à tout le monde. La cohésion sociale et le bien-être, déjà fragiles dans notre pays, risquent de déchirer encore plus profondément le tissu productif national. Le critère de définition du Lep (Niveaux essentiels de performance) et la relation entre Lep et Leg (Niveaux essentiels de gestion) ne semblent pas bien clarifiés. Les institutions doivent garantir l’unité et l’égalité des chances pour tous les citoyens, quel que soit leur lieu de naissance. La méritocratie, si au mieux elle peut inciter chacun à donner le meilleur de soi-même, en revanche, si elle est rendue absolue, peut creuser un abîme entre le « bon » et le « mauvais ». Je crains que le fossé entre le Nord et le Sud, déjà présent dans les formes d’autonomie précédentes, ne s’aggrave. »

Dans quelques jours, nous voterons à Bari pour le second tour. À quelles urgences le nouveau maire devra-t-il faire face selon vous ?
«Plutôt que d’urgences, je préfère parler de défis et de priorités. Depuis au moins trente ans, Bari connaît un parcours généralement vertueux, même si les problèmes tels que la petite délinquance et le crime organisé, le manque de services, le manque de travail, le faible taux d’éducation et d’abandon scolaire, la durabilité environnementale, continuent de couver. sous les cendres. Je crois que les banlieues sont un scénario dans lequel s’inspirer et s’éclairer pour l’avenir administratif à construire.”

À partir de quelles thématiques ?

«Les thèmes parmi lesquels le nouvel exécutif devra évoluer dans la nouvelle programmation ne peuvent ignorer une vision urbanistique claire et une attention envers les groupes les plus défavorisés. Des questions telles que la sécurité, le travail, le bien-être, le tourisme, la mobilité durable et l’éducation nécessitent des capacités d’écoute et un engagement concret dans la durée. Il est nécessaire que la politique suive toujours le chemin du bien commun, en mettant l’homme au centre non seulement de ses besoins matériels mais aussi de ce qui édifie le cœur. Il y a un besoin de spiritualité. »

Vous êtes à Bari depuis quelques années. Gang de bébés, crime, drogue. La région de Bari vous semble-t-elle une société « polluée et inquiétante » ?
«La pègre de Bari profite très souvent des mineurs, plus facilement endoctrinés et modelables, pêchant dans la fragilité économique des familles, mais aussi dans l’inconfort existentiel de certaines formes de bien-être. Le scandale des escortes de mineurs en est un exemple, tout comme celui de la malamovida. L’omniprésence de la culture mafieuse trouve en effet un large consensus dans un monde de jeunesse souvent livré à lui-même, qui trouve dans le mythe de la loi du plus fort et dans la logique du troupeau les repères dont il a désespérément besoin. . Dans ce cas également, nous sommes confrontés à une urgence éducative qui ne peut pas seulement s’appuyer sur des politiques répressives, mais nécessite l’implication autoritaire d’un monde adulte, trop absent et indifférent, qui sait reconstruire les espaces d’une socialité saine. Je crois que les jeunes recherchent cela : un sens, une direction et quelqu’un qui, en marchant avec eux, puisse leur indiquer un avenir possible. »

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